Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Soudain, un déluge de pierres s’est abattu sur moi »

Alors qu’il randonnait sur les pentes du Faron, Michel Brodeur a été sérieuseme­nt blessé par des projectile­s tirés du sommet. Il souhaite que son témoignage permette d’éviter un drame

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Sa vie n’a peut-être tenu qu’à quelques centimètre­s. En cette aprèsmidi de mai, Michel Brodeur randonne sur un sentier de la face nord du Faron quand « un déluge de pierres » s’abat soudain au-dessus de sa tête. Passée l’hébétude, ce Hyérois habitué des pentes du mont toulonnais se réfugie contre la paroi pour analyser la situation. Il prend conscience qu’il ne s’agit pas d’un éboulement ordinaire. Les cailloux, de la taille d’une balle de tennis, sont visiblemen­t tirés du sommet du Faron, 130 mètres plus haut ! Et elles s’écrasent devant lui de façon continue.

Opéré en urgence

« De là où ils étaient, les tireurs ne pouvaient ni me voir ni m’entendre, estime Michel Brodeur. Je pense donc que ces jets n’étaient pas intentionn­els, mais plutôt une sorte de jeu pour eux. » Un jeu qui a bien failli tourner au drame. Profitant d’un moment d’accalmie, Michel sort de sa cachette. Mais la pluie de pierres reprend de plus belle.

Touché à la tempe par un éclat, le quinquagén­aire tombe à terre, groggy. Là, un deuxième projectile vient s’écraser lourdement sur sa main gauche. Rongé par la douleur, apeuré, ce médecin urgentiste de profession alerte alors un ami par téléphone et lui demander de prévenir les pompiers. Michel trouvera tout juste la force d’atteindre le chemin de l’Uba où il sera pris en charge par les secours. « J’ai été opéré à Sainte-Anne en urgence, raconte-t-il. J’avais des os broyés, des tendons sectionnés… On m’a prescrit 45 jours d’ITT. »À peine sur pied, Michel décide de porter plainte contre X. Une plainte restée sans effet, faute pour la police d’être parvenue à identifier les auteurs des tirs. Plus tard, un témoin dira seulement avoir aperçu trois joggeurs, à l’aplomb du sentier. Les coupables ?

« Il faut installer des panneaux »

Mais plus que justice soit faite, Michel Brodeur espère surtout, désormais, que son histoire permettra d’éviter qu’un terrible accident ne se produise à l’avenir. « En novembre dernier, la même chose est arrivée au Coudon à des grimpeurs, assure-t-il. Ça a fait grand bruit dans le milieu de l’escalade, que je connais bien. Dans le Verdon,

ce n’est pas rare non plus. Avec la fréquentat­ion en hausse des massifs, on assiste à une recrudesce­nce de ce genre de phénomènes et il est nécessaire de sensibilis­er la population. Il en va de la sécurité des randonneur­s et des passionnés d’escalade… » D’après Michel, une solution consistera­it ainsi à convaincre les pouvoirs publics de poser des panneaux de signalisat­ion sur la crête entre le zoo et le fort de la Croix Faron, pour rappeler l’interdicti­on des jets de pierre. « Il y a de la stupidité, c’est vrai, mais aussi un manque d’éducation. Expliquons simplement aux gens et à leurs enfants ce qu’ils ont le droit de faire ou non… » Dans les prochains jours, notre infortuné promeneur a prévu de solliciter la mairie de Toulon à ce sujet.

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L. Martinat) Michel Brodeur estime que c’est là, au pied de l’antenne située au sommet du Faron, qu’ont été jetées les pierres qui l’ont sérieuseme­nt blessé.(Photo

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