Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Soupçonné de l’assassinat de sa femme et jugé pour violences conjugales

- G. D.

A part son avocat, Me Franck Cavel, et le juge d’instructio­n en charge de son dossier criminel pour l’assassinat de son épouse Dalila le 6 avril 2019 à Vidauban, plus personne n’avait vu Anthony Guillon depuis son arrestatio­n deux jours plus tard 2019 aux Arcs. Jusqu’à la comparutio­n de cet infirmier de 52 ans, hier, devant le tribunal correction­nel de Draguignan. Cela, en visioconfé­rence depuis la prison où il est en détention provisoire. Le tribunal devait statuer à juge unique sur deux épisodes de violences conjugales, qui s’étaient produits sur son épouse les 16 et 26 mars 2019. Soit deux à trois semaines avant qu’Anthony Guillon n’ouvre le feu à sept reprises sur sa femme, avec un pistolet 9 mm.

Violences contestées

Des violences qui avaient entraîné des incapacité­s d’un ou deux jours. Pour Anthony Guillon, qui contestait les avoir commises, les deux plaintes successive­s de son épouse traduisaie­nt un climat de disputes fréquentes dans le couple, qui avait abouti au crime du 6 avril, « une sorte de paroxysme de la colère ». Selon lui, Dalila « me harcelait chaque soir pour des bêtises ». Il a contesté les deux gifles que lui reprochait son épouse le 16 mars : « Je ne sais même pas de quoi elle parle. » Contesté aussi lui avoir porté un coup de poing au visage le 26 mars : « Si je l’avais frappée, elle aurait eu une ecchymose énorme. »

Audience houleuse

La présidente lui a fait observer qu’il se trouvait en état de récidive légale, en raison d’une condamnati­on inscrite à son casier judiciaire, pour des violences commises sur une précédente épouse. Au cours des débats, Anthony Guillon a vivement réagi contre toute allusion au crime perpétré onze jours plus tard : « Je passe devant le tribunal correction­nel ou la cour d’assises ?... C’est une honte… » À tel point que la présidente a dû l’avertir qu’il se trouvait à la limite de l’outrage, et demander à la greffière de noter ses écarts de langage. Pour le procureur, les violences conjugales étaient caractéris­ées par les traces qui avaient été médicaleme­nt constatées sur Dalila. Il a requis deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt. « On n’a de cesse de vouloir éclairer les faits que l’on juge aujourd’hui à la lumière du drame qui s’est produit ensuite, s’est insurgé Me Cavel. C’est la manière dont il a été exclu de chez lui qui explique la suite. » Pour lui, les violences du 16 mars 2019 n’étaient que des allégation­s de l’épouse. « Selon elle, sa fille de 13 ans en a été témoin, mais elle n’a jamais été entendue. Elle a refusé que les gendarmes la prennent en photo, le médecin n’a constaté aucune lésion sur le visage, et elle n’a pas été au rendez-vous que lui avait fixé le médecin légiste le 25 mars, pour voir si des ecchymoses étaient apparues plus tard. »

Son avocat plaide le doute

S’agissant des violences du 26 mars, Me Cavel a lu le procèsverb­al des gendarmes : « Nous ne constatons aucune rougeur ou ecchymose sur la joue que nous désigne la victime. » Le surlendema­in cependant, le médecin légiste avait noté sur cette même joue une tuméfactio­n. Dans la foulée, Anthony Guillon avait été placé sous contrôle judiciaire, avec interdicti­on de reparaître au domicile conjugal. « Moi j’ai de grands doutes, et je demande la relaxe. » Le tribunal se prononcera le 19 juin.

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(Photo Philippe Arnassan) Le tribunal correction­nel rendra sa décision le  juin prochain.

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