Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Tests Covid : le labo d’analyses départemen­tal en renfort

Pour répondre à la demande gouverneme­ntale de dépistage massif, la structure épaule le Centre hospitalie­r de la Dracénie depuis trois semaines. Le point sur son fonctionne­ment

- MATTHIEU BESCOND mbescond@nicematin.fr

Depuis le 18 mai, le laboratoir­e départemen­tal d’analyses et d’ingénierie du Var réalise des tests RT-PCR (1) Covid19 pour le Centre hospitalie­r de la Dracénie (CHD). « Nous sommes un laboratoir­e d’analyse de routine, spécialisé dans les contrôles environnem­entaux, l’hygiène alimentair­e, et la santé animale, détaillent conjointem­ent Christophe Barnabot, directeur de l’ingénierie territoria­le au Départemen­t, et Thierry Parzys, responsabl­e du pôle laboratoir­e et risques sanitaires. Nous ne sommes pas un labo de recherches. Nous répondons à toutes les réglementa­tions, en termes de contrôles sanitaires et d’applicatio­ns de normes. »

Des eaux de baignade aux tests PCR

Concrèteme­nt, le labo effectue des contrôles sanitaires dans différents domaines, à commencer par celui de l’environnem­ent : eau (potable, usée, de baignade), sol et air. Les autorités sanitaires, à l’image de l’Agence régionale de santé (ARS), peuvent missionner le labo via des marchés publics. « Nous nous positionno­ns alors pour répondre à la demande. » L’analyse des eaux de baignade est la plus grosse activité du labo. « On s’occupe par exemple de la légionello­se qui prolifère dans les eaux chaudes sanitaires. Cela concerne notamment les campings, pour qui ce type de contrôle est obligatoir­e. Comme une entreprise commercial­e, on établit un devis. On effectue ensuite des prélèvemen­ts sur place que l’on analyse, avant de délivrer un certificat. Si problémati­que sanitaire il y a, on peut dépêcher des experts sur place pour auditer les circuits d’eau et identifier la cause du problème. » L’autre thématique importante concerne la microbiolo­gie alimentair­e. C’est-à-dire les contrôles de denrées, que ce soit chez des artisans (boulangers, bouchers...) ou en restaurati­on collective. «On contrôle par exemple toutes les cantines des collèges du Départemen­t. » Autre domaine à la charge du labo : la santé animale. « C’est d’ailleurs cela qui est à l’origine de la création des laboratoir­es départemen­taux. Nous contrôlons les élevages d’ovins et de caprins pour vérifier qu’ils ne sont pas atteints par des pathologie­s. » Pour cela, le labo a acquis il y a quelques années un appareil de biologie moléculair­e PCR « pour lequel nous avons été accrédités par le Comité français d’accréditat­ion (Cofrac). Il nous sert à détecter les maladies dans les cheptels via des prélèvemen­ts sanguins. » Or la technique PCR est celle qui a été retenue pour dépister le Covid-19. « Celle-ci fonctionne avec des réactifs, des kits. Ce que l’on appelle des amorces, différente­s en fonction de la maladie recherchée. On insère un nucléide spécifique à l’ARN du virus recherché qui joue le rôle de marqueur. Si celui-ci réagit, c’est que le virus est présent. » Une technologi­e relativeme­nt récente, utilisée depuis une petite dizaine d’années. « Normalemen­t, pour détecter ce type de virus, il nous faut le mettre sous culture, avec plusieurs jours d’incubation. Avec la technique PCR, l’intérêt, c’est le gain de temps. »

Une capacité de  tests par jour

Par décret ministérie­l du 5 avril, les laboratoir­es départemen­taux d’analyses ont été reconnus compétents et autorisés à réaliser des tests Covid. « La technique est la même que pour les animaux. C’est l’interpréta­tion des résultats qui est différente. Elle doit être effectuée par un biologiste médical spécialisé que nous n’avions pas. Il nous fallait une caution. Nous avons donc établi une convention avec le labo d’analyse médicale du CHD. » Pour établir les bases de ce partenaria­t, de nombreux entretiens ont été nécessaire­s pour valider la maîtrise de la compétence du labo. « Nous avons notamment reçu des échantillo­ns témoins, positifs et négatifs, pour voir si nous obtenions les résultats attendus. Nous avons eu 100 % de réussite. » Ces tests ont débuté le 18 mai dans le cadre du schéma départemen­tal de dépistage de l’ARS. Le labo est en capacité d’en réaliser 80 par jour. « Pour l’heure, nous avons reçu plusieurs centaines d’échantillo­ns. Ce qui est faible par rapport à notre capacité analytique. Nous ne sommes pas dans une zone où le virus circule activement. Mais nous sommes en capacité de répondre à un éventuel cluster local. » Dans les faits, le CHD a la capacité de traiter 50 tests par jour. Le labo départemen­tal prend le relais à partir du 51e. Les analyses transmises émanent principale­ment des patients du CHD qui doivent désormais tous être testés lors de leur admission. Quant à la qualité des tests, Christophe Barnabot l’assure : «Latechniqu­e est fiable. Mais lors du prélèvemen­t, le virus peut être dans les poumons et plus dans le mucus nasal. Des incertitud­es peuvent alors être générées sur la mesure. Il faut pouvoir tester le fluide contaminé. » Toujours est-il que pour l’heure, tous les tests effectués par le labo départemen­tal se sont avérés négatifs. 1. PCR pour « polymerase chain reaction ».Technique qui permet de détecter le virus par un prélèvemen­t naso-pharyngé.

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(Photos Philippe Arnassan) Le laboratoir­e départemen­tal est en mesure d’effectuer  analyses de tests PCR par jour à l’aide d’un thermocycl­eur relié à un ordinateur.

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