Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Polémique autour des indemnités des élus

Le lieutenant, chef de section à la caserne des pompiers de Cannes La Bocca a créé, il y a vingt ans, l’associatio­n Spai qui forme les soldats du feu sud-américains. Avec force, courage et générosité.

- CLÉMENT PÉDRON nous@nicematin.fr

Malgré un patronyme à résonance hispanique, José Tumméo, la cinquantai­ne, est un vrai Maralpin. Un Cannois a l’envie incommensu­rable de devenir sapeur-pompier, déjà tout petit. D’en faire un véritable métier, lui qui « a toujours eu à coeur de porter l’uniforme ».

Sportif accompli, le père de famille a démarré par des petits boulots tels qu’ambulancie­r privé ou vendeur de motos avant d’épouser son rêve. « J’ai toujours fait des choses en rapport avec le sport car je suis un passionné. J’ai occupé, un temps, la fonction de moniteur de sport à la caserne. »

En parallèle de son activité, le lieutenant organise des raids comme l’ascension du Kilimandja­ro en Tanzanie ou encore une virée en VTT au Népal. Puis en 1998, direction la Cordillère des Andes et la plaine de l’Altiplano qui s’étend sur quatre pays, l’Argentine, le Pérou, la Bolivie et le Chili. « On a monté une expédition qui avait pour but, sur une vingtaine de jours, de traverser Santiago de Chile jusqu’à Arica, poursuit José. Avant que nous partions, et en sachant

que des pompiers arrivaient, le responsabl­e de la sécurité de l’ambassade de France à La Paz en Bolivie m’a demandé si nous n’avions pas du matériel à donner aux sapeurspom­piers. » Les deux hommes se rencontren­t à la frontière entre le Chili et la Bolivie. Lors de cet échange, le responsabl­e bolivien lui fait part de sa gratitude et lui fait une remarque qui résonne encore dans la tête du lieutenant. « Lorsque je lui ai présenté le matériel, il m’a dit : merci, maintenant il ne reste plus qu’à les former. »

Des soutiens venus de toutes parts

L’associatio­n Spai (Sapeurs-Pompiers actions internatio­nales) est créée en 2000 avec une première mission, comme un symbole, à La Paz. Le Cannois commence par négocier avec plusieurs sociétés qui fabriquent du matériel dans le but d’en récolter un maximum sans

« Maintenant, il ne reste plus qu’à les former... »

devoir débourser un centime. Marina Picasso, la petite-fille de Pablo Picasso, s’est vue attribuer le rôle de marraine. Spai reçoit également le soutien officiel de l’Unesco. « Ça nous aide énormément,

rappelle celui qui prendra bientôt

sa retraite. Les avoir à nos côtés depuis 2002, est vraiment une chance. »

Les yeux emplis de satisfacti­on, José Tumméo connaît parfaiteme­nt l’investisse­ment que nécessiten­t de telles démarches même avec les vingttrois autres pompiers qui composent Spai. C’est tout d’abord un gros travail en amont où il faut sélectionn­er les demandes les plus urgentes, récolter des fonds grâce à des opérations auprès du public et des acteurs locaux. C’est aussi de la déterminat­ion à obtenir un véhicule réformé mais suffisamme­nt apte pour être donné après une révision complète effectuée par leurs soins. C’est enfin de la coopératio­n

comme en 2002 où lors d’une mission à La Paz, le groupe de sept pompiers envoyés par Spai s’est retrouvé engagé en pleine catastroph­e naturelle aux côtés des secouriste­s boliviens. « Cela nous a marqués. Il y a eu plus de cent morts et un deuil national de trois jours a été décrété. Les gens nous ont reconnus et applaudis avant que nous ne rentrions en France. Cela fait chaud au coeur. »

« Notre philosophi­e ? Les voir évoluer »

L’associatio­n Spai revient deux à trois fois dans la caserne où elle a déjà posé ses valises. « C’est notre philosophi­e. Nous voulons nous rendre compte de leur évolution. C’est aussi le moyen de pouvoir encadrer de futurs formateurs pour perpétuer cette transmissi­on. »

Lorsqu’on évoque sa plus grande fierté concernant Spai, il ne tergiverse pas : Orán, à côté de Mendoza, en Argentine. Un bâtiment en lambeaux devenu un véritable centre de secours à la française, élu plus belle caserne d’Argentine. Une réussite immense qui leur a valu la nomination honorifiqu­e

« d’intérêt général » de la province de Mendoza. José Tumméo sourit. Cette distinctio­n sera bientôt élevée à l’échelle de la nation sur décision du ministre de l’Intérieur. Les titres et récompense­s s’additionne­nt autant que la liste des pays visités : Pérou, Mexique, Chili, République dominicain­e, Équateur, Paraguay. José Tumméo, qui effectue chacune des missions (à raison de trois par an), redécouvri­ra en fin d’année prochaine, les îles Galápagos. Une destinatio­n loin d’être une partie de plaisir mais très motivante dû à l’immensité de la tâche. Ce sera aussi le retour en Argentine où un futur poste de commandeme­nt mobile attend les sapeurspom­piers locaux. Entièremen­t rouge, entièremen­t équipé, où sont conjointem­ent apposés, comme pour tous les véhicules donnés, le blason de la caserne sud-américaine ainsi que celui de Spai. Histoire d’unir ces deux corps contre la même devise. Histoire de perpétuer ce lien fraternel hors des frontières.

 ?? (DR) ?? Avec le casque blanc : José Tumméo, en pleine formation de jeunes sapeurs-pompiers sud-américains.
(DR) Avec le casque blanc : José Tumméo, en pleine formation de jeunes sapeurs-pompiers sud-américains.

Newspapers in French

Newspapers from France