Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le report du second tour divise dans l’est-Var
Qualifiés pour le second tour, ils ne sont pas tous d’accord sur l’opportunité de « rejouer le match » à l’automne prochain ou en mars 2021
Officiellement, ils sont «sereins ». Pas « inquiets » du tout à l’idée de remettre en jeu, si nécessaire, leur qualification pour le second tour décrochée le 15 mars dernier. Au contraire : ils se disent tous « convaincus » que la crise du Covid-19 leur a fait « perdre des voix ». Et que, si d’aventure il fallait « rejouer le match », ils ne pourraient qu’améliorer leur score. Mais au-delà de ces postures, les avis des candidats roquebrunois et pugetois sont plus nuancés. Ils le savent, trois options sont sur la table : soit maintenir la seconde manche le 21 juin prochain, soit refaire une élection à deux tours à l’automne, soit « coupler » les municipales avec les départementales de mars 2021. Pour Jean Cayron, arrivé largement en tête au premier tour à Roquebrune (DVC, 40,69 %), il faudrait que le scrutin ait lieu «le plus rapidement possible. » « Pour la bonne gestion de la commune, précise-t-il, car l’équipe en place est en déliquescence. Mais aussi parce que je trouve aberrant de signifier aux électeurs qui se sont déplacés, le 15 mars, qu’ils ont pris des risques pour rien ! » Le candidat pointe le coût financier d’un report intégral : « Il faudrait refaire toute une campagne, réimprimer des tracts et des affiches, organiser des réunions publiques. C’est une charge très lourde. Qui va payer tout ça ? » Selon lui, il existe « des solutions » permettant d’organiser le second round en juin dans des conditions satisfaisantes. « Par exemple, ouvrir les bureaux de 7 heures à 21 heures pour diluer l’afflux de votants », suggère-t-il. Son principal challenger, Julien Luchini (DVD, 15,20 %), indique n’avoir « aucune préférence » .Il estime cependant qu’une élection à l’automne permettrait de « clarifier les choses » face à un candidat « soutenu par le parti gouvernemental (LREM). » « Si on repart de zéro, je solliciterai de nouveau l’investiture LR qui m’a été refusée à cause du sénateur Ginesta, grince le dauphin de JeanPaul
Ollivier. Et cette fois-ci, je pense bien l’obtenir ! » Le troisième qualifié roquebrunois, Ken Tisser (14,51 %), plaide aussi pour un report fin septembre. « Ça me permettra de continuer à me faire connaître, sourit le candidat sans étiquette. Beaucoup de gens m’ont dit : “La prochaine fois, on votera pour vous”. Eh bien, la prochaine élection, c’est dans cinq mois ! »
“Tout reprendre à zéro l’année prochaine”
Côté pugétois, Paul Boudoube (DVD, 28,79 %) se prononce pour un report des deux tours à l’automne. « En juin, avec les problèmes posés par la réouverture des classes, ça me semble pervers de prétendre faire campagne, grimace le maire. Il faut attendre que les électeurs n’aient plus peur d’aller voter ! » Une opinion partagée par Frank Giletti (RN, 25,50 %), « même s’il faudra tenir compte des surcoûts engendrés par le contexte. » Alain Barkate (SE, 14,41 %) va plus loin et vote pour une nouvelle élection au printemps 2021. « Parce qu’on ne peut pas savoir aujourd’hui, décrypte-t-il, s’il n’y aura pas une seconde vague de contamination en septembre. » Stéphane Morféa (SE, 23,21 %) juge également plus pertinent de « tout reprendre à zéro l’année prochaine. » L’agriculteur, frappé de plein fouet par les inondations de fin 2019 puis par la crise sanitaire, anticipe un été « très difficile pour tout le monde. À la rentrée, les gens n’auront pas la tête aux élections. » Pour autant, l’homme ne rejette pas l’idée d’un second tour en juin. « Comme ça, souffle-t-il, on en sera débarrassé ! »