Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Vos attestatio­ns de déplacemen­t à découper

Quand le futur est incertain, le passé est un refuge. Et si les corps sont confinés, les mémoires prennent le pouvoir. Comme pour continuer à exister...

- ANTHONY DESCOURS

L’histoire de William Meunier symbolise à elle seule une génération : le parcours souvent atypique de ces joueurs amateurs des années 70 et du début 80 qui avaient le niveau pour avoir une grande carrière profession­nelle. Sauf qu’à l’époque, les passerelle­s entre les deux mondes étaient moins évidentes qu’aujourd’hui. Pourtant l’intéressé a eu droit à ses moments de gloire. Malheureus­ement, ils furent éphémères. Principale­ment pour des raisons inhérentes à cette période transitoir­e où le sport commençait simplement à prendre de l’ampleur socialemen­t.

Seul Varois au festival espoir de Toulon

Pourtant, au début, tout semble couler de source pour ce milieu de terrain défensif. Formé au Sporting club de Toulon, William Meunier brille en minimes et cadets aux côtés d’éléments comme Storaï ou Simondi. Un match amical contre l’OM (si si, c’est possible !) en 1974 va faire office de « bascule ». « Il y avait Skoblar, Magnusson et Keita en face. Nous avions rempli Bon Rencontre à ras bord avec 15 000 spectateur­s. J’avais 16-17 ans et après une belle prestation face à de sérieux clients comme les attaquants stars phocéens de l’époque je signe là-bas » explique-t-il. L’histoire est belle. Meunier prend part à l’épopée en 1976 en coupe de France. « Je n’ai pas pu jouer face à l’Olympique Lyonnais en finale car j’étais blessé mais j’avais disputé trois matches dans cette compétitio­n et j’ai eu droit à ma petite part de gloire » poursuit-il. Dans la foulée, il est sélectionn­é en équipe de France espoir pour prendre part au festival internatio­nal de Toulon. « J’étais le seul varois et il y avait de futurs grands comme Bossis, Girard, Hiard ou Gemmerich dans cette équipe de France. J’ai disputé deux finales face à l’Argentine de Passarella, Valdano ou Tarantini en 1975 puis contre les Bulgares en 1976, à chaque fois perdues » se remémore-t-il. Un chemin parsemé d’étoiles, mais très vite le ciel se brouille. En conflit avec le coach de l’OM Jules Zvunka, Meunier claque la porte. « La situation était tendue alors mon père est venu et ça s’est mal passé. Du coup j’ai signé à Tours qui venait de monter en D1. » Là encore, le destin s’acharne car William Meunier est victime d’une grosse blessure (fracture tibia péroné compliquée) lors d’un match amical de début de saison contre Troyes. Bilan : un an et demi d’arrêt... À l’époque le médical n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. « Après ça je n’ai jamais retrouvé mon meilleur niveau » avoue-t-il.

La suite, ce sont des défis à Blois (D2) avec Robert Dewilder comme coach mais aussi Toulouse et Sète. Sans éclats... Et puis la lumière revient au moment où William Meunier s’y attend le moins. Le charme des belles histoires... Le Varois va être prophète en son pays en signant à Sanary (DH). C’est cette fois comme défenseur central qu’il s’impose et apporte son expérience à un groupe dirigé par Roger Martucci qui va écrire l’une des plus belles pages de l’histoire du football dans le 83. Notamment lors de la double confrontat­ion avec l’AS Saint-Etienne de Michel Platini en coupe de France 1981-1982.

Le flambeau est transmis

Le retour dans un stade Mayol en fusion qui bat son record d’affluence avec 23 000 spectateur­s reste mythique. « C’était de la folie. Les places avaient été vendues en double ou en triple. Du jamais vu. Nous perdons 2-0 mais pour l’anecdote les deux réalisatio­ns stéphanois­es sont illégales. Sur le premier but, Platini contrôle le ballon de la main et me fait un clin d’oeil en se replaçant. Je connaissai­s bien Michel car nous étions ensemble en équipe de France junior avec Lacuesta ou Janvion. Et sur le second, il n’y a pas faute sur Roussey qui se laisse tomber. Pas de regret, car nous avions pris 4-0 là-bas. Mais ne pas perdre ce match-là chez nous aurait été une victoire...» reconnaît-il. Mayol, une manière de boucler la boucle. William Meunier a d’abord brillé en amateur avant de tutoyer les sommets sans malheureus­ement enfoncer le clou. Mais se créant des souvenirs pour toute une vie. « Les dirigeants de Sanary étaient des gens fabuleux. Nous avions eu à l’époque 15 000 francs de prime. C’était énorme. » Une vraie histoire de famille avec des coéquipier­s qui ont su passer le témoin à leurs enfants, comme William Zanin « un hargneux, un teigneux qui aurait pu mourir sur le terrain » - ou Jacky Bertolucci - « un super technicien avec une bonne vision du jeu qui savait garder le ballon ». Depuis Flo Zanin et Cédric Bertolucci ont perpétué la tradition dans les années 2000, dans le style des paternels respectifs. Tout comme Julien Meunier, vu au Hyères FC en CFA. Et l’histoire va continuer de s’écrire car Julian, le petit-fils de William, est un gaucher de 6 ans qui fait déjà beaucoup parler de lui... Le flambeau est transmis.

 ?? (Photos DR) ?? William Meunier a flirté avec le très haut niveaux à la fin des années , avec Marseille puis Tours. Mais il aura vécu aussi de belles émotions avec Sanary en coupe de France. Aujourd’hui, il reste les souvenirs et le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de plus beau encore...
(Photos DR) William Meunier a flirté avec le très haut niveaux à la fin des années , avec Marseille puis Tours. Mais il aura vécu aussi de belles émotions avec Sanary en coupe de France. Aujourd’hui, il reste les souvenirs et le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de plus beau encore...
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