Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Ségur de la santé face à
Une semaine après le début d’une concertation, déjà critiquée, du système de santé, Vincent Carret, délégué varois de l’Association des médecins urgentistes, prévient que l’attente est forte
Le Ségur de la santé est à peine lancé depuis une semaine que déjà la grande concertation cristallise des tensions. « Le collectif interurgences, d’où est parti le mouvement de grève nationale, est absent, non invité... Les infirmiers et les soignants sont peu représentés et les associations de malades non plus », constate, amer, le Dr Vincent Carret, représentant varois de l’Association des médecins urgentistes (Amuf) de France pour Toulon-La Seyne. « Un faux pas » qui ne va pas faire apaiser la colère des blouses blanches, déjà vent debout après deux mois et demi de lutte contre le coronavirus.
« On est au pied du mur »
« Au vu de la gravité de la situation, ce Ségur de la santé ne pourra pas, comme tous les plans et autres directives que les soignants ne comptent même plus, ne pas apporter de vraies réponses concrètes et des solutions crédibles pour pouvoir non pas reconstruire, mais construire sur d’autres bases et fondations plus solides », prévient le médecin urgentiste. « Que le Ségur passe enfin aux actes. Maintenant, on est au pied du mur. On est face aux réalités. Les personnels sont en attente de gros changements. Il n’y aura pas de retour en arrière. Ce terrible avertissement nous oblige à ne plus mentir, ni aux soignants, ni à nos populations. Les enjeux du sanitaire et de la santé ne peuvent plus être sacrifiés, on en voit le prix à payer pour la société et notre avenir », lance le représentant de l’Amuf. À commencer par « la reconnaissance des personnels de santé et la revalorisation salariale », dont « la souffrance au travail des personnels hospitaliers, reconnue et classée au plus haut niveau du monde du travail, toutes professions confondues, est là aussi un constat sans appel ». Augmenter les salaires des soignants « pour les remettre au niveau de la moyenne européenne au lieu de les maintenir à la traîne, soit au 28e rang des 32 pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique, Ndlr) » est une priorité urgente, selon le professionnel. Pour le Dr Carret, il ne faudra pas se manquer sur le Ségur de la santé et les soignants.
« Des amortisseurs de tensions »
« Si on ne reconnaît pas l’enjeu de la santé en France et des soignants, qui sont des amortisseurs de tensions et de conflits au sein de la société, il faudra après assumer. Ce Ségur de la santé est face à un terrible avertissement, met en garde le Dr Vincent Carret. Selon la façon dont on ne réagit pas avec les soignants, cela peut nous réserver un avenir et des horizons plus dramatiques qu’ils ne sont. »