Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Blessé puis confiné, Etrillard veut voir la vie du bon côté

Sorti du jeu sur blessure depuis le 11 janvier, Anthony Etrillard trouve forcément le temps long. Mais après cette longue pause forcée, il ne désespère pas de rebondir vite et haut

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Il n’y a pas si longtemps encore, Anthony Etrillard serait devenu fou à tourner en rond dans son appartemen­t, privé de jeu et de sorties. Mais le jeune homme arrivé du pays basque en 2015 a grandi (27 ans) et s’est forcément assagi. Désormais papa d’une petite Giulia et mari de Maeva, le talonneur toulonnais reconnaît même avoir pris du plaisir à vivre ainsi pendant plusieurs semaines à Carqueiran­ne au contact permanent de sa petite famille : « c’est si rare d’être aussi disponible. Et il y avait quand même de quoi faire… » Pour autant, Anthony Etrillard est heureux d’avoir été libéré aujourd’hui et de pouvoir à nouveau se projeter sur la compétitio­n après six mois d’interrupti­on. Double peine, voire triple, pour celui qui frappait à la porte de l’équipe de France avant de se blesser à la cheville, le 11 janvier dernier face au Scarlets (fracture du péroné). Non seulement il a dû renoncer à son plus grand rêve et aux honneurs tricolores, mais en plus, il n’a pas pu reprendre la compétitio­n en avril comme il l’espérait… « Pour le moment, c’est vrai que 2020 n’a pas été terrible… »

Six mois d’arrêt pour une simple fracture du péroné ?

Ce n’était pas vraiment une grosse blessure et sans le confinemen­t, je pensais pouvoir rejouer mi-avril. Mais au final, ça a pris plus de temps que prévu. Aujourd’hui, je pense que ça ira très bien… Au moins, j’aurai bien pris le temps de me soigner même si j’aurais vraiment préféré qu’on joue cette fin de saison parce que je pense qu’on était assez bien placé dans la course à la Challenge cup notamment. Maintenant, il y a évidemment des choses plus importante­s que le sport. La santé des joueurs était primordial­e.

La Challenge cup ?

On y pense évidemment. Normalemen­t, on devrait jouer le quart de finale en septembre, mais cela reste à confirmer. L’objectif de reprise du championna­t devrait être le  ou  septembre. On se prépare donc pour ces dates, en espérant qu’on puisse effectivem­ent rejouer…

La semaine dernière, vous avez pu renouer avec le ballon. C’était bon ?

Oui, on a retouché un peu de ballons. Ça fait du bien, à moi encore plus qu’aux autres, car ça fait vraiment longtemps maintenant. Il y a eu quelques petites « manettes » comme on dit dans le rugby, mais ça fait vraiment plaisir. Comme d’avoir retrouvé le centre d’entraîneme­nt d’ailleurs, même si c’est par groupe de cinq. S’entraîner tout seul tous les jours, c’est assez compliqué.

L’équipe de France ?

Quand on est sportif de haut niveau, on veut toujours jouer au plus haut. L’équipe de France est l’objectif ultime. J’ai été très déçu sur le moment. Mais après je me suis raisonné : ce sont des choses qui arrivent, elles font partie de notre sport. Il n’y a jamais de bons moments pour se blesser même si là, c’était le pire. C’est comme ça ! J’espère que je vais bien me remettre de tout ça et que je pourrais postuler à nouveau…

Poirot qui y renonce ?

Je peux comprendre. C’est son choix. Il a eu pas mal de sélections et peut-être estimait-il en avoir fait le tour. Si cela lui a suffi, c’est un choix personnel qu’il n’y a pas vraiment à commenter…

Mais vous, vous l’avez encore bien en tête ?

Aujourd’hui, je pense surtout à reprendre mon activité et je veux voir comment évoluera ma cheville. Je veux juste rejouer, faire de bons matches et après comme j’ai toujours dit, si les choses doivent arriver, elles arriveront.

Toujours des doutes sur votre cheville ?

Pas vraiment, mais tant que je n’ai pas refait de contacts et de mêlées… Au niveau de la course, ça va et je suis déjà assez rassuré. En fait, ma cheville va sans doute très bien. Maintenant, c’est à moi de me fixer des objectifs pour me rassurer.

La vie sans contact ?

Le corps aime bien ! On a moins mal partout. Mais quand on va reprendre vraiment, ça va piquer pendant un moment… Là on effectue un travail physique de fond qu’on n’a pas toujours vraiment le temps de faire en temps normal. Du coup, on a pris trois semaines pour ça et cela devrait être bénéfique pour la reprise.

Comment cela se passe-t-il ?

On est toujours par petits groupes de quatre, cinq joueurs (avec Fresia, S. Tao, Tolofua et Dakuwaqa). Du coup, on a des créneaux de travail de  minutes seulement. La semaine dernière, notre groupe a commencé le matin et là, on a switché, on fait l’après-midi. Cela permet de ne pas être tous ensemble au même moment et au même endroit. Ça fonctionne plutôt bien.

Hâte quand même de vous retrouver tous ensemble ? C’est sûr parce que là, on est toujours quatre ou cinq, sans jamais voir les autres. Début juillet, si j’ai bien compris, on devrait pouvoir augmenter la capacité des groupes et commencer à refaire du collectif. Ça va être bien.

Pressé aussi d’investir le nouveau centre d’entraîneme­nt ?

Oui, bien sûr. Quand je passe tous les matins devant, j’y pense et je crois que ce sera déjà pas mal quand on pourra le visiter.

Cela vous permet aussi de mesurer le chemin parcouru ?

Maintenant, ça va faire presque cinq ans que je suis ici. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas tout ça. Le club effectivem­ent a bien évolué. Je crois qu’il le fallait. Avec ce nouveau centre, Toulon possédera un des meilleurs centres d’entraîneme­nt en Europe. C’est super.

Avez-vous douté d’une reprise possible ?

Il y a eu des doutes car on nous disait qu’on allait reprendre en juin, puis en juillet, puis en août. On s’est forcément posé des questions car c’est toujours compliqué de reprendre après une longue coupure. C’est un sport où il faut être prêt physiqueme­nt. Refaire simplement trois semaines d’entraîneme­nt et rejouer aurait été très compliqué…

Un voeu pour le rugby ?

J’ai envie que le rugby se porte bien, que les stades se remplissen­t à nouveau, qu’on retrouve des moments de partage avec les supporters, le stade Mayol. Et surtout que cette épidémie ne revienne pas car le rugby ne s’en relèverait pas et ce sera mieux pour tout le monde.

Cela peut-il marquer un nouveau départ ?

Je pense que cela aura quand même permis de remettre pas mal de choses à plat. Au niveau du sportif et de l’économie aussi. On voit que même les plus gros mécènes ont des difficulté­s. Il y a du bon qui pourrait ressortir de cette crise, mais on ne sait pas encore quoi. On verra ce qu’il se passera. Mais j’espère bien sûr qu’on préservera les mêlées !

‘‘ Ilyaeu quelques manettes...”

‘‘ Que les stades se remplissen­t ànouveau!”

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(Photo Valérie Le Parc) Anthony Etrillard, tout à sa joie de pouvoir rejouer bientôt après six mois d’arrêt complet.

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