Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Canjuers devient zone test pour le plan Loup

Après trois ans de négociatio­n, l’État a validé le projet d’action et de recherche, visant à expériment­er la coadaptati­on du pastoralis­me, du loup et des ongulés sauvages sur ce territoire

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Après trois ans de négociatio­n, l’État vient de valider le projet d’action et de recherche, porté par l’associatio­n des éleveurs de Canjuers (AEC). Il vise à expériment­er la co-adaptation du pastoralis­me, du loup et des ongulés sauvages sur le plus vaste camp militaire d’Europe. Onze éleveurs varois, regroupés sur huit troupeaux, figurent dans la liste des cinquante les plus prédatés en France, et six dans le « top 15 ». La totalité pâture à l’année sur ce territoire et subit les attaques de quatre meutes de loups installées à demeure selon les services de l’État, davantage selon les acteurs locaux (lire ci-dessous).

Une enveloppe de   sur quatre ans

L’objectif est de mettre en oeuvre et d’évaluer une batterie d’actions permettant d’améliorer l’efficacité des moyens de protection et de dissuader le loup, espèce protégée, d’attaquer les ovins. Concrèteme­nt, cinq axes sont définis : diminuer la vulnérabil­ité sur les spots de prédation en rétablissa­nt la visibilité par l’ouverture des milieux (50 hectares) et des équipement­s autour de points concentran­t les attaques ; mieux connaître les loups dans les foyers de prédation, grâce à des pièges photos, pour informer les éleveurs (applicatio­n dédiée MapLoup) et cibler les tirs de défense et de prélèvemen­t ; suivre et analyser le comporteme­nt des chiens de protection en les équipant de colliers GPS dans un double but d’alerte et de connaissan­ce ; dissuader les attaques par des tirs réactifs et ciblés dans le cadre des politiques mises en place par les pouvoirs publics, via une coopératio­n renforcée entre les opérateurs ; combiner un suivi scientifiq­ue et un retour du terrain pour estimer les résultats du projet. Le dialogue entre les partenaire­s et les concession­s ont fini par aboutir tout récemment (lire ci-dessous). Le préfet Mailhos, coordonnat­eur du plan national loup et activités d’élevage (PNLAE), et le préfet Célet, référent national sur la politique du loup, ont donc donné le feu vert à cette stratégie, qui va se déployer de 2020 à 2023. Son coût, estimé à 414 000 euros, bénéficie d’un soutien financier de l’État (PNLAE) et de la fondation François Sommer à hauteur de 60 % (242 300 Le plus gros reste à venir : passer à l’action. « Avant octobre, les chantiers doivent commencer. Il faut mettre le paquet pendant quatre ans, travailler avec tous les partenaire­s », dit Nicolas Perrichon, président de l’AEC, à ses troupes.

Un enjeu : l’exemplarit­é

Très bientôt, les ingénieurs du Centre d’études et de réalisatio­ns pastorales Alpes Méditerran­ée (Cerpam) vont établir ou mettre à jour les diagnostic­s de vulnérabil­ité des élevages, afin de pointer les faiblesses sur les différents parcours, et réaliser les accompagne­ments techniques. L’enjeu est de taille : le label du plan Loup fait de ce projet, si les résultats sont probants, un exemple reproducti­ble sur l’ensemble du territoire national. 1. Il y a treize communes dont une partie du territoire estincluse­danslecamp : Aiguines, Ampus,Bargème, Bargemon, Bauduen, Châteaudou­ble, Comps-surArtuby, Mons, Montferrat, La Roque-Esclapon, Seillans, Trigance et Vérignon. 2. Éleveurs, office national de la biodiversi­té, chasseurs, lieutenant­s de louveterie, brigade loup. 3. Office national de la forêt, office national de la biodiversi­té, armée, services de l’État, chambre d’agricultur­e, collectivi­tés locales, fédération des chasseurs, institut de l’élevage, scientifiq­ues.

 ?? (Photos doc Philippe Arnassan et Frantz Bouton) ?? À Canjuers, le pastoralis­me représente   moutons répartis sur les   hectares du camp militaire. Les parcs et les chiens de protection ne suffisent pas à éviter les attaques de loups.
(Photos doc Philippe Arnassan et Frantz Bouton) À Canjuers, le pastoralis­me représente   moutons répartis sur les   hectares du camp militaire. Les parcs et les chiens de protection ne suffisent pas à éviter les attaques de loups.

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