Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Évasion à Vidauban : le bracelet n’était pas posé à la bonne cheville
Être condamnée à 18 mois de prison pour escroquerie, à purger sous la forme d’un placement sous bracelet électronique, et se débrouiller pour faire porter ce bracelet par une autre personne, c’est assez gonflé. Et même « fort de café », avait estimé le procureur du tribunal correctionnel de Draguignan, à une audience « préconfinement » fin février dernier. Delphine, 45 ans et sept condamnations pour escroquerie au casier judiciaire, n’avait pas pu être jugée sur le moment, en comparution immédiate. Son procès pour évasion et complicité d’escroquerie a finalement eu lieu hier, et s’est conclu par sa condamnation à un an de prison ferme avec mandat de dépôt.
Condamnée pour escroquerie
Delphine a répété ce qu’elle avait expliqué trois mois auparavant. Cette soignante, vivant chez sa mère à Vidauban, y avait été rattrapée par une condamnation de 2016, pour une escroquerie en bande organisée.
Elle avait obtenu du juge de l’application des peines (JAP) l’aménagement de cette peine en placement sous surveillance électronique (PSE). Mais au jour décidé pour la mise en place du bracelet, par le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), elle devait se rendre en Suisse pour une formation professionnelle de deux jours.
Une amie au grand coeur
« J’ai appelé mon amie Séverine, et je lui ai demandé de m’aider à finir ma formation, a-t-elle expliqué au tribunal. Je lui ai suggéré de porter le bracelet à ma place. Elle ne voulait pas. Je l’ai suppliée. Elle m’a vue désespérée. Elle m’a dit qu’elle allait prendre le risque. Je lui ai donné ma pièce d’identité. » Séverine, en situation de vulnérabilité et âgée de dix ans de plus, a confirmé. « C’est mon amie. Sa maman est malade. Elle voulait absolument faire sa formation pour gagner plus d’argent. Ce que j’ai fait, je l’ai fait avec de bons sentiments. Quand je suis arrivée au SPIP, j’ai donné le passeport de Delphine. Ils ne m’ont pas posé de questions. Juste le nom de mon père et de ma mère, et ils m’ont posé le bracelet. » C’est dans ces conditions que Séverine s’est retrouvée en prison à la maison. Jusqu’à ce que le JAP n’évente le stratagème en comparant les photos des deux femmes dans son dossier. Poursuivie quant à elle pour complicité d’évasion et escroquerie vis-à-vis du SPIP, Séverine a été condamnée à huit mois de prison avec sursis.