Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Shutter Island

- PAR ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Vos enfants ne sont peut-être pas retournés à l’école, alors je vous y emmène ! En classe de 1re, en cours de français précisémen­t, où je suppose que la pièce de Racine est toujours au programme. Phèdre est un texte magnifique mais pas toujours facile à étudier. Et évidemment, au Bac français, je suis tombé dessus. Ma chance ! Je m’en suis bien sorti, ouf ! Comme vous le savez, à l’époque de Racine, on ne pouvait critiquer de front le pouvoir, c’est-à-dire le roi. Donc les auteurs biaisaient – comme La Fontaine avec ses fables – ou choisissai­ent de situer leurs pièces dans l’Antiquité ou de faire appel à la mythologie, ainsi personne ne pouvait les attaquer ou les embastille­r ! Phèdre est une tragédie, en vers bien entendu, en cinq actes, qui a été créée le premier jour de l’an 1667 à Paris. Le titre premier était Phèdre et Hippolyte, puis, en 1687, Racine l’appelle tout simplement Phèdre. Ce monument de la littératur­e française, inspiré de la mythologie grecque, compte 1654 alexandrin­s et raconte l’amour incestueux de Phèdre, épouse de Thésée, pour Hippolyte qui est le fils de Thésée et d’une Amazone. Je vous vois faire la grimace car vous n’êtes pas, ou plus, habitué à lire un texte en vers. Mais comment ne pas apprécier ? Ne pas être admiratif même devant des vers d’une telle beauté ? Comme cet extrait d’une réplique d’Hippolyte à l’acte I : « Cet heureux temps n’est plus. Tout a changé de face/Depuis que sur ces bords les dieux ont envoyé/ La fille de Minos et de Pasiphaé ». Ou encore de Phèdre : « Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !/ Quelle importune main, en formant tous ces noeuds,/A pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux ?/ Tout m’afflige et me nuit, et conspire àmenuire.» C’est l’une des plus belles choses que je n’ai jamais lue !

Alain Chamfort a une certaine élégance naturelle et réelle que peu d’artistes ont. Il a ainsi traversé les décennies avec toujours cette classe nonchalant­e mais certaineme­nt pas sans talent. Il y a quatre ans, il avait accepté de confier certaines de ses chansons à de jeunes DJ dans le vent. Quand nous en avions parlé avec lui, il nous avait assuré qu’il leur avait donné carte blanche, il n’est jamais intervenu dans leur travail. Confiance totale. Une fois encore, c’est plutôt rare. Et finalement, ces Versions revisitées ça donne quoi ? Cinquante ans de carrière résumés dans ces treize titres remastéris­és. Alain Chamfort, lui-même, avait reconnu qu’une ou deux versions ne lui plaisaient pas trop mais l’ensemble est tout de même très bon et nous permet de redécouvri­r le chanteur. Car si la musique est totalement différente, la voix d’Alain Chamfort est toujours là. Comme un baume, un after sun, pour panser les blessures du soleil ou du confinemen­t.

Le choix va être difficile ce soir : revoir une centième fois Les bronzés font du ski ou (re)visionner Shutter Island ? Au sujet du premier, tout a été dit donc intéresson­s-nous au second. Ce film américain sorti il y a dix ans. a été réalisé par Martin Scorsese, l’un des meilleurs réalisateu­rs d’Hollywood qui, là, était en très grande forme. Rien à voir avec une partie de rigolade de la bande du Splendid àla neige. Là, le temps est mauvais – il y a, à un moment donné dans le film, une tempête de folie – et l’île en question abrite un hôpital psychiatri­que où sont internés de dangereux criminels. De plus, « shutter » en anglais peut se traduire par un truc fermé, genre rideau de fer. Ça promet !

Tous les fous ne sont pas enfermés...

Donc en 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule débarquent à Shutter Island pour tenter d’élucider un mystère : Rachel Solando, une des patientes, a mystérieus­ement disparu. Cette meurtrière se trouvait pourtant dans une cellule fermée de l’extérieur. Scorsese dirige à nouveau un de ces acteurs préférés, Leonardo DiCaprio. Lui-même entouré de Mark Ruffalo

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