Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une Raphaëloise en poste aux urgences à Strasbourg
Interne en odontologie, Noémie Copelovici raconte son quotidien aux urgences dentaires de l’hôpital civil alsacien
Hautement déroutant mais sacrément formateur. Ce moment particulier dans l’Histoire laissera forcément des traces. Surtout pour le personnel médical, dans son ensemble, sans oublier les internes ou assistants. Comme Noémie Copelovici, élève interne en odontologie, en dernière année, spécialisée en orthodontie. Elle ne s’attendait pas à vivre une telle expérience quand, il y a deux ans et demi, cette Niçoise puis Raphaëloise « d’adoption » a choisi l’hôpital civil de Strasbourg pour ses trois ans de spécialisation. Elle apprend avec passion, depuis 2017, son futur métier au sein du service odontologique de l’hôpital. Jusqu’à ce que l’arrivée de la pandémie chamboule tout… « L’hôpital a pris des mesures dès le 8 mars, se souvient-elle. Tous les étudiants ont été renvoyés chez eux pour laisser la place aux internes et aux praticiens hospitaliers, notamment dans le service odontologique, afin qu’ils prennent en charge les urgences, des patients nécessitant un acte ou une prescription. Nous nous sommes mis en ordre de bataille rapidement. »
Une organisation méticuleuse et efficace
L’organisation, méticuleuse et efficace, est rendue possible « car il y a une très bonne cohésion au sein des équipes, c’est notre force », fait remarquer Noémie Copelovici, qui s’est fondue dans le moule rapidement. Dès le début du confinement, « les cabinets des dentistes libéraux ont été fermés en ville, donc on a eu un afflux important de patients ». Pour autant, à l’entrée du service odontologique de l’hôpital, comme à l’entrée des autres services, la prise en charge des arrivants est organisée avec méthode. « C’est ce qu’on appelle le “circuit patient”. Un par un, chacun attend son tour en respectant les gestes barrières. Une première personne met en place un questionnaire médical pour le patient : a-t-il été en contact avec des personnes atteintes du Covid-19, demande-t-on notamment. La prise de température est ensuite relevée. Si elle est importante, on isole le patient. Toutefois, la fièvre n’est pas forcément due au Covid-19 ; elle peut très bien être générée par une rage de dents, par exemple. Alors on essaie de rassurer le patient. Ensuite, dans un box isolé, après le processus habituel – lavage des mains, bains de bouche, etc. – on peut commencer le soin. Ceci afin de prendre un minimum de risque, à la fois pour les praticiens et les autres patients. » « Heureusement, admet-elle, que l’aile consacrée aux services d’urgences odontologiques est grande, afin d’isoler les patients dans les boxes, car l’équipement n’est pas toujours suffisant. Les surblouses ont parfois fait défaut. Toutefois, les conditions de travail sont acceptables, et comme le service est surtout composé de jeunes gens, on garde le moral et la pêche ! »
Des cas de Covid- parmi ses collègues
Cela faisait près de deux ans et demi que Noémie Copelovici et ses collègues co-internes n’avaient pas fait de soins de dentisterie classique. Il faut vite reprendre les réflexes… « C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, sourit-elle. De la simple rage de dents à l’extraction, il faut pouvoir tout faire. » Le stress est certes présent, tout comme « une certaine tension », forcément. Le bâtiment qui accueille tous les personnes atteintes du Covid-19 et les services de réanimation sont à moins de 500 mètres. La Raphaëloise a vu certains de ses collègues partir en arrêt maladie car testés positifs au virus. « On a perdu une partie de l’équipe. Fort heureusement, personne n’a développé de forme grave. Puis l’ordre des dentistes a organisé des gardes pour les libéraux, à tour de rôle, ainsi que des permanences téléphoniques, ce qui a contribué à nous soulager. »
Tension toujours palpable
Au final, en ce début de mois de mai, « la tension est toujours palpable. Elle peine à redescendre dans notre service. On pourra vraiment respirer quand les libéraux en ville pourront rouvrir. »En théorie dès le 11 mai, pour tous les soins graves ou pas, mais un peu plus tard, en pratique, quand les cabinets seront correctement équipés. En attendant, la Raphaëloise et ses collègues reçoivent toujours une centaine d’urgences par jour. Le risque de contamination, même moindre avec les extrêmes précautions prises, est toujours présent. « Le stress se dissipe au contact de mes collègues. On forme une belle équipe », conclut Noémie Copelovici, qui rêve désormais de s’installer en tant qu’orthodontiste à Saint-Raphaël.