Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Plus d’égalité et d’écologie
Et si cette pandémie était en fait une opportunité pour inventer un nouveau monde ? De deux choses l’une, reprend le macroéconomiste. « On peut considérer que la crise est exogène à notre système de production et qu’il faut remettre en route l’économie exactement comme avant. Les finances publiques vont donc effacer les pertes des secteurs comme l’aéronautique, l’hôtellerie, la restauration ou encore l’automobile. »
Accélérer le changement
Ou bien, on peut en profiter pour revoir notre modèle. « Notre technique de production actuelle nous mène dans le mur : il y aura de plus en plus de crises sociales et de catastrophes naturelles qui l’empêcheront de bien fonctionner. Le Covid a accéléré cette prise de conscience et on est dans un momentum très particulier. C’est une opportunité pour enclencher les moyens vers un nouveau monde qui devrait avoir comme préoccupations la transition écologique et la réduction des inégalités. Il ne faut pas que ce soit une occasion manquée. Il faut sauver les meubles et arrêter cette spirale récessive mais il faut aussi réfléchir à quel monde on veut demain pour nos enfants et petits-enfants. » Et de rappeler : « Les grandes avancées au niveau de la couverture sociale, de la façon de produire… ont eu lieu à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. » Puisqu’on remet des primes à la casse dans le secteur automobile, pourquoi ne pas les conditionner à l’achat d’un véhicule propre ? « Des décisions économiques très fortes vont être prises. La Communauté européenne parle d’un plan de 750 Mds€ qui est une chance pour accélérer les changements. » Néanmoins, module Eric Heyer, il n’y aura certainement pas un bouleversement complet entre l’ancien monde et le nouveau. « Nos modèles de production sont assis sur la croissance économique qui n’est pas tenable à moyenlong terme. Tant qu’on n’est pas passé à un autre modèle qui redistribue mieux les richesses, il faut de l’activité économique pour qu’il y ait de l’emploi et éviter l’explosion des inégalités. » D’où le rôle central de l’Etat dans la prise en charge de cette transition et de ces salariés qui risquent d’être dans des secteurs décrétés comme n’ayant plus d’avenir et donc pas aidés financièrement. « Ces derniers vont perdre petit à petit leur emploi. Comment les requalifier dans des emplois d’avenir ? Cela demande beaucoup d’action publique durant cette transition. Il va falloir les sécuriser d’un point de vue budgétaire. »