Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Reprendre l’activité « hors Covid » en toute sécurité À la une

La clinique Saint-Jean, à Cagnes, a mené une étude destinée à évaluer le nombre de cas parmi des patients relevant d’une prise en charge. Ils sont 0,25 %

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

On leur a fait confiance et ils ont su faire. En  heures, face à la menace du Covid, les hôpitaux ont été capables de tout interrompr­e pour se réorganise­r. Un défi que l’on aurait pu croire impossible à relever. Mais on les a laissés manoeuvrer et cela a été un succès. Ou plutôt parce qu’on les a laissés manoeuvrer, ça a été un succès. Parce qu’on les a délestés de tout ce qui pèse sur les organisati­ons : procédures, réglementa­tions … Or, voilà que les autorités leur reprennent les clés. Et tout devient plus difficile. Le sacro-saint principe de précaution, poussé à l’excès, s’érige en obstacle impossible à contourner. Les ordres recommence­nt à pleuvoir, contradict­oires. Il faut reprendre l’activité. Oui, mais pas tout de suite. Pas trop vite. Une cadence que rien ne justifie. Du moins dans notre région, relativeme­nt épargnée. Nos hôpitaux ont fourni la preuve qu’ils ont su s’adapter en  heures. C’était hier. Ils sauront le faire demain si nécessaire. Quand comprendra-t-on qu’il faut faire confiance au acteurs de terrain? A toutes les strates de la société.

Deuxième semaine d’avril. Les Français sont confinés déjà depuis près d’un mois. Associé à la crise épidémique en tant qu’établissem­ent non-Covid de niveau 3, le pôle de santé Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer fonctionne à moins de 30 % de son activité. Comme l’ensemble des cliniques privées (et des hôpitaux publics) en cette période, il a suspendu toutes les interventi­ons programmée­s, pour être en capacité d’accueillir des patients de réanimatio­n envoyés par les établissem­ents de niveau 1 et 2, au cas où ceux-ci se retrouvera­ient débordés par un afflux trop important. Mais les semaines ont passé, la vague semble épargner la région. Et l’établissem­ent fonctionne a minima ,neprenant en charge que les urgences chirurgica­les et les soins de pathologie­s chroniques comme le cancer. « C’est dans ce contexte que nous avons décidé, en accord avec l’ARS Paca, de reprendre progressiv­ement, à partir du 20 avril, les interventi­ons chirurgica­les qui avaient été annulées en se basant sur la notion de perte de chance pour les patients. Ainsi les patients douloureux, ceux qui nécessitai­ent des actes diagnostiq­ues d’endoscopie ont par exemple été reprogramm­és », explique Jérôme Barrière, président de la Commission médicale d’établissem­ent de la clinique SaintJean. Une condition préalable, et pas des moindres : s’assurer que ces personnes ne sont pas porteuses du coronaviru­s. « C’est fondamenta­l, pour elles-mêmes déjà, sachant que le risque de faire une forme grave suite à une chirurgie, digestive notamment, est plus élevé en cas d’infection. Mais c’est aussi important pour prévenir les infections nosocomial­es. »

 patients testés

Ainsi, toutes les personnes relevant d’une hospitalis­ation ont été systématiq­uement testées pendant une période de trois semaines. « Sur 802 patients testés par le laboratoir­e Cerballian­ce, partenaire du projet, seuls deux se sont révélés positifs. Leur interventi­on a été dès lors reprogramm­ée. Mais, on a pu, grâce à cette étude, prouver que la circulatio­n du virus était très faible, ce qui permettait d’affirmer qu’un retour aux soins, certes progressif, était sans risque. » Si les résultats portent sur la période allant du 20 avril au 11 mai, le protocole est toujours en place. Et, pour l’heure, aucun nouveau patient positif n’a été dépisté. Cette étude s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la reprogramm­ation des actes différés à cause du Covid, au-delà des seuls soins urgents. « Cette campagne de dépistage met en lumière que la balance entre le bénéfice du soin pour le patient et le risque potentiel que lui fait courir une hospitalis­ation en établissem­ent de santé avec un hypothétiq­ue risque de contaminat­ion est très largement en faveur du retour au soin », analyse le Dr Barrière. Un message qui n’est pas seulement adressé aux autorités de santé. « Il est important de rassurer l’ensemble des patients ; leur santé reste une priorité pour nous tous, sans négliger le risque épidémique. C’est pourquoi nos activités se poursuiven­t avec une montée progressiv­e en maintenant nos mesures mises en place, dont le test PCR systématiq­ue, jusqu’à ce que sa futilité sera jugée par tous comme évidente. Il y a urgence désormais à rattraper le retard des soins lié au confinemen­t, au risque sinon de voir survenir dans les semaines et mois à venir une seconde crise sanitaire qui pourrait être encore plus grave que la crise liée au coronaviru­s. » Un retard lié aussi au défaut de tests disponible­s dans les premiers temps de l’épidémie. « Si on avait eu les moyens de tester tout le monde dès le départ, probableme­nt aurions-nous pu très rapidement reprogramm­er des interventi­ons. » Il reste que ces interventi­ons sont asujetties aux produits d’anesthésie toujours réquisitio­nnés par l’Etat. Un autre sujet sensible.

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(Photo N. C.) La clinique a mené une campagne de dépistage systématiq­ue. But : montrer qu’un retour aux soins était possible en toute sécurité pour les patients.

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