Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’oeil, et le bon !
Comme tout un chacun, David Fraisse a accusé le coup d’une saison décapitée. Le vidéaste du RCT se projette vers sa douzième année en regardant les onze saisons qu’il accuse au compteur
Il a terminé prématurément sa onzième saison au RCT. Et il attend, comme tous, la reprise, d’abord des entraînements puis des compétitions. David Fraisse, ancien treiziste et sacré plusieurs fois champion de France, est le vidéaste attitré du club. Avec son oeil aussi averti qu’aiguisé, sa caméra au poing et sa batterie de statistiques, le technicien aime décortiquer telle ou telle phase de jeu en fonction de la demande. Minutieux, pointilleux, synthétique, il sait répondre aux demandes - parfois curieuses - des différents staffs techniques qui se sont succédé à la tête sportive du club.
Onze ans et vingt entraîneurs
En onze ans de carrière, il a côtoyé près d’une vingtaine d’entraîneurs. De Philippe Saint-André à Patrice Collazo en passant dans le désordre par Olivier Azam, Sébastien Bruno, Richard Cockerill, Marc Dal Maso, Eric Dasalmartini, Jacques Delmas, Diego Dominguez, Many Edmons, Juan Martin Fernandez Lobbe, Mike Ford, Fabien Galthié, Aubin Hueber, Fabrice Landreau, Bernard Laporte, Steve Meehan, Pierre Mignoni ou Sébastien Tillous-Borde, il a vu défiler des techniciens de toutes sortes. Il a répondu aux demandes et attentes de chacun. « J’ai toujours pris beaucoup de plaisir. D’ailleurs, si on n’est pas passionné ou si on compte ses heures, on n’en fait pas ce métier » affirme celui qui est habituellement sur la brèche en cours de saison jonglant d’un match à l’autre, d’un entraînement à une séance de travail spécifique.
Cette saison particulière, il l’a subie et commence d’ailleurs à trouver le temps long en attendant la sortie définitive de cet interminable tunnel. « C’est frustrant de finir ainsi. C’est d’autant plus regrettable qu’on était sur une bonne dynamique. Notre dernière victoire contre le Stade Français à Mayol (19-18, le 1er mars) nous a permis d’avancer après en avoir tiré les enseignements. Grâce à ce succès étriqué, on était encore plus gaillard dans nos têtes. On avait préparé la réception de Pau et on travaillait déjà sur la venue des Scarlets pour les quarts de finale à Marseille... »
« On peut aller au feu »
En attendant donc, le retour du championnat, il jette un oeil dans le rétro de ces onze années passées. Et se remémore : « Après notre doublé en 2014 et notre triplé en coupe d’Europe, on a connu le meilleur. On était sur le tout du monde de l’ovalie. Jacques Delmas m’a dit avec justesse : “On a eu la chance de connaître et de vivre les plus belles années du RCT”. Bernard (Laporte) était un visionnaire. Il voyait et analysait les situations plus vite que tout le monde même si le travail lui était mâché. Il avait ce « plus » qui faisait la différence. Il avait le mot précis, ciselé et était égal avec tout le groupe. Un vrai et grand meneur d’homme. Dans ce contexte avec beaucoup de bon et un peu de mauvais, on a vécu de grands moments. Il y a eu de grandes rigolades. » Depuis, Toulon est un peu entré dans le rang. Question de cycle probablement. D’autres étapes n’ont pas abouti. À présent, une autre méthodologie est en place. « Patrice (Collazo) implique les jeunes pour préparer le futur tout en gardant les anciens pour tenir la maison. C’est toute une alchimie à trouver. Il sait parler et motiver ses troupes. Contrairement à d’autres, avec lui on peut aller au feu. » Après être resté pendant près de deux mois au chaud, David Fraisse garde toute sa flamme pour embraser la prochaine saison.