Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le début d’un autre match

Officielle­ment terminés depuis le 30 avril, les championna­ts de France regardent leurs voisins reprendre petit à petit. Pis, le football français se divise sur la place publique

- M. FAURE

Qui a raison ? C’est un peu la question qui alimente les débats au coeur de la famille du football français. Enfin, famille, c’est un bien grand mot. Depuis que le Gouverneme­nt a annoncé officielle­ment la fin de la saison au plus fort de la crise sanitaire, fin avril, le football français se déchire. La LFP, reléguée au rang de faire-valoir de la FFF, ne maîtrise plus rien et regarde certains présidents se déchirer. JeanMichel Aulas, hyperactif sur les réseaux sociaux et dans les médias, veut à tout prix terminer la saison. L’OL, 7e au soir de la 28e journée, est dans une position sportive délicate, et veut terminer autrement la saison. Pour le moment, seuls Toulouse et Amiens, relégués, ont critiqué l’arrêt précipité de la saison et intenté des actions en justice pour contester cet arrêt soudain. En fin de semaine, Bernard Caïazzo est sorti du bois dans un entretien accordé à Eurosport : « Nous n’avons pas eu le choix. Croyezmoi, cela ne nous a pas ravis car 25 % de notre économie est par terre mais on a obéi aux ordres en bon citoyen. A l’époque, nous pensions que tous les championna­ts allaient suivre mais en voyant que tout reprend, j’avoue que les clubs français l’ont de plus en plus mauvaise. On se demande aujourd’hui pourquoi on nous a demandé d’arrêter notre championna­t ». Car d’aucuns se posent la même question : qui a définitive­ment sonné la fin du football français ? Le Gouverneme­nt ? La FFF ? La LFP ? Personne ne le sait et le secret est très bien gardé. Sauf qu’au lieu de se pencher sur la suite (quand reprendre ? Sous quelle forme ? Quel accueil du public ? Quid en cas de joueurs contaminés ? Quelle situation pour les joueurs en fin de contrat ?), les acteurs du sport français se déchirent sur les réseaux sociaux. Roxana Maracinean­u n’a pas observé son droit de réserve et s’est payé Jean-Michel Aulas dans la presse : « Les salles de cinéma vont rouvrir bientôt. Si Monsieur Aulas a différents scénarios à proposer, je l’invite à en faire un film et à le proposer en salle puisqu’il y aura du public. » Et le patron de l’OL a remis une pièce dans la machine en répondant à la ministre des Sports : «Madame la ministre, les scénarios existent depuis le 26 avril. Nous avons reformulé ce soir la demande à la LFP pour qu’une assemblée générale prenne position sur le format suggéré par l’UEFA, y compris en août et nous comptons sur vous, et ce n’est pas de la fiction ! ».

Montpellie­r prend de la hauteur

L’enjeu est simple : il est financier. C’est d’ailleurs le leitmotiv de tous les championna­ts qui ont repris et/ou souhaitent reprendre. Une vision partagée par le sélectionn­eur des Bleus Didier Deschamps dans un entretien accordé au Parisien : « La reprise de certains championna­ts répond évidemment, en premier lieu, à une problémati­que économique. L’Espagne et l’Angleterre, deux grands pays de football, sont en train de planifier la reprise de la Liga et de la Premier League, mais ils ont décidé de ne pas reprendre les championna­ts féminins, lesquels génèrent beaucoup moins de recettes. Ça veut tout dire. » Reste que le football français peine à s’unir. Les joueurs sont majoritair­ement silencieux et on peine à deviner leur position, quant à la plupart des dirigeants de clubs, ils demeurent mutiques sur le même sujet. Tout du moins, il ne se dégage aucune position commune, ce qui n’était pas le cas dans les pays voisins où le monde du football s’exprimait d’une seule voix. Elle était collective. En France, chacun préfère défendre son bout de gras plutôt que le bien commun dont les contours sont toujours aussi flous. Mais à Montpellie­r, où le milieu Junior Sambia a contracté le Covid-19, le discours a pris plus de hauteur. « Quand on a eu le cas de Junior Sambia, qui a été malade et touché par le coronaviru­s, j’ai senti un vent de panique chez nos joueurs, a détaillé le président Laurent Nicollin à L’Equipe du soir. Pour eux, le foot était accessoire. Ils ne me l’ont pas réclamé mais l’annonce de la non-continuati­on du Championna­t a été un soulagemen­t. Ils ont vécu de plein fouet quelque chose qui aurait pu être dramatique pour un copain à eux »

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(Photo EPA : MAXPPP) Roxana Maracinean­u, ministre des sports, s’est écharpée publiqueme­nt avec JeanMichel Aulas.

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