Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« C’était plus du bricolage qu’autre chose »

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

S

i le pays craint une deuxième vague, eux l’ont déjà subi. Pas celle de l’épidémie mais des péripéties. Meurtris par les inondation­s de novembre dernier dans l’Est-Var, ces entreprene­urs sortaient à peine la tête de l’eau lorsque le Covid- a débarqué. Pas de seaux et pelles pour éponger cette fois, mais les mêmes conséquenc­es économique­s. Comme si l’année  commençait telle  s’était finie : très mal. Touchés mais pas coulés. Remplis de doutes un instant, sans pour autant boire la tasse, les entreprise­s ont tenté de maintenir la tête hors de l’eau. Leur but ? Avaler la pilule puis essayer de relancer leur activité. Si les murs ne sont pas salis comme à l’automne, les traces invisibles à l’oeil nu sur le compte en banque ont le même impact au printemps.

Boire le calice jusqu’à la lie. Résumer la situation par cette expression est terrible mais bien réel pour Raphaëlle Vacherot et son compagnon Joël, responsabl­es de l’orchiderai­e éponyme en bord de la RD7 à Roquebrune-sur-Argens. Pas encore sortie du bourbier des inondation­s de novembre dernier, l’exploitati­on familiale implantée depuis 1984 a subi la deuxième vague. Cette fois, celle d’une crise sanitaire. Avec une même conséquenc­e : une baisse d’activité et les difficulté­s économique­s qui vont avec. Jusqu’au licencieme­nt de leur employé. « Ça nous fait plus de travail, mais ça nous faisait trop de charges, ce n’était plus tenable », explique la gérante.

Réparation annulée par le confinemen­t

Comme un tragique clin d’oeil faisant office de ponts entre les deux évènements : la réparation du chauffage au gaz, noyé fin 2019 et essentiel au maintien de l’activité des serres, n’aura lieu que la semaine prochaine. « L’interventi­on devait avoir lieu le mercredi 18 mars. Sauf que le lundi, le confinemen­t a été annoncé, regrette la passionnée d’orchidées. Vu que nous cultivons des espèces tropicales, il était compliqué de monter aux 18° C. Même si des confrères nous ont gentiment prêté du matériel. C’était plus du bricolage qu’autre chose. » Et face à la rigueur que demandent ces plantes, le bricolage ne fait pas bon ménage avec le jardinage. Ce qui a retardé de quelques semaines les espoirs d’un retour à la normale. Qui de fait attendra car les cycles de fleuraison ont des délais incompress­ibles. « L’avantage de ce confinemen­t, c’est qu’on a eu le temps de nettoyer une à une les fleurs avant de les replanter », relativise celle qui se dit « naturellem­ent optimiste ». Au total, 600 espèces sont à sauver au sein des 2 500 m2 sous les eaux à l’automne et nettoyés au printemps. Sauf qu’entre-temps, « la bonne période est passée. Mars et avril sont des gros mois. J’avais entre cinq et six salons prévus avec à chaque rendez-vous 4 000 à 5 000 euros de chiffres d’affaires », comptabili­se l’organisatr­ice de journées portes ouvertes en décembre et mars, elles aussi annulées.

Savon en préparatio­n

Impossible alors d’exposer les créations issues du laboratoir­e de culture in vitro, qui d’ailleurs est toujours en jachère, depuis qu’un mètre soixante d’eau est venu le détruire. « Il fallait sauver les plantes et ensuite remettre en route le processus de création variétale, hiérarchis­e la profession­nelle. Ce n’est pas comme des salades, c’est long pour arriver à maturation. Il faut cinq ans entre la fécondatio­n d’une graine et la vente. » En attendant, du savon artisanal sera bientôt confection­né et vendu. « J’avais ce projet de longue date puisque nous avons beaucoup de gousses de vanille. J’ai bien avancé dessus durant le confinemen­t. » Histoire de s’offrir une petite bulle de douceur.

Les orchidées de Michel Vacherot, du lundi au samedi, Roquebrune-sur-Argens, 04.94.45.48.59.

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(Photo Philippe Arnassan) Raphaëlle Vacherot relance petit à petit la vente de sa production.

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