Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Financemen­t du FN en 2012 : la justice tranche demain

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Le FN a-t-il escroqué l’Etat pour financer ses campagnes ? Le tribunal correction­nel de Paris doit rendre, demain, son jugement dans l’affaire des kits de campagne des législativ­es de 2012, une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquenc­es sur les finances du parti d’extrêmedro­ite. Au terme du procès en novembre, au cours duquel les prévenus avaient balayé les accusation­s, le parquet de Paris avait requis une amende de 500 000 euros contre le FN, devenu Rassemblem­ent national, tandis que l’avocat de l’Etat avait réclamé 11,6 millions d’euros de dommages et intérêts, suscitant la colère du parti. Tenant pour responsabl­e le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe, le RN avait dénoncé sur Twitter une « volonté de ces politicien­s de tuer le RN, plutôt que de le laisser gagner dans les urnes ! » Au-delà de la condamnati­on, cette somme, si le parti devait effectivem­ent s’en acquitter, viendrait en effet mettre encore un peu plus en péril les finances déjà exsangues du RN, qui vient à peine de trouver un « accord à l’amiable » avec son créancier russe pour rééchelonn­er le remboursem­ent d’environ 9,6 millions d’euros pour un prêt souscrit en 2014.

« Montage fumeux et prêts fictifs »

Pour le parquet, le parti s’est rendu complice de « montages fumeux » et de « prêts fictifs » qui visaient, selon lui, à « transforme­r une structure » - la société de communicat­ion Riwal de Frédéric Chatillon, proche conseiller de Marine Le Pen et homme central du dispositif - «enune machine à faire de l’argent » età « détourner de l’argent public de manière systémique ». Or, pour l’accusation, le FN a joué « un rôle de premier plan » dans la mise en place de ce système de kits tracts, affiches, site internet, prestation­s comptables... - vendus par Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, et fournis par Riwal. Ces kits « obligatoir­es », « identiques », « non-modulables », « surfacturé­s » ,cachaient, selon le ministère public, une manoeuvre frauduleus­e « pour constituer des fonds à partir des remboursem­ents prévus de l’Etat », qui couvre les dépenses des candidats ayant dépassé 5 % des voix. Les représenta­nts du parquet ont aussi appelé à sanctionne­r des opérations suspectes lors de la présidenti­elle de 2012 et d’autres campagnes électorale­s jusqu’en 2015. L’argument principal des prévenus ? La validation intégrale des dépenses des candidats par la Commission nationale des comptes de campagne en 2012. Pour eux, l’ordonnance de renvoi devant le tribunal des juges d’instructio­n Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi n’est qu’une « litanie d’incohérenc­es. » Réponse du tribunal correction­nel demain.

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