Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Incendie mortel : l’acte de bravoure d’un voisin de la victime

À la résidence Les Colettes, avenue de Verdun, un homme de 78 ans a trouvé la mort dans l’incendie de son appartemen­t mardi soir. L’un de ses voisins, Iteb, a tout tenté pour le sauver

- CARINE BEKKACHE cbekkache@nicematin.fr

Je n’ai pas pu le sauver. Je n’ai pas pu… » Les yeux rivés sur l’appartemen­t du premier étage, ravagé par les flammes la veille au soir, Iteb Saafi retient ses larmes. La gorge nouée, le jeune homme, âgé d’à peine 17 ans, retrace le fil de cette soirée tristement mémorable : « Nous étions en train de discuter entre amis, ce mardi soir, assis dans le petit parc derrière l’immeuble. Il était environ 21 h lorsque nous avons entendu une femme crier au feu, depuis la résidence voisine qui se situe juste en face de l’appartemen­t. » Sans perdre une seconde, le groupe d’amis accourt et adopte immédiatem­ent les bons réflexes. « Il y avait encore quelques personnes dehors à cette heure-ci, nous leur avons demandé d’appeler les pompiers, avant de se disperser dans l’immeuble. » Le temps que les secours arrivent, Mehdi, Djamel, Aymen et le reste de la bande partent toquer aux portes, étage par étage, pour alerter les habitants et leur permettre d’évacuer les lieux.

« Je n’ai pas pu le sauver. Je n’ai pas pu »

De son côté, Iteb s’arrête au premier, prend son courage à deux mains et, sans même réfléchir, entre dans le logement en feu. « Quand je suis arrivé, la porte était déverrouil­lée. Une épaisse fumée noire s’est tout de suite dégagée, j’ai eu beaucoup de mal à respirer et à me diriger dans cet appartemen­t dont j’ignorais la configurat­ion. Jusqu’au moment où… » Les larmes aux yeux, Iteb est gagné par l’émotion. « Très vite, j’ai entendu des cris de douleur, reprend-il. En arrivant dans le salon, j’ai vu ce monsieur, que je connaissai­s de vue, mais que je n’avais croisé que peu de fois dans la résidence. Il était là, allongé dans son lit médicalisé, les jambes en proie aux flammes. » Attrapant le lit et le tirant vers lui de toutes ses forces, le Dracénois tente de sauver le septuagéna­ire. En vain. « La barre du lit était si brûlante que je n’ai pas pu la tenir. Et j’avais beau réessayer, le lit résistait, comme accroché au mur. » Impuissant, n’arrivant plus à respirer, Iteb regagne le palier et cherche une solution. Sa tête bouillonne. Son coeur bat la chamade. « Je n’avais rien, ni gants, ni même un extincteur à portée de main. Nous n’en avons pas dans les parties communes. Et dans ces moments-là, le temps est précieux. Chaque seconde compte. » Le jeune homme le sait et court chercher de l’aide dans les étages. Mehdi, Aymen et Pascal tentent d’entrer à leur tour, repoussés par un air brûlant. Irrespirab­le. Mais il est déjà trop tard. « Je n’entendais plus de cris. J’ai tout de suite compris, souffle Iteb. Je n’ai pas pu le sauver. Je n’ai pas pu» , répète le jeune homme qui, sonné, sera transporté quelques heures plus tard à l’hôpital. «Je n’ai pas dormi de la nuit, confie-til, affligé. Ses cris résonnent encore dans ma tête. »

Ouverture d’une enquête

Ce mercredi matin, aux abords de l’immeuble, les fenêtres des appartemen­ts attenants s’ouvrent, après cette nuit éprouvante. Et des têtes se penchent… « C’est triste quand on y pense » ,relève une dame. Un autre voisin décrit quant à lui la victime – un homme de 78 ans – comme «une personne sans histoire, mais très isolée ». Les circonstan­ces de ce drame sont pour l’heure indétermin­ées. Une enquête policière est ouverte, et l’hypothèse d’un incendie accidentel semble d’ores et déjà privilégié­e.

 ?? (Photos Sophie Louvet) ?? Après avoir tout tenté pour extirper le septuagéna­ire des flammes, le jeune Iteb accuse le coup. Sa maman, Radhia, reste fière de son fils.
(Photos Sophie Louvet) Après avoir tout tenté pour extirper le septuagéna­ire des flammes, le jeune Iteb accuse le coup. Sa maman, Radhia, reste fière de son fils.
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