Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Il est temps de prendre en compte la souffrance des soignants »
Dr Clarisse Audigier-Valette, pneumo-oncologue à l’hôpital de Toulon-La Seyne
Très attendu par les blouses blanches, qui s’apprêtent à manifester, ce mardi, le discours d’Emmanuel Macron a, au final, très peu évoqué le Ségur de la santé. Son discours à « prédominance économique » n’a pas échappé au Dr Clarisse Audigier-Valette, pneumo-oncologue, au Centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne. Elle a trouvé « l’expression très forte » que celle employée par le chef de l’État en début d’intervention sur la nécessité de « tourner la page du Covid » .« En tant que personnel de santé, il nous faut appréhender la reprise dans les meilleures conditions de sécurité pour les soignants et nos patients. Et comme l’a précisé le Président, cela ne signifie pas que la lutte contre l’épidémie est terminée ! Nous devons encore privilégier le port du masque en milieu confiné, et poursuivre le lavage des mains et la distanciation physique qui font maintenant partie de notre quotidien. Il est difficile de se dire que l’épidémie est derrière nous lorsque certains de nos départements d’outre-mer sont encore lourdement touchés et que les autres pays du monde sont encore en phase ascendante du nombre de cas et d’une importante mortalité », prévient-elle. « Face à une crise sanitaire sans précédent, l’hôpital public a su passer au-dessus de ses conflits de premier ordre et remplir sa mission principale qui est le soin. Il faudra savoir retenir les erreurs, et tirer les leçons du passé. La crise sanitaire du Covid-19 a montré la capacité du personnel soignant à se mobiliser et à rester soudé face à l’adversité d’un virus que nous ne connaissions pas. Il est temps de surfer sur cette vague et prendre en compte la souffrance des soignants dans l’exercice de leur métier, par le manque de revalorisation des salaires d’une part, mais aussi par le manque de moyens soumis à la tyrannie de la tarification à l’activité. »
Enfin, elle termine : « Par le Ségur de la santé, qui n’a été évoqué que brièvement, il mentionne tout de même un projet d’une organisation plus efficace et préventive et une revalorisation des professions de santé. Il sera important de ne pas diviser les soignants. Les difficultés du système de soins sont pérennes, depuis de nombreuses années, et faire porter la responsabilité de la décadence sur le seul gouvernement en place est exagéré. En revanche, le Covid-19 nous a mis au bord du gouffre, et le Président se trouve dans l’urgence de proposer une solution à l’ensemble des soignants pour sauver ce système dans la prise en charge des patients, quelles que soit leur classe et leur couverture sociale. »