Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Bloqués au Maroc depuis 3 mois
Ils s’appellent Suzanne, Béatrice ou Redouane. Ces Varois ou Azuréens, partis pour des vacances de rêve ou pour raisons familiales, ont été pris au piège de la fermeture des frontières. Témoignages
Les filles de Suzanne appellent à l’aide
« On ne sait plus quoi faire, à qui s’adresser, vers qui se tourner. » Sabrina et Kelly Sauce sont folles d’inquiétude pour leur maman, Suzanne Beausoleil. Cette habitante du Cannet, dans les Alpes-Maritimes, âgée de 55 ans, est partie en vacances pour une semaine à Fès, au Maroc, le 13 mars dernier, en compagnie de son conjoint. Bloquée là-bas en pleine crise sanitaire mondiale, elle tente par tous les moyens de rentrer en France depuis plus de deux mois. « Elle a tout essayé. Aller à l’aéroport directement, contacter l’ambassade de France, les consulats de Casablanca et Fès… »
« Si elle perd son emploi ce sera catastrophique »
La situation, difficile à vivre, a pris un tournant dramatique le mois dernier. « Mon grand-père est décédé le 12 avril. J’ai dû lui annoncer la mort de son père par téléphone. Elle s’est effondrée. » La mère de famille, confinée à plus de 2 000 kilomètres, n’a pas pu assister aux obsèques. Un crèvecoeur auquel s’ajoutent de nombreuses autres difficultés. Agent administratif dans une station essence, Suzanne se retrouve aujourd’hui en chômage partiel. Et si son employeur se montre compréhensif, elle doit malgré tout reprendre son poste fin mai au plus tard. « Mais le confinement a été prolongé au Maroc jusqu’au 10 juin », se désole Sabrina.
La situation financière de sa maman se dégrade rapidement : « Elle doit se loger au Maroc et continuer de payer son loyer ici. Si elle perd en plus son emploi, ce sera catastrophique. Elle a aussi des frais bancaires dès qu’elle retire de l’argent, doit payer ses médicaments plus cher qu’en France… »
« Psychologiquement elle est à bout »
Sabrina et sa soeur, Kelly, multiplient les démarches pour lui venir en aide. « Elle n’a même pas d’imprimante, on l’aide comme on peut mais, à distance, c’est vraiment très difficile. Psychologiquement, elle est à bout. On l’a au téléphone tous les jours, mais on a peur pour elle.
C’est la période de ramadan, elle est confinée et isolée. » Pour tenter de faire bouger les choses, les deux soeurs ont écrit à la députée des Alpes-Maritimes Michèle Tabarot. « Elle nous a indiqué qu’elle avait fait remonter l’information. » Mince lueur d’espoir… « Malgré l’attestation de son employeur, malgré le certificat de décès de son père, elle n’a pas pu rentrer. C’est inadmissible et honteux ! » Leur voeu le plus cher : pouvoir serrer leur maman dans leurs bras pour la fête des mères le 9 juin prochain. « On devait aussi fêter son anniversaire. On a tellement hâte de la retrouver… »