Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Une marche pour Brian, 10 ans, battu à mort
Une centaine de parents, d’enfants, de voisins et d’habitants du quartier St-Jean-du-Var, à Toulon, se sont rassemblés en souvenir de Brian, 10 ans, victime de violences dans le cercle familial
La parole fut rare, l’émotion intense. En particulier pour les enfants et adolescents, nombreux dans le cortège. Hier après-midi à Toulon, une centaine de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage au petit Brian, un garçon de 10 ans, qui est décédé vendredi 5 juin, victime de violences dans le cercle familial. L’initiative avait été lancée via les réseaux sociaux. « C’est avec une grande tristesse que nous, mamans du quartier de Saint-Jean-du-Var, avons appris que le petit garçon mort des suites de maltraitance était de notre quartier. » Un quartier, Saint-Jean-du-Var, un îlot de maisons et d’immeubles, et une école, Sainte-Catherine, où Brian était scolarisé en CM2. « Nous présentons nos condoléances à la famille et nous allons nous recueillir dans le parc », a expliqué une organisatrice, en début de rassemblement, avant que des enfants, parfois se tenant la main, ouvrent le cortège.
Amis de Brian
« Merci à tous d’être là, Brian avait beaucoup d’amis. Ma fille faisait partie de ses meilleurs amis », dit une mère. Square Abbé Georges Dahmar, au bout du chemin qui ondule sous les arbres, un grand cercle se forme, main dans la main. Moment de recueillement émaillé du babil innocent d’une petite fille dans une poussette. Avant une prise de parole. « Nous sommes dans un monde où beaucoup se mettent des oeillères. Sur la maltraitance des enfants, comme des femmes, c’est à nous, adultes, de montrer le chemin. Ne pas fermer les fenêtres et les portes. Nous devons montrer le chemin aux enfants, eux qui sont innocents .» Un père de famille confie « la grande tristesse » qui est la sienne. Brian « était élève dans la classe de ma fille. Je l’avais remarqué. C’était un garçon plein de vie, joyeux .»Sa fille, « très peinée »,« l’appréciait beaucoup ». Bien sûr, elle se tient là, parmi d’autres enfants.
Dénoncer
Ce papa est venu « rendre hommage et dénoncer l’acte horrible ». Il voudrait « que tout le monde sache » et aurait souhaité « que le rassemblement soit plus visible, qu’il traverse la ville, jusqu’à la mairie par exemple ». Plusieurs personnes regrettent avec colère qu’aucun représentant officiel ne soit présent.
La mère d’une élève observe avec tendresse sa fille. « Ils [les enfants] nous posent des questions, mais on n’a pas forcément les mots justes, non plus .» La psychologue de l’école était présente la semaine dernière pour un travail de débriefing auprès des enfants qui ont repris l’école, en petits groupes. La cellule d’écoute sera encore ouverte cette semaine. « Si nécessaire, un suivi individuel pourra être mis en place », explique un membre de l’équipe enseignante de l’école. En classe, les enfants ont pu écrire, dessiner. « Ils ont sorti ce qu’il y avait à sortir .» Face au désarroi de jeunes adolescents effondrés, il est resté des gestes muets, d’affection et de soutien.