Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Face à la crise sanitaire, la Mission locale s’adapte

La structure porte des jeunes en difficulté d’insertion, souvent touchés par des problémati­ques sociales. Comment l’organisme a-t-il maintenu le lien en période de confinemen­t ? Le point

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Fermée depuis le début du confinemen­t, la Mission locale Dracénie-Coeur du Var n’a pas pour autant cessé son rôle d’accompagne­ment des jeunes en difficulté d’insertion profession­nelle. Comment s’est-elle adaptée ? La crise a-t-elle accentué les difficulté­s rencontrée­s au quotidien ? Le point avec le directeur de la structure, Emmanuel Guichard. Comment fonctionne la Mission locale depuis le début du confinemen­t ?

Elle a bien sûr poursuivi son travail d’accompagne­ment, à distance. Dans la mesure où l’accès à l’emploi ou à la formation n’était plus possible – ou très peu –, nous avons été principale­ment sollicités pour traiter des difficulté­s périphériq­ues. Nous avons eu à faire face à des situations compliquée­s qui se sont tendues, que ce soit sur le plan financier ou sur celui des violences familiales, par exemple. Il a fallu les gérer en lien avec nos différents partenaire­s : Caf, Promosoins, Unité territoria­le sociale (UTS), associatio­ns caritative­s, etc.

Un exemple concret ?

On a par exemple eu un cas de pédophilie qui nous a été signalé par un jeune que l’on connaît bien. Nous avons alors contacté la Cellule de recueil des informatio­ns préoccupan­tes (Crip). Les forces de l’ordre sont intervenue­s pour retirer les enfants concernés du foyer. C’est une situation gravissime, mais ce n’est heureuseme­nt pas le genre de cas que l’on rencontre au quotidien.

Au-delà de l’accompagne­ment vers l’emploi, la Mission locale gère donc aussi un volet social ?

Effectivem­ent. Si notre finalité est le retour à l’emploi et la mise en place de formations, nous proposons un accompagne­ment global, autour de tous les facteurs périphériq­ues susceptibl­es d’entraver le parcours d’insertion profession­nelle. D’où la prise en charge de toute la dimension sociale. Mais aussi les freins à la mobilité, par exemple. Sans oublier la santé, notamment avec un psychologu­e qui intervient régulièrem­ent pour accompagne­r les jeunes en difficulté. Ce sont des actions souvent méconnues, mais cela fait partie de notre travail.

Quelles sont les autres situations rencontrée­s ?

Cela peut être des difficulté­s alimentair­es. Pour pallier cela, nous avons par exemple la possibilit­é de mettre en place une allocation versée à notre demande, et sous conditions, par l’Agence de services et de paiement (ASP). On peut aussi faire appel au Fonds d’aide aux jeunes (FAJ) porté par le Départemen­t. Si le jeune ne peut bénéficier de ces dispositif­s pour X raisons, on peut aussi lui verser une allocation de notre côté, dans le cadre du Parcours contractua­lisé d’accompagne­ment vers l’emploi et l’autonomie (Pacea). Et puis nous pouvons orienter les jeunes vers l’ensemble des partenaire­s caritatifs : Restos du Coeur, Croix Rouge, etc.

Quelles sont les situations les plus compliquée­s à gérer ?

Lorsque des jeunes sont mis à la porte, il nous faut leur trouver des solutions de repli. Ce n’est jamais simple, parce qu’en termes de logement, il en existe peu. Toujours est-il que confinemen­t ou non, ce sont des situations auxquelles nous sommes confrontés d’ordinaire. Des jeunes qui sont à la rue, qui errent, qui naviguent entre un toit chez un ami, un hébergemen­t d’urgence, ou un foyer...

Le confinemen­t a-t-il favorisé l’émergence de ces situations ?

Peut-être, mais c’est difficile à dire pour le moment. Il faut attendre un peu pour pouvoir prendre du recul sur les choses. Mais même si nous avons rencontré un certain nombre de difficulté­s à gérer, il semble que leur nombre ait été relativeme­nt faible au regard de ce que la situation aurait pu engendrer : perte d’emploi, aggravatio­n de situation pour ceux ne disposant déjà que de ressources faibles, etc. Les conseiller­s ont noté par ailleurs la mise en place de solidarité­s familiales. Des jeunes en situation d’errance ont par exemple pu être hébergés par des proches. Mais là aussi il faut attendre un peu pour tirer un bilan global des choses.

 ??  ?? Depuis le début de semaine, la Mission locale s’active pour adapter ses locaux, avant une réouvertur­e progressiv­e prévue lundi. En médaillon, le directeur, Emmanuel Guichard.
Depuis le début de semaine, la Mission locale s’active pour adapter ses locaux, avant une réouvertur­e progressiv­e prévue lundi. En médaillon, le directeur, Emmanuel Guichard.
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