Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Des raisons d’espérer »

Interrompu­e fin février, la saison indoor s’est arrêtée trop tôt pour le funambule grassois Benoît Bincaz, 4e du Mondial alors que le podium lui tendait les bras. Bilan et perspectiv­es...

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Six points, c’est tout ! Comme en 2018 et 2019, il ne lui a pas manqué grand chose pour gravir la petite marche du podium du championna­t du monde X-Trial. Bien que freiné par une blessure en début d’hiver, Benoît Bincaz, au guidon de sa Beta, semblait tout proche de dépasser in extremis Jeroni Fajardo. Mais c’était sans compter sur la déferlante Covid-19 qui provoquera l’annulation des deux dernières manches, empêchant le jeune porte-drapeau tricolore (24 ans) de rejoindre les intouchabl­es Toni Bou et Adam Raga sur la « boîte ». Et le contraigna­nt depuis à une longue séance de surplace loin du cocon familial grassois...

Benoît, où êtes-vous confiné ?

Depuis plus de cinquante jours maintenant, je suis en Ardèche. Comme on ne savait pas trop ce qui nous attendait, au début, j’ai choisi de m’installer chez un partenaire, le camping « Le Chamadou », à Balazuc. Cet établissem­ent, sans doute unique en France, possède un espace trial dans un parc naturel de plusieurs hectares. De quoi allier confinemen­t et entraîneme­nt, a priori. Sauf que la période initiale de deux semaines s’est allongée. Des consignes plus strictes sont entrées en vigueur. Prendre des risques, enfreindre les règles, très peu pour moi. Donc j’ai vite tiré un trait sur les roulages, mis la moto au garage. Question d’éthique...

Comment vivez-vous cette longue immobilisa­tion ?

Quand on a l’habitude de beaucoup bouger, forcément, ça fait bizarre. En temps normal, moi, je ne reste jamais deux semaines au même endroit. Je prends mon fourgon et je file m’entraîner où disputer une compétitio­n à droite, à gauche. Là, le manque de roulage commence à peser. On essaye de compenser avec l’entraîneme­nt physique. Fort heureuseme­nt, ici, le soleil est presque aussi généreux que sur la Côte d’Azur en ce moment. S’entretenir à l’extérieur, c’est plus agréable.

Vous ne faites pas du trial dans la cuisine, comme Sébastien Loeb ?

Ah non, je ne vais pas tout casser, je ne suis pas chez moi ! (Rires) Mais j’ai vu sa vidéo. Sympa ! Toni Bou en a aussi réalisé plusieurs assez spectacula­ires dans sa maison, en Andorre. Perso, je fais des petits clins d’oeil sur les réseaux sociaux qui suscitent pas mal de réactions. Notre discipline génère de l’inspiratio­n, de la créativité. Tant mieux.

De nombreux pilotes auto et moto se sont métamorpho­sés en « gamers ». Et vous ?

Pas du tout ! Je ne possède pas de console de jeu. Je n’en ai jamais eu, d’ailleurs. Petit, je devais être le seul gamin dans ce cas. Les simulation­s de sports mécaniques, même celle de trial, ça ne me branchait pas. Je préférais les activités en plein air. aussi. A Barcelone, bonne surprise, je me bats pour le podium, loupé de justesse (e). Et à Bilbao, dans une salle qui me sourit, j’enfonce le clou : e,commeen!

Peut-on dire que l’annulation des deux dernières manches vous empêche de figurer dans le top  final ?

Non, personne ne sait ce qu’il serait advenu si l’étape autrichien­ne et la finale andorranne avaient eu lieu comme prévu. Classement­s figés après Bilbao ! Donc, pour la troisième fois d’affilée, je termine le Mondial X-Trial au e rang. D’un côté, c’est un peu rageant parce que je montais en puissance. Elan brisé. De l’autre, relativiso­ns, ça donne des raisons d’espérer des lendemains meilleurs. En ... ou en .

Justement, quid de la saison outdoor à venir ?

Je pense qu’elle a du plomb dans l’aile, hélas. Les cinq premières manches (République Tchèque, Japon, Andorre, Italie et GrandeBret­agne) sont déjà annulées. Comme le retour en salle est fixé tôt (le  octobre), on ne se berce pas d’illusions pour cet été, d’autant que les « usines » se sont mises d’accord sur l’éventualit­é d’une saison blanche. Elles ne veulent pas d’un championna­t au rabais, avec seulement trois ou quatre week-ends.

Et le championna­t de France ?

Difficile de prédire quoi que ce soit. A minima, il faudrait au moins réussir à programmer trois manches comprenant chacune deux courses (*).

A  ans, l’ogre Toni Bou vient de coiffer sa couronne de champion du monde indoor. Vous le voyez prolonger son hégémonie encore longtemps ?

S’il tient la distance physiqueme­nt, sûr qu’il a encore quelques belles années devant lui. Adam Raga, son rival numéro , est d’ailleurs plus âgé ( ans). A chaque compétitio­n, j’ai l’impression qu’il progresse. Toni vient, Toni gagne, Toni s’en va. Cet hiver, il a fait carton plein. Cinq sur cinq ! Technique, expérience, moto : il possède la panoplie complète. Dans son regard, on voit qu’il ne doute jamais. En tant qu’adversaire, je ne devrais pas vous dire ceci. Un tel niveau, c’est quand même beau, impression­nant !

Dans son regard, on voit qu’il (Toni Bou) ne doute jamais ”

(*) Les deux premières manches du championna­t de France de trial, dont celle d’Auron (19 juillet), ne figurent plus au calendrier pour l’instant. Seules les deux suivantes sont maintenues, dont la finale varoise au Revest (1er novembre).

 ?? (Photos DR) ?? Après être monté en puissance dans les arènes couvertes de Barcelone et Bilbao, Benoît Bincaz a vu son élan coupé net. Et sa Beta devenir un outil de musculatio­n - pour le fun ! - durant le long surplace du confinemen­t.
(Photos DR) Après être monté en puissance dans les arènes couvertes de Barcelone et Bilbao, Benoît Bincaz a vu son élan coupé net. Et sa Beta devenir un outil de musculatio­n - pour le fun ! - durant le long surplace du confinemen­t.
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