Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Enfermés dehors

- L’ÉDITO de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Cette crise sanitaire majeure est aussi pour nous, Français, une grande leçon d’humilité. Toute grande puissance que nous sommes, nous ne pouvons strictemen­t rien pour nos ressortiss­ants coincés à l’extérieur de nos frontières depuis deux mois.

On pensait pouvoir compter sur le ministre des Affaires étrangères pour tous les rapatrier fissa. Fin mars, il nous rassurait quand il évaluait à   le nombre de nos ressortiss­ants enfermés dehors. Pour des dizaines de milliers d’autres, une solution avait déjà été trouvée. « Ce sont les derniers mètres qui sont toujours les plus difficiles parce que ce sont des situations particuliè­res ». La fin semblait proche. Ce n’était que le début. Les semaines suivantes,   voyageurs sont rapatriés, par la mer, par les airs. Le Quai d’Orsay évoque fin avril des vols balais. Il aurait mieux valu de gros aspirateur­s. En mai,   personnes supplément­aires rentrent au pays, la plupart à leurs frais. Ceux qui restent coincés à l’extérieur n’ont toujours pas de billet mais une invitation, lancée par le ministre en personne : respecter une quatorzain­e sanitaire, le jour où ils remettront un pied sur notre sol.

Ils sont en fait des dizaines de milliers à chercher, désespérém­ent, le chemin du retour. Un grand nombre d’entre eux, tanqués juste derrière la Méditerran­ée. La proximité géographiq­ue avec la France est un leurre. Le site de l’ambassade de France au Maroc le reconnaît bien volontiers : « Cette situation n’est pas normale », mais Paris n’a pas voix au chapitre. Il faut quémander, comme à d’autres pays, des autorisati­ons exceptionn­elles de vol. Le royaume chérifien est peu enclin à libérer l’espace aérien. C’est en réduisant les déplacemen­ts au maximum, qu’il a limités à , le nombre de décès du Covid-. L’état d’urgence sanitaire dure jusqu’au  juin. Et il faudra ensuite des semaines, le temps d’évacuer les touristes du monde entier, avant un retour à la normale. Qui sont les fautifs ? Il n’y en a pas forcément sous la main, tant les circonstan­ces sont exceptionn­elles. Mais on peut croire les témoignage­s en direct de tous ces pays de cocagne où il fait si bon tout oublier : leur détresse est bien réelle, et leur sort bien cruel, même à l’ombre des palmiers et des cocotiers du paradis.

Des dizaines de milliers à chercher désespérém­ent le chemin du retour

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