Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Primes Covid : la colère des soignants s’amplifie
Refusant « la division des agents et une prime à deux vitesses », les syndicats FO, CGT et CFDT de Toulon s’unissent pour demander au ministre de la Santé l’abandon d’un projet de quota
Les blouses blanches voient rouge. La colère qui gronde contre l’octroi d’une prime aux soignants à géométrie variable – 500 ou 1 500 euros selon les établissements de santé – ne cesse de grossir au fil des jours chez les hospitaliers. Tous sont vent debout contre une « prime à deux vitesses et qui divisent les catégories de personnels .» Un projet d’instauration d’un quota sur les agents destinataires de la prime Covid au montant maximum a renforcé, ce mercredi, le vent d’indignation. Celui qui souffle par rafale dans les rangs des hospitaliers dénonçant un système de santé à la dérive, mettant à mal les conditions de travail et la reconnaissance du personnel. À cinq jours du « Ségur de la Santé », à la table ministérielle, autour des partenaires sociaux et des collectifs hospitaliers sur fond d’appel à la grève illimitée et de rassemblements (lire par ailleurs), la colère ne s’apaise pas dans les rangs des blouses blanches.
« Irréaliste et injuste »
Au centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne, (CHITS), dans une lettre commune – une première dans l’histoire syndicale de l’établissement –, les représentants des syndicats Force Ouvrière, CGT et CFDT, demandent au ministre de la Santé Olivier Véran « d’abandonner le projet d’une instruction ministérielle ». Celui-ci « limiterait à 40 % des effectifs des établissements la possibilité des directeurs de relever le montant de la prime exceptionnelle à 1 500 euros ». Cette possibilité est prévue à l’article 8 du décret du 14 mai. Trois établissements varois figurent sur cette liste (le CHITS, Fréjus-Saint-Raphaël et Brignoles). Ce qui est vécu, dans les autres établissements sur le front du Covid-19, comme une flagrante inégalité de traitement d’un établissement à l’autre, d’un département à l’autre. « Si ce projet de quota aboutissait, cela nous paraît irréalisable et injuste, au regard de la mobilisation exceptionnelle et de la très forte implication de tous durant cette crise sanitaire sans précédent », alertent Jean-Eric Lodevic, secrétaire général du syndicat majoritaire Force Ouvrière, Manon Magagnosc, délégué CGT, et Franck Fabre, secrétaire CFDT, dans la lettre commune adressée au ministre, mais aussi, en copie, au directeur de l’Agence régionale de santé Paca (ARS), au délégué du Var, et à celui du CHITS. Celuici a annoncé aux représentants syndicaux « vouloir déposer un dossier auprès de l’ARS Paca, pour demander la dérogation, soit la prime maximum de 1500 euros pour l’ensemble des personnels (en respectant les critères de présence). »
« Pour un système à la hauteur des besoins »
Une fois de plus, ce projet divise, selon les syndicats, les catégories du personnel. « Ce projet ne ferait qu’alimenter la colère et la division alors même que le moment nous impose de travailler ensemble pour un système de santé à la hauteur des besoins de la population », mettent en garde les trois représentants des organisations syndicales. Comme celles-ci n’ont de cesse de le rappeler depuis des mois au ministère de la Santé, elles « refusent la division des personnels et une prime à deux vitesses. »Le message, cette fois-ci commun, est sans ambiguïté : « Nous ne participerons pas à une négociation de ce type de répartition et nous sommes prêts à prendre nos responsabilités si nécessaire. » La table ronde du « Ségur de la Santé » promet une rencontre sous tension, le 25 mai, autour d’un hôpital public sous perfusion.