Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Coeur du Var se tient prêt pour une relance rapide

La communauté de communes entend montrer sa capacité à répondre aux conditions de la reprise, mais aussi à tenir compte des enjeux environnem­entaux et sociétaux à venir

- RECUEILLI PAR GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com 1. www.facebook.com/coeurduvar­officiel et www.instagram.com/coeurduvar­tourisme 2. Interview réalisée avant l’annonce des dates des élections.

« Coincées » entre les grandes communauté­s d’agglomérat­ion toulonnais­e, de Provence verte et de Dracénie, les onze communes qui forment la communauté « Coeur du Var » regroupent 44 000 habitants. Le conseil de l’établissem­ent public est présidé par le maire du Cannetdes-Maures, Jean-Luc Longour. Il revient sur les dispositio­ns qui ont été prises pour faire face à la crise et propose sa vision d’une évolution du territoire.

Comment Coeur du Var a-t-elle vécu le confinemen­t ?

Globalemen­t, les communes et leurs élus n’ont pas rencontré de gros problèmes. Les gens ont été plutôt respectueu­x des mesures imposées. On peut s’estimer relativeme­nt heureux de ne pas nous trouver dans une zone très contaminée, même si cela ne veut pas dire que nous sommes à l’abri. Cela a été compris et accepté. Un « centre Covid » a été armé préventive­ment par des médecins locaux au Thoronet.

Qu’en est-il de la gestion administra­tive de la communauté et de ses services ?

Les maires sont restés au contact de leurs administré­s, mais le confinemen­t ne devait pas se traduire par un isolement des communes. Nous avons donc rapidement mis en place une cellule de crise, qui a travaillé quasiment tous les jours. Certaines réunions ont été tenues par visioconfé­rence.

On imagine que personne n’était vraiment prêt à un tel changement. Comment vous y êtes-vous adaptés ?

On a mobilisé les agents des pôles environnem­ent (en charge, notamment, de la gestion des déchets) et ceux qui sont habituelle­ment affectés à la communicat­ion. Ils ont renforcé le dispositif d’informatio­n à la population existant sur les réseaux sociaux (). Cela a permis de proposer des outils pour soutenir l’activité des entreprise­s qui pouvaient encore travailler, notamment une carte interactiv­e des points de vente ou de distributi­on de produits locaux.

Le niveau de service a-t-il pu être maintenu ?

Nous avons réorganisé les services encore actifs, principale­ment la collecte des déchets, en parvenant à n’exposer que la moitié du personnel et en réduisant le nombre de tournées. Dès le premier jour, les agents ont pu bénéficier d’équipement­s de protection – masques, gants et lunettes – dont nous disposions.

On parle maintenant de déconfinem­ent et, donc, de reprise. Comment voyez-vous se profiler cette période ?

Je suis inquiet de cette maladie, mais confiant dans la reprise économique. Déjà parce que la communauté a fait le choix de préparer son budget de telle manière qu’il n’y a plus qu’à « appuyer sur le bouton ». C’est d’autant plus important que l’arrivée de nouvelles équipes d’élus dans les mairies se traduit logiquemen­t par un moment de flottement. Vu le retard qui a été pris et l’incertitud­e du calendrier électoral (), il vaut mieux avoir un document budgétaire le plus abouti possible si l’on veut pouvoir travailler rapidement. On espère pouvoir réunir un conseil communauta­ire dès le début du mois de juillet.

Et pour les entreprise­s ?

Coeur du Var a abondé la caisse de soutien « Covid », mise en place par la Région, à hauteur de   euros. On peut espérer un retour de près de   euros, réinjectés dans le tissu local. L’incubateur « Le Tarmac », créé il y a  mois, semble avoir trouvé son équilibre. Une trentaine de structures a pris l’habitude de s’y entraider. La structure devrait pouvoir reprendre son rythme normal rapidement.

D’importants projets en cours ont, on l’imagine, pris du retard…

Le confinemen­t a marqué l’arrêt de toute l’économie. Les profession­nels, notamment du BTP n’ont pas pu travailler à un rythme normal. Pourtant, le développem­ent des zones d’activité, notamment « La Gueiranne », au Cannet, ou « Les Lauves », au Luc, devrait pouvoir reprendre sans problème.

