Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Coluche, au départ, c’était une blague, un coup de pub »
Arnaud Mercier est politologue et professeur en information à Paris II. Il a beaucoup travaillé sur la (presque) candidature de Coluche en 1981 et a même rédigé, en 2018, un roman d’anticipation non publié, Le tsunami qui vient, dans lequel il mettait en scène un comique, DD, Dany Dujardin, « synthèse de Dany Boon et Jean Dujardin » certaine façon, Macron a satisfait l’appel de Mélenchon au dégagisme. Même si c’est un ancien énarque et un ancien banquier d’affaires, il a incarné une forme de rupture. Dès lors qu’il a généré une déception, il ne serait pas impossible qu’un dégagisme, cette fois plus radical, s’exprime dans une partie de l’électorat, si une offre de type Beppe Grillo en Italie émergeait. Une telle candidature répondrait à l’envie d’aller plus loin dans le dégagisme, de secouer bien plus fort encore le système. Je pense donc qu’il existe un espace pour une autre figure, qui ne soit pas forcément extrémiste au sens marxiste ou xénophobe, mais quelque chose qui soit ailleurs, totalement à l’opposé de ce qui a déçu, la figure du haut fonctionnaire et du professionnel de la politique. Ce serait quelqu’un qui viendrait tuer le professionnalisme politique.
N’importe qui a-t-il, désormais, l’impression de pouvoir devenir président de la République ?
Ce n’est pas un phénomène nouveau. Après , il y a eu une inflation constante du nombre de candidats à la présidentielle, c’est d’ailleurs pour cela qu’ont été introduits les parrainages. Bigard serait dans le même registre que Coluche en .
Quel parallèle peut-on faire avec cette candidature avortée de ?
Au départ, c’était une blague, un coup de pub. Et puis Coluche s’est pris au jeu et les gens, surtout, ont fini par le prendre au sérieux. Il s’est trouvé quelque peu dépassé. En même temps, cela a été une étape très importante, car il n’y aurait jamais eu Les Restos du coeur s’il n’y avait pas eu la candidature de Coluche. Les gens ont commencé à lui raconter leur dénuement, leur détresse, et il a incarné une forme d’espérance. Il y a des moments où la crise de confiance envers les gouvernants est telle que se libère un espace pour des gens qui peuvent venir remobiliser ceux qui n’y croient plus et ne votent plus, à l’image des « gilets jaunes ». Il faut, quand même, que ce soient des personnalités un peu connues pour parvenir à cristalliser.
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON