Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’art et l’histoire de la ville entre ombre et lumière
Vécu Avec le déconfinement, les visites guidées ont repris. Si le masque est obligatoire, et les groupes limités à neuf, le patrimoine de la ville et ses 2000 ans d’histoire séduisent toujours
Confiné pendant trop longtemps, l’appel du grand air se fait sentir en cet aprèsmidi de mai. Si la Base nature, le massif de l’Estérel ou le littoral m’ont un temps attiré, les zones ombragées du centre-ville de Fréjus achèvent de me séduire. Pour la fraîcheur au coin des rues du Beausset ou des Parrets, mais aussi pour le patrimoine remontant à l’Antiquité. À mes côtés, Philippe Cantarel, guide conférencier pour l’office de tourisme. S’il concède que c’est « très calme depuis la reprise des visites guidées le 11 mai », celui qui a la charge des balades commentées depuis 2001 a tout mis en place, avec ses équipes, pour assurer la reprise de l’activité en vue de la saison estivale.
Quatre kilomètres en deux heures
En attendant les nouvelles préconisations, les visites – uniquement sur réservation – se déroulent par groupe restreint de neuf personnes. Le masque est obligatoire. Le guide compte sur la responsabilité des visiteurs pour « rester à distance durant les marches. Même si, par petits groupes et masqués, le risque est grandement limité ». C’est d’ailleurs pour cela qu’un microamplificateur a été commandé pour les visites estivales. Aux alentours de 14 h 30, le premier arrêt arrive très vite après le départ depuis l’office de tourisme. La statue du révolutionnaire Sieyès rappelle qu’Emmanuel-Joseph, de son prénom, est né à Fréjus avant de devenir président de la Convention nationale, une fois la Révolution française et la Première République actées. Quelques mètres plus loin, c’est un autre saut dans le temps avec l’entrée dans la Cathédrale SaintLéonce, dans laquelle une hirondelle enchaîne les rotations – cherchant visiblement la sortie. Un quadruple bond dans le temps comme le rappele notre connaisseur : « Il y a deux sortes de visites : la “romaine”, uniquement sur cette époque et la “panoramique” qui retrace 2000 ans d’histoire. Et cet édifice retrace à lui seul ces quatre périodes historiques. » À savoir l’Antiquité avec le baptistère du Ve siècle ; les murs des deux nefs – Notre-Dame et Saint-Étienne – montés au XIe siècle (Moyen Âge) ; le polyptyque « d’une grande rareté puisqu’il n’y en existe que trois dans le Var » composé de seize tableaux datés de 1454 (époque moderne) ou encore le Grand autel réalisé en 2011 ou les vitraux rénovés en 1991. Une visite dans le temps agrémentée d’anecdotes comme celle sur cet autel pentapole (à cinq pieds) découvert à l’intérieur d’un autre, plus grand, lors de travaux en 1994. Ou d’explications, au moment de justifier les traces gravées dans le mur à l’entrée : « C’était la signature des tailleurs de pierre. Une sorte de facture pour montrer leur travail. » Tout au long de la balade dans les rues fréjusiennes et ses 29 lieux classés monuments historiques, l’histoire se rappelle à nous. Comme devant l’amphithéâtre et ses gladiateurs de l’Antiquité, ou devant la porte des Gaules, symbole de la domination romaine sur la ville, la chapelle Saint-François de Paule, le 170 de l’avenue de Verdun. Là où, à plus de 3,50 mètres de haut, une plaque rappelle que le 2 décembre 1959, l’eau est montée jusqu’ici lorsque le barrage de Malpasset a cédé. Presque suffisant pour lécher la langue du mascaron de la porte aux Atlantes, non loin de là, sur le chemin du retour vers le centre historique. Et sa cathédrale. Où, sûrement, l’hirondelle cherche encore la sortie.
Rens : Office de tourisme au 04.94.51.83.83 - Visite panoramique : lundi et jeudi. Visite romaine : mardi et vendredi. Départ à 14 h 30.