Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les cinémas préparent la fin d’un long entracte
Edouard Philippe a annoncé une réouverture des salles obscures le 22 juin. Brignoles et SaintMaximin seront au rendez-vous. À Besse, on attend un assouplissement des mesures sanitaires
La vie a repris dans le coeur du village de Besse. Les terrasses sont ressorties, l’épicerie – qui n’a jamais fermé ses portes – propose d’appétissants fruits et les passants sourient de cette liberté retrouvée. Mais un peu plus loin, sur la place de la mairie, les portes du cinéma « Le Marilyn » restent closes. Pierre Leroy, son gérant n’est jamais loin. Depuis le début du confinement, il a eu le temps de faire des petits travaux d’amélioration qu’il mettait de côté depuis longtemps. Nouvelles étagères, tour de l’écran bleuté. Dans les coulisses, derrière l’écran, tout a été rangé, nettoyé… La salle – sièges compris – a été complètement désinfectée. Dans sa présentation de la phase 2 du déconfinement, le Premier ministre Edouard Philippe, a annoncé que la date de réouverture serait commune à tous les cinémas de France. Une demande de la fédération. Malheureusement, la petite salle bessoise ne sera pas de la partie. «Les mesures de distanciation sont dures à appliquer dans une salle “cosy” comme la nôtre. Pour rester dans les clous, nous ne pourrions pas accueillir assez de spectateurs. Ce ne serait pas rentable. Après en avoir discuté avec le président de l’association et la municipalité, la décision a été prise de suspendre la réouverture. En espérant que le protocole sanitaire sera rapidement assoupli. »
Quels films à l’affiche ?
Avant même cette décision, prise à contrecoeur, Pierre Leroy était un peu inquiet en guettant les films proposés pour le 22 juin. «Les dates de sorties changent tout le temps. Les grosses productions ont été reportées. On nous propose beaucoup de films d’art et essai de petits distributeurs avec lesquels je n’ai pas l’habitude de travailler. Pour le 22 juin, il devrait y avoir des films dont la sortie a été interrompue ou empêchée par le confinement : De Gaulle, l’Appel de la forêt… Mais je n’aurais pas pu tenir un mois avec ça. » Malgré les incertitudes, le cinéphile est optimiste, « Le Marilyn » rouvrira et le public sera au rendez-vous. « En 2018, nous avions déjà fermé pendant deux mois pour les travaux. C’est donc une situation que nous avons déjà presque vécue. »
Pendant qu’il parle, le trentenaire jette un oeil sur son smartphone. Sur l’écran, défilent les messages de spectateurs impatients. «Ona vraiment hâte de retrouver notre cinéma », « On sera là pour la réouverture… » « Ça n’arrête pas. On n’a jamais perdu le contact. J’ai envoyé des newsletters, animé la page Facebook. J’ai pu également compter sur l’association, qui a assuré le suivi administratif. La Fédération nationale des cinémas français a également été très présente.
Nous avons été bien informés et ça nous a permis de garder le lien. »
Le plaisir de voir un film en salle
S’il ne sait pas encore à quelle date il reprendra les projections, Pierre Leroy sait qu’il aura « grand plaisir à accueillir les spectateurs. » Les cinéphiles se rendront-ils dans les salles obscures après avoir regardé des films sur l’écran de leur salon pendant trois mois ? « C’est l’inconnue. Depuis ses débuts,
jamais l’industrie du cinéma ne s’est arrêtée, même pendant la guerre. Mais je pense que ça va reprendre. Aller au cinéma, c’est une sortie. Dans la salle, il y a une ambiance particulière. Découvrir un film seul, ce n’est pas pareil qu’en profiter ensemble. » Le gérant ne s’est d’ailleurs pas offert de projection privée depuis la fermeture. « J’ai revu tous mes classiques chez moi. Regarder un film seul au cinéma, c’est frustrant. »