Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Faire du port un refuge pour les bébés poissons
Avec l’installation de dispositifs permettant aux juvéniles de grandir avant de rejoindre le large, la Chambre de commerce affiche ses ambitions en matière de « restauration écologique » de la rade
Recréer le cercle vertueux de la reproduction des poissons. Telle est la vocation des nurseries artificielles installées ces derniers jours sur les quais et sous les pontons du port de La Seyne. Avec ces dispositifs, la Chambre de commerce et d’industrie s’engage en faveur de la restauration de la biodiversité dans les ports de plaisance qu’elle gère dans la rade. La démarche vise même à l’obtention d’une nouvelle certification, début juillet, pour le port de plaisance de La Seyne. Dans le Var comme partout dans le monde, l’urbanisation du littoral impacte les fonds côtiers et entraîne progressivement la destruction des habitats marins, laquelle est considérée comme la première cause de perte de biodiversité sur la planète. Pour tenter d’inverser la tendance, le recours à des nurseries artificielles a déjà fait ses preuves, sur les littoraux comme dans les ports. Ces dispositifs, baptisés ReFish, entraînent en effet une augmentation assez rapide du nombre et de la diversité de poissons.
Des fibres végétales
Comment ça marche ? «Une fois immergées, les nurseries sont très vite colonisées par la flore et la faune locale. Elles permettent aux post-larves (sar, saupe ou crénilabre) de se nourrir et de se mettre à l’abri des prédateurs », explique-t-on à la CCI. Inspirés des herbiers de posidonie, le dispositif se compose de fibres en polymère végétal – et donc écologiques. Au fil du temps, la nurserie se concrétionne, par le développement de micro-organismes, comme sur la carène des bateaux. Et les juvéniles y trouvent leur refuge. Dans le port de plaisance de La Seyne, six dispositifs ont donc été installés au niveau du quai de la Marine, dix autres au niveau du quai Saturnin-Fabre, et dix autres sous la panne B (soit 26 au total). Désormais, il faut laisser la nature et le temps faire leur oeuvre. L’Ifremer, en charge du suivi scientifique des installations (via un partenriat avec la CCI), devrait effectuer six contrôles par an pendant quatre ans pour juger de l’efficacité des nurseries. A chaque passage, seront comptées et répertoriées les espèces de juvéniles qui s’y trouvent.
Audit Afnor en juillet
Reste que, sans attendre les résultats, la seule mise en place de ces ReFish peut générer un effet bénéfique. Le port de La Seyne, qui a déjà obtenu la certification ”ports propres”, peut désormais prétendre à nouvelle distinction. « Après l’installation des nurseries, indique la CCI, nous avons rendez-vous en juillet pour l'audit Afnor en vue de la certification “ports actifs en biodiversité”. Une vingtaine de critères seront passés en revue. Et si nous l’obtenons, cela attestera que la démarche engagée consiste bien à passer de la préservation à la création de vie dans nos ports ». 1. Critères liés à la maîtrise des impacts environnementaux, à la gestion des points d’eau et des déchets, à la sensibilisation du public, à la préservation de la biodiversité, etc.