Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’histoire de Family Affair

En 1971, Sly & The Family Stone atteignait la tête des charts américains avec ce titre, qui restera son plus grand succès. À l’époque, l’ambiance n’était pourtant pas à la réunion de famille

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

Le parcours de Sly and The Family Stone ? Riche et mouvementé, c’est le moins que l’on puisse dire. Reposant sur les épaules de Sly Stone (Sylvester Stewart, de son vrai nom), le groupe débute en 1967. La formation évolue régulièrem­ent, accueille plusieurs membres de la famille du leader, Freddie, Rose et Vet. Elle se distingue aussi par son aspect multiethni­que, puisque les Afro-Américains et les blancs s’y mélangent pour donner forme à un mélange savoureux entre funk, soul et rock tendance psyché. Révolution­naire. Son premier coup d’éclat, plus convention­nel, arrive en 1968, avec Dance to the Music. Sly and the Family Stone se place pour la première fois en tête du Billboard Pop Singles Top 10. Everyday People arrive dans la foulée et passe quatre semaines au sommet du classement Billboard Hot 100. La chanson affiche clairement un message d’unité et s’élève contre les préjugés de toutes sortes. Pas anodin dans une société américaine alors marquée par le racisme latent et les violences entre communauté­s.

Famille décomposée

En plein Flower Power, la bande fait sensation à Woodstock, le 17 août 1969. La suite n’a pourtant rien d’une communion. La réussite fait naître des tensions et de nombreux musiciens, dont Sly Stone, deviennent accros à différente­s drogues. Les annulation­s de concerts s’enchaînent et Epic leur met la pression pour qu’ils enregistre­nt. Le label doit même sortir un Greatest Hits précoce pour combler le vide. En dépit de ce tableau peu réjouissan­t, une éclaircie va survenir. La dernière avant la séparation et des reformatio­ns chaotiques. Le 6 novembre 1971, Family Affair sort. C’est un grand succès, le plus grand du « groupe ». Avec des guillemets, puisque Sly s’est isolé et a presque tout fait dans son coin. Son pote Billy Preston est passé aux claviers, Bobby Womack assure à la guitare rythmique et sa soeur Rose a posé sa voix. Dans cette fausse « affaire de famille », Sly Stone évoque les joies et les tourments qui agitent les liens du sang. Au sein de la bande, l’heure était à l’orage. Après avoir écarté le bassiste Larry Graham, le pilier de Sly and The Family Stone a aussi fait déguerpir Greg Errico, le batteur.

Boîte à rythmes

Sur Family Affair, Sly s’est arrangé pour le remplacer par une boîte à rythmes. Pour la première fois, un morceau utilisant ce procédé se hisse sur la première marche des classement­s (trois semaines au Billboard Hot 100, cinq au Billboard R & B Singles). Pourtant, Sly Stone n’y croyait pas. Il ne voulait pas que cette piste, présente sur l’album There’s a Riot Goin’ On, soit choisie comme single. Son manager et Epic avaient dû fortement insister pour le convaincre. Considérée comme la 139e plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone, Family Affair a traversé les âges et donné des idées à des très nombreux artistes. Le site Whosampled.com recense ainsi vingt-trois morceaux l’ayant samplée.

Iggy Pop, Madonna, Doc Gynéco et Ärsenik...

Dans le lot, on retrouve les Black Eyed Peas (sur Weekends), Ghostface Killah (sur Dogs of War) et même Ärsenik et Doc Gynéco, qui signaient Affaire de famille en 1998, un classique du rap français. Whosampled.com dénombre également trente-deux reprises officielle­s. Celle de John Legend, Joss Stone et Van Hunt a même remporté un Grammy Award, en 2007. L’Iguane Iggy Pop s’y est essayé aussi, tout comme le Jamaïcain Bunny Wailer et Madonna durant sa tournée Blond Ambition Tour, en 1990. En revanche, le Family Affair de Mary J. Blige, gros hit de 2001 produit par Dr Dre, n’a pas de lien direct avec le classique de Sly and the Family Stone.

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