Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Réouvertur­e : ça gamberge sur les rives du lac de Saint-Cassien

Si la tendance est au déconfinem­ent, le plan d’eau du Pays de Fayence est toujours interdit au public. À l’approche de la saison estivale, les prestatair­es alentour demeurent dans l’expectativ­e

- MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

Ils sont dans la tourmente. À quelques jours du début de la saison estivale, des profession­nels du tourisme du Pays de Fayence tirent la sonnette d’alarme. En cause, l’incertitud­e qui règne autour de la décision de rouvrir l’accès aux berges du lac de SaintCassi­en, pour l’heure interdit. Inquiétude à laquelle vient s’ajouter celle d’une éventuelle fermeture prolongée qui entraînera­it des conséquenc­es lourdes sur la saison, pour nombre d’entre eux. À commencer par Marie-Hélène Simon

propriétai­re de l’appart’hôtel du Champ d’Eysson à Montauroux. Laquelle entend se faire le portevoix de tous les prestatair­es qui ceinturent le plan d’eau. Aux côtés de son mari et de son fils, elle est à la tête d’une résidence touristiqu­e classée 3 étoiles de 108 lits – « la première construite en Pays de Fayence », revendique-t-elle.

Un avenir flou

Comme pour toutes les structures de ce type, le confinemen­t a contraint le Champ d’Eysson à stopper son activité. Et à s’adapter. « Nous avons vite pris le taureau par les cornes, notamment en contractan­t un prêt garanti par l’État. Mon fils et les femmes de ménage ont été mis au chômage partiel, on a reçu des indemnités ici et là. On s’est débrouillé tant bien que mal pour limiter la casse... » De quoi assurer un maigre matelas de sécurité. « Grâce à cela, on peut tenir le coup trois à quatre mois, d’autant qu’on a un peu de trésorerie de côté. Pour le moment, ça va. » Oui mais voilà, l’avenir est flou. « On ne sait toujours pas à quelle sauce nous allons être mangés... s’inquiète-t-elle. Cela bien que nous ayons reçu une autorisati­on partielle d’ouverture, et que l’on devrait être prêt d’ici une semaine pour accueillir nos clients, le temps de mettre en place les mesures sanitaires adéquates. » Car si l’interdicti­on d’accès au lac devait durer dans le temps, les réservatio­ns de nuitées seraient forcément en berne. Et c’est bien là que le bât blesse. « Pour exemple, ces jours-ci, nous avons été contactés par la Fédération française d’aviron qui s’entraîne régulièrem­ent sur le lac. Mais je ne pouvais pas leur confirmer qu’il serait praticable... Tous nos clients nous posent évidemment la même question avant de réserver leur séjour. Ils viennent ici pour cet atout touristiqu­e majeur de notre territoire. Sans lui, notre saison va être très compliquée... » Marie-Hélène n’est pas rassurée. D’autant plus que les maires des principale­s communes qui bordent le lac, à savoir Montauroux et Tanneron, appellent à la prudence, estimant qu’il faut prendre le temps d’observer la façon dont la situation sanitaire va évoluer (lire ci-dessous).

Quid de la santé des commerces ?

Mais au-delà de son propre cas, Marie-Hélène alerte sur les conséquenc­es globales d’une fermeture prolongée : « Il faut comprendre que le lac engendre des retombées économique­s sur tout le Pays de Fayence. Sur les commerces, la restaurati­on, les taxis, les stations essence... Ce serait un coup dur. On a le sentiment que personne ne se préoccupe de la santé des commerçant­s du Pays de Fayence... Aucune décision n’est prise, on est dans l’expectativ­e. » Même son de cloche du côté de Chritine Rinamy, gérante du Pré Claou à Montauroux. « Pour ma part, j’ai une activité de restaurati­on et de location de transats, pédalos, paddles... » Et, là encore, c’est l’incertitud­e qui domine. « Nous sommes dans le grand flou... Pour ma part, si le lac venait à ne pas rouvrir, je suis avant tout inquiète pour les 9 salariés que j’embauche et qui comptent sur moi. Sans parler du choc économique que cela engendrera­it sur l’ensemble du territoire. » L’attente est d’autant plus compliquée pour elle, avec un chalet en bois monté et démonté à chaque saison : « Il me faut au moins 15 jours pour installer ma structure. Je compte démarrer la semaine prochaine, j’espère que ce ne sera pas pour rien... » Et de s’interroger sur un autre point. « Si mon restaurant est autorisé à rouvrir le 2 juin mais que le lac reste fermé, pour le coup, je ne vois pas trop à quoi cela servirait d’ouvrir... Bref, on ne comprend pas grand-chose à toutes ces mesures. » 1. Marie-Hélène Simon est également membre du conseil d’administra­tion de l’office de tourisme intercommu­nal et conseillèr­e municipale sortante.

 ?? (Photo Sophie Louvet) ?? Le lac de Saint-Cassien et ses multiples activités, est un atout vital pour le Pays de Fayence. Marie-Hélène Simon (à droite), Antonina Di Marco, et Damien Cottarel, profession­nels du tourisme, s’inquiètent légitimeme­nt pour la saison à venir.
(Photo Sophie Louvet) Le lac de Saint-Cassien et ses multiples activités, est un atout vital pour le Pays de Fayence. Marie-Hélène Simon (à droite), Antonina Di Marco, et Damien Cottarel, profession­nels du tourisme, s’inquiètent légitimeme­nt pour la saison à venir.
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