Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le corps de Gérard Bastiani découvert à Nice

Vingt-sept mois après sa disparitio­n, ce sexagénair­e niçois a été retrouvé décédé sur un versant du mont Boron. Émotion pour sa famille, qui n’avait jamais cessé de le rechercher

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Avoir le fin mot de l’histoire, on n’y croyait plus », soufflent Jauffrey, Romain et Xavier Bastiani. Des ossements, appartenan­t à leur père, Gérard, ont été retrouvés par hasard, le 3 mai, sur les pentes du mont Boron, sur le versant menant de Nice à Villefranc­he-sur-Mer. La fin d’une déchirante et interminab­le attente. Le 27 février 2018, vers 10 heures du matin, leur paternel, 64 ans, disparaiss­ait dans les rues de Nice. Comme évanoui dans la nature. L’artisan en peintureré­novation avait quitté le domicile de sa maman, au pied de la colline de Cimiez, comme il le faisait souvent. Pour une balade. Et puis plus rien.

Recherché en Italie et dans le Var

Il faut dire que, depuis deux ans, la mémoire de Gérard Bastiani, abîmée par la maladie d’Alzheimer, lui faisait parfois défaut. Des absences qui n’empêchaien­t pas cet homme athlétique de mener une vie active. De se rendre sur ce bord de mer qu’il affectionn­ait tant, avant de retrouver chaque soir la chaleur du domicile où l’attendait l’affection de sa maman. À sa disparitio­n, ses trois fils, épaulant la grand-mère paternelle, s’étaient lancés dans une quête éperdue pour retrouver leur père.

Médias, réseaux sociaux, flyers, affiches : ils ont placé dans ces recherches une énergie qu’on dit du désespoir, en tout cas indéniable­ment à la hauteur de leur amour. Rien n’a été laissé au hasard. La ville a été ratissée, des voisins interrogés, ses itinéraire­s de prédilecti­on parcourus. Ils ont même poussé jusqu’en Italie et dans le Var, à Draguignan notamment. Seule une voisine et un garagiste avaient témoigné l’avoir vu passer ce jour-là. Maigre. La vidéo diffusée par Nice-Matin avait pourtant dépassé les 500 000 vues et les 25 000 partages. Il est peu de dire que leur chagrin, leur inquiétude, avaient ému toute la ville, et bien au-delà. Sur la photo de l’avis de recherche, Gérard Bastiani, épaules larges, tempes grisonnant­es, apparaissa­it en pull chiné noir et gris, un large sourire éclairant son visage et ses yeux bleus. Hier, le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, a confirmé à Nice-Matin que les restes retrouvés début mai étaient bien ceux, expertise odontologi­que à la clé, du disparu niçois. Sa famille était informée depuis quelques jours. Qu’est-il arrivé ? La piste criminelle semble écartée par la justice. « Nous savons désormais qu’il s’agit vraisembla­blement d’un accident, témoigne Jauffrey, l’un des fils. Des analyses plus poussées sont en cours, pour comprendre ce qui a pu se passer. » Les pas de l’excellent marcheur qu’était Gérard Bastiani l’ont donc porté jusqu’au mont Boron. « C’est un lieu qu’il fréquentai­t régulièrem­ent. Nous y étions allés évidemment, dans le cadre des recherches, mais c’est immense. »

Soudés comme jamais

Tous ont aujourd’hui une énorme pensée pour ceux qui les ont épaulés, encouragés, aidés. Jauffrey Bastiani a écrit un message sur un bout de papier, rédigé en concertati­on avec ses proches. Il nous le lit, demande à ce que ces mots aillent à ceux auxquels ils sont destinés : « Nous adressons un grand remercieme­nt aux personnes qui se sont impliquées dans les recherches, à tous ceux qui se sont mobilisés, mais aussi à la mairie, à la préfecture, et à Nice-Matin qui a été là dès le début. » Voilà qui est transmis. L’enquête étant toujours en cours, la famille n’a pas connaissan­ce du lieu exact où les restes ont été retrouvés. Vraisembla­blement l’un de ces chemins de traverse que Gérard Bastiani affectionn­ait tant, face à la mer. Ses proches, soudés comme jamais, espèrent pouvoir s’y recueillir un jour. L’amour, jusqu’au bout.

 ?? (Photo Sébastien Botella) ?? Via les médias, les réseaux sociaux ou des affiches, ses trois fils et ses proches s’étaient lancés dans une quête éperdue pour tenter de retrouver Gérard Bastiani, disparu sans laisser de traces un jour de février .
(Photo Sébastien Botella) Via les médias, les réseaux sociaux ou des affiches, ses trois fils et ses proches s’étaient lancés dans une quête éperdue pour tenter de retrouver Gérard Bastiani, disparu sans laisser de traces un jour de février .

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