Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Municipales à Marseille : de possibles fraudes côté LR
Adeux semaines du second tour des municipales, la justice est venue bousculer la campagne à Marseille avec l’ouverture d’une enquête préliminaire sur de possibles fraudes aux procurations chez Les Républicains, qui tentent, derrière Martine Vassal, de conserver leur bastion. Deux jours après des révélations de l’hebdomadaire Marianne et de France 2 sur des pratiques de recueil de procurations qui ne respectaient pas les règles légales, la justice est passée à l’action. Une perquisition a eu lieu samedi matin au local de campagne de Martine Vassal, présidente LR de la métropole et du département et héritière du sortant Jean-Claude Gaudin.
Des éléments accablants ?
Les enquêteurs de la police judiciaire cherchent à caractériser de possibles « manoeuvres frauduleuses tendant à l’exercice irrégulier de votes par procuration » ainsi que des « faux et usages de faux », a précisé la procureure de Marseille, Dominique Laurens : «Lajustice fait son travail, elle vérifie si des infractions ont été commises et à qui les imputer ».
Sollicitée, Martine Vassal, dont la campagne est sérieusement bousculée, n’a pas souhaité commenter. Les éléments recueillis par France 2 et Marianne semblent en effet accablants : sur la base de SMS reçus par des habitants, les journalistes ont pu établir que des électeurs s’étaient vus proposer des procurations « simplifiées » sans avoir à se déplacer, « juste par téléphone », ce qui est interdit par la loi. L’enquête de Marianne révèle aussi un enregistrement d’une élue Les Républicains qui assure à un électeur : « Le commissariat nous poinçonne toutes les procurations qu’on leur amène ».
Vassal en difficulté
Avant même que la justice ne se saisisse, la préfecture a tenu à rappeler vendredi les règles électorales, qui imposent la présence de l’électeur « auprès d’une autorité habilitée » pour établir la procuration. Le préfet à également promis d’adresser « prochainement une circulaire aux élus » du département, les maires devant « s’assurer de la régularité des procurations ».
Longtemps considérée comme favorite, Martine Vassal a déjà eu l’amère surprise, en mars, d’être doublée par la candidate de l’union de la gauche, Michèle Rubirola (23,44 % des voix contre 22,3 %). L’équipe de cette dernière, qui a obtenu le ralliement des écologistes pour le second tour, estime voir confirmées ses craintes de « fraude », déjà exprimées et renforcées par des incidents dans des bureaux lors du premier tour. Signe de la fébrilité autour de l’enjeu dans la deuxième ville de France, qui n’a connu que trois maires sous la Ve République, des responsables politiques nationaux se sont aussi emparés du sujet. Le premier secrétaire du parti socialiste Olivier Faure a demandé au ministère de l’Intérieur « d’assumer l’entièreté de son rôle et de ses responsabilités pour assurer la parfaite tenue de ces élections ». Pour le Rassemblement national, Marine Le Pen avait dénoncé dès vendredi une possible « atteinte grave à la démocratie ». « Marseillais, sauvez la démocratie et mettez les tricheurs dehors ! », a lancé son candidat Stéphane Ravier, 3e au premier tour avec 19,45 % des voix.