Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Courir au-delà de son quartier, le plaisir retrouvé
Lundi matin, Patrick Denuit, mordu de course à pied, a fait sa première sortie « libre » depuis le 17 mars. Le sourire du Brignolais en disait long sur le bonheur de renouer avec la pratique
Le ciel avait beau être chargé lundi matin, arrosant par séquences le centre Var, Patrick Denuit ne pouvait se retenir. La levée des restrictions concernant la course à pied était le ticket d’un plaisir retrouvé. Oubliés le rayon d’un kilomètre autour de chez lui et l’heure maximale de sortie. « Oubliée aussi l’attestation à avoir, dont le côté psychologique est malgré tout pesant dans ces moments où je voulais m’aérer l’esprit ». Le Brignolais de 51 ans peut désormais être serein pour courir, « une drogue dont je ne peux passer depuis sept ans ».
Un circuit de km autour de son domicile
Direction le chemin de ceinture, en périphérie nord-brignolaise, pour les premières foulées de déconfinement. Un lieu prisé des amateurs de course à pied. Ils étaient d’ailleurs plusieurs à le parcourir aux premières heures du déconfinement. Patrick Denuit, lui, s’y s’entraîne régulièrement. En temps normal. « J’habite dans le lotissement de Grand dentelle, près de la petite école de Sant Sumian. Le chemin de ceinture était trop éloigné de chez moi ». Cette sortie était aussi l’occasion de casser la routine de ces huit dernières semaines, où il a fallu adapter la pratique. Pour Patrick Denuit, la méthode a rapidement été mise en place : « Je me suis dessiné un circuit de quatre kilomètres dans le rayon d’un kilomètre imposé par le gouvernement. À chaque sortie, je faisais cette boucle trois fois pour ne pas dépasser l’heure maximale. En général, j’allais courir cinq à six jours par semaine, comme en temps normal ». Une bonne partie de ce circuit personnalisé traversait la zone industrielle des Consacs. « Un cadre un peu moins glamour mais il fallait bien s’y faire...»
Ne pas céder aux envies, ignorer les réflexions
C’est naturel, répéter le même tracé au quotidien peut provoquer une lassitude et même des envies d’ailleurs. Comme la colline, pourtant toute proche et désertée, ou même prolonger un petit peu le circuit. « C’était difficile mais c’était la loi, il fallait se conduire en coureur responsable et ne pas se poser de questions », rappelle Patrick Denuit. Malgré sa conscience, le coureur a néanmoins vécu quelques moments désagréables : « Des gens m’ont fait des réflexions à plusieurs reprises, estimant par exemple que j’étais trop loin de chez moi. Parfois parce qu’ils me voyaient passer à plusieurs reprises près de chez eux. C’est bien dommage d’entendre ça, surtout quand on respecte les mesures ». Par ailleurs président des Free run, un des clubs locaux de course à pied, Patrick Denuit se « devait de montrer l’exemple. Avec cette fonction, on ne m’aurait pas raté si j’avais fait n’importe quoi ».
Retour aux séances collectives
La levée du confinement sonne également le retour des séances d’entraînement en groupe, pour le plus grand plaisir des Free Run. Une partie des adhérents avait rendez-vous dès lundi en fin de journée au chemin de ceinture pour une reprise tout en douceur : « Tout le monde n’a pas gardé le même rythme ces dernières semaines et il faut aussi penser avec les écarts de niveau. Nous allons y aller doucement pour les premières sorties de groupe. Le but reste de se faire plaisir », souligne le président. Malgré les distances à respecter entre chaque coureur lors d’une sortie, les retrouvailles s’annonçaient joyeuses : « Nous étions tous impatients de courir ensemble, de pouvoir partager notre passion. C’est frustrant d’être cantonné à l’effort solitaire du jour au lendemain ». Le club reprend sa fréquence habituelle de sortie collective, à savoir un entraînement chaque lundi, mercredi et vendredi. « Nous allons varier les lieux. J’aimerais pouvoir faire des séances dans la colline mais il faut voir si c’est possible », espère Patrick Denuit. Autre espoir pour le dirigeant, celui d’accueillir de nouveaux adhérents dans un futur proche au vu des nombreuses personnes qui se sont essayées à la course à pied durant le confinement : « La première fois où j’ai croisé un coureur que je n’ai jamais vu, je me suis dit qu’il fallait lui donner une carte de visite du club. Mais vu les circonstances, je me suis rétracté ».