Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
De ménage
son emploi. « Mon métier, c’est presque une passion, même si on m’en demande toujours plus. » Et elle aime aussi l’hôpital public, ce lieu « où persiste un peu d’humanité ».
«Unpeude reconnaissance »
« J’ai toujours voulu travailler dans le secteur médical. Mais faute de diplôme – j’ai un niveau terminale S, mais je n’ai pas pu passer mon bac –, la seule possibilité qui m’était offerte, c’était ASH. » Son métier, c’est l’hygiène. Mais « dans la réalité, [elle] va bien au-delà de [ses] fonctions. » « Si un patient souhaite aller aux toilettes, on ne lui répond pas : ‘‘Ce n’est pas possible, je suis femme de ménage !” » On l’accompagne. » La jeune femme se dit remerciée par les mercis et les sourires des patients. « Le contact avec eux, c’est ce qui me porte. J’ai le goût des autres, j’aime aider, et c’est pour ces raisons-là que j’ai choisi l’hôpital. On ne peut pas faire ce métier sans être capable de ce don de soi. » Depuis le début de l’épidémie, Emma a choisi de renforcer les équipes de nuit. Sans en tirer aucun avantage financier. «Le Covid a été une période très dure. On avait peur de contaminer nos proches. On a beaucoup donné de nous-mêmes. Aura-t-on un peu de reconnaissance ? » Et Emma ajoute aussitôt, comme si sa question était indécente : «Je sais, c’est normal, c’est notre métier… » Au mois de septembre prochain, Emma reprendra le chemin de l’école. Elle va suivre une formation professionnelle de dix mois, financée par son hôpital, pour devenir aide-soignante. Dix mois qui vont lui imposer de nouveaux sacrifices, puisqu’elle verra ses revenus diminuer, amputés des primes de week-end. « Mais je montrerai au moins à mon fils que l’on peut évoluer dans la vie… »
1. Le prénom a été modifié.
« Je quitte la maison à h et je rentre à heures. Et pendant quatre mois dans l’année, je travaille de nuit. Impossible de payer une nounou ou la crèche. Le soutien de ma famille est essentiel. Sans elle, je serais obligé de changer de métier. Ce que je ne souhaite pas. »
« On a répondu présent »
Des journées à rallonge, un métier épuisant autant physiquement que « La France, qui figure parmi les pays les plus puissants du monde, se retrouve au bas du classement concernant les salaires de ses soignants. C’est difficile à accepter. On ne demande pas des mille et des cents… juste de quoi vivre. Certes, on n’est pas à Paris, mais la vie est très chère aussi sur la Côte d’Azur ; impossible de se loger, à moins de ou euros par mois. » « Souhaitons que ce grand malheur que nous venons de vivre aura au moins ouvert les yeux sur nos efforts et les charges qui pèsent sur nous. On a répondu présent. Qu’on nous encourage. Stop aux restrictions budgétaires, à la diminution des lits. »
« Juste profiter un peu de la vie »
Comme ses collègues, Yann en a marre de se restreindre sur tout. Même s’il n’envisage pas une modification des conditions de travail à court terme, il espère au moins que sa profession obtiendra une revalorisation salariale qui saura récompenser son investissement et les responsabilités qui lui sont dévolues. « On n’aspire pas à une vie de pacha. Juste, à la fin du mois, de pouvoir un peu profiter de la vie… »