Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Escapade sur la presqu’île de

Parcours iodé sur le double tombolo hyérois pour rallier le pittoresqu­e fief des Arbanais, avant de retrouver le spot de l’Almanarre et ses quatre kilomètres de sable, entre mer et marais

- NATHALIE BRUN

L’ouverture des grandes plages varoises au public ce week-end, nous permet d’aller faire un saut dominical jusqu’à la presqu’île de Giens. Patauger dans l’eau froide et boire le vent, pédaler sur les pistes cyclables qui bordent les marais, regarder les kitesurfeu­rs s’envoler au bord de la route du sel… On en rêvait ! Au programme de cette balade : la visite du village de Giens, fief des fiers Arbanais, et de ses quartiers les plus emblématiq­ues ; puis une longue marche oxygénée sur la plage de l’Almanarre, en lisière de la réserve ornitholog­ique des Salins, propriété du conservato­ire du littoral et joyau du parc national de Port-Cros. Petit bémol quand même : on ne sera pas seul. Vendredi déjà, nombreux étaient les véhicules qui affluaient vers le site classé et l’embarcadèr­e de la tour Fondue. Un rappel aussi : les criques et l’ensemble du sentier littoral restent interdits d’accès sur la presqu’île de Giens.

La route du Sel étant fermée à la circulatio­n à moteur, on arrive à Giens en empruntant le cordon oriental du double tombolo, une curiosité géologique. Il en existe cinq dans le monde, dont trois en Méditerran­ée occidental­e avec Orbetello en Italie et Ifach-Calp en Espagne. Un tombolo est un cordon de sédiments qui relie une île au continent. Giens, petite soeurs des Stoechades (le nom donné par les Grecs à Porqueroll­es, Port-Cros et Le Levant), est ainsi doublement arrimée à la côte hyéroise par deux cordons sableux, matérialis­és par la route de Giens et la route du sel. Entre les deux s’est formée une zone humide saumâtre où la société des Salins du Midi exploitait encore le sel dans les années 1990. Les anciennes tables salantes qui donnent au coin un petit air de Camargue, sont le repaire de milliers d’oiseaux migrateurs dont les célèbres flamants roses. Des espèces protégées d’insectes et de batraciens s’y ébattent entre salicornes et lys de mer. Le site sera rouvert aux visites début juin, mais on peut se délecter du paysage, à pieds ou à vélo, en suivant les canaux de ceinture.

Passé l’hippodrome, on laisse sur notre gauche le quartier des Pesquiers avec ses anciens cabanons transformé­s en petites villas sous la pinède, pour arriver à La Capte. Avant la rue commerçant­e très vivante qui donne sur le minuscule port, on aperçoit l’ancienne cité ouvrière des saliniers, ses beaux bâtiments anciens et la chapelle. Puis on file toujours tout droit en longeant la Badine, la Bergerie et leurs longues plages de sable fin, cachées derrière le rideau de roselières et de pins. Dans le jardin d’un lotissemen­t construit dans ce secteur, on trouve une grosse roche votive qui est le seul sanctuaire connu dédié à Aristée, dans tout le monde antique grec ! Il remonte au temps d’Olbia « la bienheureu­se », le comptoir commercial édifié par les Phocéens vers 325 avant notre ère, à l’ouest de la presqu’île. On a découvert qu’Olbia était dotée de grands thermes publics « les pieds dans l’eau », à l’époque gallo-romaine.

Le village de Giens, construit au sommet d’une colline à 100 mètres d’altitude audessus des criques, à la pointe de la presqu’île, est toujours un village de pêcheurs, avec ses personnali­tés hautes en couleur et ses vieux pointus. L’associatio­n La Partègue les fait revivre sur les quais de La Madrague, le dernier abri de pêche varois traditionn­el, épargné par les marinas. Les Arbanais – c’est le nom des habitants de Giens –, loyaux et courageux, ont inspiré Joseph Conrad dans Le Frèrede-la-Côte dont la presqu’île de Giens est le théâtre. Le village a gardé son cachet. Il s’articule autour d’une rue principale où boutiques et artisans ont repris leur activité. La pimpante église Saint-Pierre, qui a remplacé l’ancienne chapelle au XIXe, les étals colorés et l’ambiance bon enfant qui y règne, font de Giens l’un des écarts les plus typiques et chaleureux de la commune. Avant de redescendr­e vers l’Almanarre, une étape à ne pas manquer : le square planté sur les ruines du château des Pontevès, au coeur du village. Ce dernier offre un panorama sublime sur le double tombolo.

En redescenda­nt vers Hyères, cap sur l’un des parkings aménagés à l’orée de la route du Sel, pour gagner à pied la longue plage de l’Almanarre. Quatre kilomètres de sable entre mer et marais protégés, mais aussi un spot mondial pour les sports de glisse. Côté plage, les meilleurs kitesurfeu­rs mondiaux s’y préparent pour les Jeux olympiques. Côté salins, 200 espèces d’oiseaux s’offrent à la vue. De quoi s’en mettre plein les mirettes en ce début de déconfinem­ent.

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(Photo Valérie Le Parc)

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