Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« J’ai envie de surprendre »
Ancien lauréat de Danse avec les stars, le jeune Belge est parti aux États-Unis pour donner du relief à Sillygomania, son deuxième disque. De la pop puissante, alternant entre le sombre et le lumineux.
Beaucoup d’aspirants artistes passés par de grosses émissions finissent aux oubliettes. Loïc Nottet, lui, a su éviter les pièges de la célébrité éphémère, version fastfood. Découvert dans The Voice Belgique en 2014, il avait représenté son pays l’année suivante à l’Eurovision, avant de remporter
Danse avec les stars, en France. De quoi se construire une belle base de fidèles (il compte 441 000 followers sur Instagram et 383 000 fans sur Facebook), mais pas forcément lancer une carrière dans la redoutable jungle de la musique. Cela tombait bien, le garçon, aujourd’hui âgé de vingt-quatre ans, était prêt à mouiller sa chemise. « Très perfectionniste », il lorgnait avec gourmandise sur les prestations de Sia, Lady Gaga, Rihanna ou encore The Weeknd. Son premier album, Selfocracy (2016), lui a offert un premier hit, avec Million
Eyes, dont le clip a été vu 56 millions de fois sur YouTube. Puis il s’est entouré de pointures pour donner forme à Sillygomania. Un néologisme construit à partir du mot « syllogomanie », faisant référence à un « trouble psychique se traduisant par une accumulation pathologique d’objets ». Loïc Nottet n’accumule pas les babioles. Plutôt les envies et les textures sonores. Sur les quatorze titres de son deuxième disque, on trouve des ballades, du pur fun estival ou encore de la pop calibrée pour la FM.
Comment décrire Sillygomania, qui sort aujourd’hui ?
C’est encore un mini-concept, comme sur
Selfocracy. Sauf que cette fois, c’est un peu plus lumineux, solaire. En composant cet album, je suis passé par beaucoup d’humeurs. J’ai vu que je pouvais les personnifier. La colère, la rage, l’absence de peur, sont traduites par un personnage de clown. Ensuite, j’ai des moments d’immaturité, donc il y a une figure d’enfant. J’ai aussi de la nostalgie en moi, des regrets, de la peine. Ça donne le personnage du mélancolique. Et le dernier, c’est un séducteur, un charmeur. Je ne suis pas forcément un tombeur, mais on a tous voulu plaire un jour. Ces personnages, ils sont tous en nous, à différentes échelles.
Pourquoi avoir inventé ce mot ?
J’aime avoir un titre qui n’a jamais existé. Et puis il y a un jeu de mots avec ‘‘silly’’, ‘‘idiot’’ en anglais. Je ne sais pas si je suis torturé. Mais parfois, j’aimerais pouvoir éteindre mon cerveau. Je me pose énormément de questions, en permanence, au point de ne pas réussir à m’endormir. J’ai l’impression d’être hanté par moi-même. Et je trouve ça ‘‘silly’’.
Vous avez pu compter sur une belle équipe pour enregistrer aux États-Unis...
Si on veut s’approcher du son des Américains, il faut aller chez eux, c’est comme ça. Si tu manges un couscous en Belgique, il sera sans doute moins bon qu’au Maroc... Pour la production et la co-écriture, il y avait Sacha Skarbek avec moi. Il a travaillé avec Lana Del Rey, Adele, Miley Cyrus, James Blunt. Ensuite, j’ai bossé avec un producteur qui a collaboré avec Bruno Mars et Kanye West. Il y avait aussi un trio français, les
Skydancers, avec qui le courant est très bien passé. J’ai aussi retrouvé Amy Morrey, avec qui j’avais co-écrit Million Eyes.
Heartbreaker, votre dernier single, est très festif. Vous aviez envie de changer de registre ?
Aujourd’hui, j’ai envie de surprendre ceux qui m’écoutent. Je ne fais pas que des ballades et de la danse contemporaine. Je voulais un morceau un peu dance, avec un côté eighties. Dans le contexte actuel, j’espère que ça apportera un peu de sourire et de soleil aux gens. J’adore les années . J’ai l’impression qu’à cette époque, il y avait du lâcher-prise, on ne pensait qu’au moment présent.
Était-ce difficile, pour votre premier texte en français, Mr/Mme, d’aborder des sentiments très personnels ?
Oui, d’autant plus qu’il y a une espèce d’armure qui disparaît quand on chante dans sa langue maternelle. Je me demandais aussi ce que le son de ma voix allait donner en français. Dans cette chanson, je voulais un côté vintage. Je pensais à Brel, à Piaf. Je ne savais pas si on allait trouver ça ringard ou si on allait me comprendre.
C’est « interdit » d’évoquer sa solitude quand on est célèbre ?
Presque. Même dans ma famille, on ne réalise pas trop quand je dis que le moral ne va pas, que ce n’est pas toujours facile. Mine de rien, ça fait six ans que j’ai une pression permanente sur mes épaules. À chaque fois, tu remets tout en jeu, comme au poker. Si tu fais un titre qui plaît moins, on va te ‘‘pardonner’’ une fois. Mais la deuxième, on va se désintéresser de toi et tu devras tout reconstruire.
‘‘ Je ne fais pas que des ballades et de la danse contemporaine”