Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Et si la tour de l’île d’Or était d’inspiration toscane ?
Les carriers toscans du Dramont, employés à la construction de la fameuse tour de style sarrasin, de 1909 à 1910, auraient reproduit un monument à l’image de ceux de leurs villages
‘‘ L’hypothèse d’un architecte italien est étayée par le témoignage de la descendante des Borgini ”
L’un des monuments les plus symboliques du patrimoine raphaëlois n’a toujours pas révélé tous ses secrets… Mais une partie du voile a peut-être été levée, ces derniers jours, par un passionné de l’histoire de son quartier, Philippe Pons. Originaire du Val d’Oise, ce photographe publicitaire à la retraite est propriétaire, depuis 1989, d’un appartement à Cap Estérel. Animateur du blog du collectif des copropriétaires de Cap Estérel et notamment pour tous les articles qui ont trait à la riche histoire des quartiers du Dramont et d’Agay (1), il s’est peu à peu lié avec des figures locales (2) : « Depuis que je suis à Saint-Raphaël, j’ai toujours été intrigué par l’histoire récente du coin et le passé industriel du Dramont, notamment, détaille-t-il. Je rédige alors des articles sur ce blog, au gré de mes recherches. Je me suis lié d’amitié avec les membres du Cercle Dramontois et l’historien de la région, Jean-Pierre Herreyres. » Et récemment, Philippe Pons a publié un post dans lequel il fait part de ses dernières trouvailles concernant l’île d’Or. L’histoire est cocasse : « Il y a deux mois environ, je reçois un message d’une dame, par le biais du blog, qui me dit qu’elle a des choses à me raconter... Je lui ai donné mon numéro et on a beaucoup échangé ! » Cette dame, c’est AnneMarie Guillot, descendante d’une famille de carriers du Dramont, qui vit aujourd’hui à Bordeaux. Elle raconte : « Ma grand-mère m’a longtemps parlé de la vie qu’il y avait au Dramont, à l’époque, et de la tour de l’île d’Or. Alors récemment, par curiosité, j’ai cherché l’île d’Or sur Internet et je suis tombé sur des articles de Philippe Pons ! » Ensemble, ils discutent notamment de l’édification de la fameuse tour. « Ce que l’on sait, c’est qu’elle a été bâtie entre mai 1909 et septembre 1910 pour le docteur Lutaud,
alors propriétaire de l’île ,raconte Philippe Pons. L’éminent Jean-Pierre Herreyres avait émis l’hypothèse que l’architecte de la tour soit l’ancien propriétaire Léon Sergent. En effet, l’entrepreneur Augustin Comba, retenu par le docteur Lutaud pour la construction, est un prestataire de Léon Sergent. Mais cette tour n’est pas dans le style de l’architecture des villas bourgeoises et hôtels dont Léon Sergent fit les plans à Saint-Raphaël ou Valescure... » Philippe Pons cite également l’ouvrage L’Île d’Or ,de Laurence Bureau-Lagane : « Elle explique que, “selon certaines sources, les plans ont été dessinés par un architecte italien réputé”. Cette hypothèse d’un architecte italien est étayée par le témoignage que j’ai reçu d’Anne-Marie Guillot, descendante d’une famille de maître carrier du Dramont, les Borgini. Comme de très nombreux ouvriers italiens recrutés aux carrières du Dramont, les Borgini étaient originaires de Toscane, plus précisément du village de Vellano. L’apprentissage de la taille de la pierre est une longue et ancienne tradition dans cette région florentine. » D’ailleurs, le passionné remarque que « l’on trouve curieusement, à Vellano, l’église San Martino e Sisto, surmontée, comme l’île d’Or, d’une tour à créneaux et des mâchicoulis semblables ». De là à conclure que les carriers du Dramont employés à la construction de la tour ont reproduit un monument à l’image de ceux de leurs villages, il n’y a qu’un pas. Que les intéressés ne franchissent pas forcément, restant prudents. « On n’a pas la certitude qu’Aurelio Borgini, contremaître, ait été dans l’équipe qui a construit la tour, tempère Anne-Marie Guillot. Il faut rester au conditionnel sur cette inspiration de la tour. Mais les recherches valaient le coup ! »
1. Pour plus de détails et de photos sur cette histoire, rendez-vous sur www.capesterel3c.com 2. Caroline Denis, René Zucco, Antoine Bertrani, Frédéric d’Agay, Louis Polvérini, Guy Gianetti...