Qu’en est-il du centre de loisirs des Sigues, à Gonfaron ?

On a pris un certain retard, mais pas seulement à cause du confinemen­t. Nous avons choisi une structure bois, qui a été validée par les différente­s commission­s. Pourtant, les services d’incendie ont suggéré qu’il existait un risque en raison de la proximité des massifs. Nous avons donc dû repenser une partie des bâtiments afin de disposer d’une partie en béton permettant la mise en sécurité des  enfants qui seront accueillis en cas de feu. Cela a occasionné un nouveau passage devant les architecte­s et il faudra revalider le permis. On espère que les travaux seront lancés avant la fin de l’année, peut-être dès le mois d’octobre.

Le lycée, autre grand projet dans Coeur du Var, semble avoir (encore) disparu des calendrier­s…

Ce n’est pas la communauté de communes qui le pilote, mais le conseil régional. Le terrain qui a été choisi à Gonfaron a, finalement, été rejeté en raison de la présence de tortues protégées. J’ai toute confiance en la parole de Renaud Muselier, le président de région : le lycée se fera, mais il faut trouver un nouveau terrain.

Deux autres villes, dont le Cannet, dont vous êtes maire, étaient candidates pour accueillir cet équipement…

Pas question de relancer un débat entre ces candidatur­es… La Région a fait un choix et nous l’avons respecté. L’important reste qu’il faut rapidement voir s’ouvrir un lycée dans notre zone.

Il reste vrai que Le Cannet dispose d’une solution immédiatem­ent disponible si Gonfaron n’est pas en mesure de proposer une solution de secours, mais ce n’est pas à nous d’en décider.

Où en est le projet de zone d’activité Varécopole, lancé au Cannet ?

On espère les premiers coups de pelleteuse pour septembre . Cette zone permettra de donner une nouvelle orientatio­n à l’emploi dans Coeur du Var, en attirant des entreprise­s high-tech, des antennes d’unités universita­ires… C’est un choix politique d’une nouvelle vision pour Coeur du Var.

On vous a entendu opposer cette vision à celle qui, depuis quelques années, installe des bases logistique­s tout au long de l’A…

Il faut oser espérer mieux pour nos territoire­s. L’emploi créé par ces bases et cette vision tuent le tissu économique local, les PME, les TPE… Il faut faire maintenant un choix de société, au même titre que celui que fit le sénateur Pierre Laffitte quand il a imaginé Sophia Antipolis, au début des années . La crise actuelle nous contraint à repenser notre économie.

Précisez ?

Certains voient la pandémie comme un effet de la mondialisa­tion. Ce n’en est qu’une partie : la mondialisa­tion est un fait depuis le XVe siècle, avec l’instaurati­on des lignes de commerce maritime. Selon moi, c’est surtout l’ultralibér­alisme qui est à la base de la destructio­n de l’environnem­ent et de l’apparition de maladies liées à la production intensive. Il faut rapidement changer cette manière de produire et de penser. C’est pour cela que Coeur du Var s’est lancé dans un Plan climat-air-énergie territoria­l (PCAET) et veut mettre la commande publique au service du développem­ent des circuits courts, par le biais d’un plan alimentair­e territoria­l, avec le territoire de la communauté « Méditerran­ée - Porte des Maures ».

‘‘ Il faut faire maintenant un choix de société. La crise actuelle nous contraint à repenser notre économie.”

‘‘ L’ultralibér­alisme est à la base de la destructio­n de l’environnem­ent et de l’apparition de maladies liées à la production intensive.”

 ?? (Photo DR/ CoeurDuVar) ?? Élus et agents de la communauté de communes sont restés en contact durant le confinemen­t par le biais de visioconfé­rences.
(Photo DR/ CoeurDuVar) Élus et agents de la communauté de communes sont restés en contact durant le confinemen­t par le biais de visioconfé­rences.

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