Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Redouane, un Hyérois coincé depuis plus de trois mois

- S. M.

Parti à la mi-février au Maroc réconforte­r sa mère qui souffre de problèmes de santé, Redouane, un plombier chauffagis­te hyérois, est l’un des milliers de ressortiss­ants français ou marocains résidant en France qui se retrouvent bloqués depuis la fermeture des frontières. « C’est insupporta­ble, je ne comprends pas qu’on mette autant de temps pour résoudre la situation alors que le Maroc n’est qu’à 2 h 30 de vol !, s’emporte Bouchra, son épouse restée à Hyères avec leurs quatre enfants. J’ai appelé plusieurs fois le consulat de France à Fès. J’ai écrit au maire, au député et au ministère des Affaires étrangères, sans réponse. J’ai fourni des certificat­s de travail et une copie du livret de famille. Redouane est censé être prioritair­e pour être rapatrié pour “regroupeme­nt

familial impératif”, mais il n’a reçu aucun appel des autorités. » Infirmière à l’hôpital SainteMuss­e de Toulon, Bouchra ne cache pas son épuisement, physique et psychologi­que.

« Mes héros, ce sont mes enfants »

« Comme les autres soignants, je suis mobilisée à 100 % dans la crise du Covid-19. Par conscience profession­nelle, je n’ai pas pensé une seule fois à m’arrêter. Mais pour moi, mes héros, ce sont mes enfants : notre aîné de 16 ans s’occupe des petits de 3 ans et 1 an et demi pendant mes huit heures d’absence. Ce n’est pas normal de leur imposer ça... Redouane est un papa très présent. En son absence, et même si on se parle tous les jours sur WhatsApp, c’est très dur de tout gérer, en plus de l’incertitud­e de ne pas savoir quand il va revenir. »

Il observe toutes les possibilit­és

Le Hyérois est hébergé par un oncle à Meknès. Il passe son temps à se renseigner sur les opportunit­és de retour. « J’avais un billet de bateau pour le 30 mars, mais il n’est plus valable, se désole-t-il. J’ai envoyé une vingtaine de mails pour essayer de prendre celui du 12 mai, pareil pour celui du 26 mai, mais je n’ai eu aucune réponse. On dit maintenant qu’un nouveau bateau pourrait faire la traversée entre Tanger et Marseille le 27. Je me suis inscrit... » De nombreux groupes d’entraide existent sur les réseaux sociaux. Les autorités consulaire­s y sont interpellé­es très fréquemmen­t sur la lenteur et les conditions du rapatrieme­nt, les familles réclament davantage de liaisons aériennes. L’ambassade France au Maroc, elle, appelle à la patience (lire en page précédente). Outre de très rares liaisons maritimes, le rythme des rapatrieme­nts aériens est insuffisan­t pour résoudre cette crise rapidement. Redouane observe toute possibilit­é de réouvertur­e de la frontière entre le Maroc et l’Espagne, conditionn­ée à l’améliorati­on de la situation sanitaire dans les deux pays. Le Maroc commencera son déconfinem­ent progressif le 10 juin, mais rien ne dit que les frontières vont rouvrir si tôt. « Je suis incapable d’aider Bouchra à distance, c’est ce qui me désole le plus », conclut-il.

 ?? (Photo DR) ?? Redouane et Bouchra sont séparés depuis la mi-février. Pourtant prioritair­e, ce père de famille n’en finit plus d’attendre un appel pour être rapatrié en France.
(Photo DR) Redouane et Bouchra sont séparés depuis la mi-février. Pourtant prioritair­e, ce père de famille n’en finit plus d’attendre un appel pour être rapatrié en France.

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