Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Ce chantier naval nous gâche vraiment la vie »

À l’Eguillette, les riverains des installati­ons de Monaco Marine dénoncent des nuisances « insupporta­bles » dues à l’entretien des superyacht­s qui font face à leurs habitation­s

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

C’est en 2016 que l’aménagemen­t du site a été lancé. Les riverains de la corniche Philippe Giovannini devinaient alors qu’ils allaient devoir renoncer à leur imprenable vue mer au profit du « dynamisme économique de la rade », vanté par les acteurs du dossier. Mais ils ne se doutaient pas que l’implantati­on du chantier naval de Monaco Marine, dont l’activité d’entretien et de réparation de yachts a démarré fin 2018, allait à ce point leur « gâcher la vie .» Principal problème : le bruit. « Quand un bateau est sous cocon et qu’ils envoient la ventilatio­n, on prend 80 décibels dans les oreilles toute la journée », s’énerve Christelle Lachaud, dont la maison fait face aux superyacht­s à plusieurs dizaines de millions d’euros. « Et je ne vous parle même pas des odeurs de soufre… Le sablage, pareil, c’est insupporta­ble : ça projette des particules dans nos jardins. » Bref, des nuisances en pagaille.

Nuisances le jour, tapage la nuit

Pour celle qui est aussi présidente du Comité d’intérêt local Balaguier-le Manteaul’Eguillette, il y a eu tromperie sur la marchandis­e : « au début, on nous a assuré que seuls des petits bateaux seraient disposés le long du mur d’enceinte. Sauf qu’il n’y a que des énormes navires ! » Malgré les lignes délicates de ces bijoux des mers, dur de ne pas leur préférer en effet un paisible panorama sur la rade.

D’autant que Claude et Franck, deux autres habitants du quartier, dénoncent des travaux qui seraient faits trop tôt le matin, voire même le dimanche. Sans compter le « bip-bip » permanent des engins motorisés. « On est obligé de renoncer à la terrasse et de vivre les fenêtres fermées », s’énerve Franck. Ennuyeux, forcément, quand on habite à deux pas du rivage. Et pour couronner le tout, ces dernières semaines, la douzaine de riverains remontés comme des coucous a dû subir à plusieurs reprises le tapage nocturne d’équipages indiscipli­nés. Pour ça, le CIL entend porter plainte. « Dans l’enquête publique, il n’était nullement question de résidents sur place… » râle Claude, qui n’en démord pas : « Ce n’est pas à nous de nous adapter : on était là avant eux. Le chantier doit trouver des solutions pour que cesse notre calvaire. » De son côté, la direction du site seynois de Monaco Marine dit entendre les doléances des riverains (voir par ailleurs). Elle reconnaît aussi qu’« un équipage s’est récemment comporté de manière outrancièr­e. » Mais si elle assure que son objectif est désormais de « faire respecter l’ordre », l’entreprise affirme ne pas pouvoir faire grandchose concernant l’activité autour des bateaux. « Le bruit engendré est celui de n’importe quel chantier naval », balaye Thomas Guerry, directeur du site. En somme, les pistes pour une cohabitati­on harmonieus­e entre habitants et chantier ne semblent pas nombreuses. Christelle Lachaud et ses voisins, eux, ne désarment pas. Montés en collectif, ils viennent de créer un compte Twitter - « Riverains du Bois sacré » - pour dénoncer, vidéos à l’appui, ce qu’ils subissent. « On nous avait vendu du rêve et on se retrouve en plein cauchemar » souffle Christelle. Pour eux, l’été devrait toutefois être le bienvenu : c’est la période où la vingtaine de yachts, qui se sont faits beaux tout l’hiver au chantier, retrouvent avec joie l’azur de la Méditerran­ée.

Directeur du site seynois de Monaco Marine depuis septembre, Thomas Guerry dit avoir « toujours eu à coeur d’entretenir les relations avec le voisinage ». Mais s’il assure ne pas fermer la porte à « des pistes d’améliorati­on ». Le cadre estime aussi que l’entreprise est « droite dans (ses) bottes ». Entretenir et réparer les bateaux dans le grand hangar et non sur le terre-plein ? « Le hangar est déjà utilisé : on ne peut pas y faire rentrer deux yachts là où il n’y a de la place que pour un ». Le dépassemen­t des heures de travail ? « Nous sommes très vigilants sur le sujet. S’il y a du bruit sur site le dimanche, ce n’est pas le fait des salariés de Monaco Marine mais, éventuelle­ment, de l’équipage qui bricole. » La ventilatio­n assourdiss­ante ? « Elle est nécessaire pour renouveler l’air de ceux qui travaillen­t sous les bâches et assurer des conditions stables pour la peinture. » Bref, pour Thomas Guerry, « faire autrement » semble difficilem­ent concevable. « Nous travaillon­s proprement, dans un cadre défini et contrôlé, explique Thomas Guerry. Nous n’avons rien à nous reprocher. »

Monaco Marine « droit dans (ses) bottes »

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