Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un chantier innovant pour requalifie­r l’avenue Decugis

Toute cette semaine, une usine mobile recycle l’enrobé endommagé et le restitue avec du liant. Un gain de temps et un plus environnem­ental pour l’une des plus belles avenues d’Hyères

- SYLVAIN MOUHOT

Dans les bouchons générés par les travaux de l’avenue Alfred-Decugis cette semaine, les automobili­stes ont tout le loisir d’observer une drôle d’usine mobile. Un train pour tout dire, vu la taille de l’engin, qui fraise l’enrobé endommagé, le malaxe à froid avec un liant 100 % végétal et le restitue sur la chaussée. Cette machine Wirtgen, de fabricatio­n allemande, est la seule du parc de matériel d’Eiffage Route sur toute la France. Arrivant de Vendée et avant de filer dans le Tarn, elle est à l’oeuvre pour la première fois sur la Côte d’Azur pour régénérer le bitume dans cette opération de requalific­ation de voirie pilotée par TPM, d’un coût de 2,55 M€. Dans la procédure d’appel d’offres, Eiffage Route est le seul prestatair­e à avoir proposé une variante environnem­entale, ce qui a pesé dans la balance avec l’économie générée (une fois et demie moins cher).

« Aucun apport d’énergie fossile »

L’usine mobile permet en effet de rayer de la carte la noria de camions habituelle­ment nécessaire pour évacuer l’enrobé usagé. « Alors qu’on rabote en temps normal sur 15 cm, ce procédé permet de ne retirer que 7 cm de bitume », explique Olivier Leroy, directeur d’Eiffage Route à Hyères, situé dans la zone industriel­le Saint-Martin. Un liant biosourcé à base de poix, résidu de l’industrie de la papeterie, est ajouté par émulsion. Objectif : régénérer les agrégats d’enrobé, recréer des liaisons, faire du neuf avec de l’ancien. « Il n’y a aucun apport de pétrole et d’énergie fossile, contrairem­ent à ce qui a toujours été fait dans les travaux publics », explique Julien Daurios, le conducteur de travaux du chantier. C’est la 4e fois seulement en France qu’est utilisé ce procédé de liant végétal par émulsion sur une si grande surface. Un calcul environnem­ental affirme que le procédé produit 150 % de CO2 et 85 % d’énergie en moins qu’un chantier classique. « Un autre avantage est le gain de temps : on fait 6 000 m2 par jour au lieu de 3 000 m2, ce qui réduit la gêne pour les riverains et les usagers de la route », explique Bernard Barale, ancien directeur des grands projets à Hyères, maintenant chef des infrastruc­tures de la Métropole.

Fermeture de nuit, fin juin

Résultat : l’usine mobile n’est utilisée que quatre jours pour traiter les 2 700 m de voirie (20 000 m2). Chaque soir cette semaine, la chaussée est rétablie en double sens alors que seule la circulatio­n dans le sens Hyères L’Ayguade est autorisée en journée. La semaine prochaine sera calme, de manière à laisser maturer le support, avant applicatio­n de l’enrobé de roulement par deux finisseurs de front. L’avenue Decugis sera fermée deux ou trois nuits, à partir du 29 juin. Une entreprise spécialisé­e a été consultée pour enfouir la fibre optique à plus de 2,50 m de l’alignement des arbres de l’avenue. Des pins essentiell­ement formant un remarquabl­e tunnel végétal, mais aussi des palmiers et des lilas. Aucun arbre n’a été abattu et le recours à une trancheuse de 50 cm, pour ne pas toucher les racines primaires, a permis de gagner de précieuses semaines. « Nous finirons dans les délais, fin juin, alors que la reprise du chantier a été retardée d’un mois en raison du confinemen­t », conclut Bernard Barale. Olivier Leroy souligne, lui, l’importance d’une reprise d’activité après plus d’un mois de chômage partiel pour les 120 personnes de son équipe.

Derniers travaux

Après l’enfouissem­ent des réseaux aériens et la pose de 56 candélabre­s (début juillet, pour éclairer les plus beaux arbres, les intersecti­ons et les 300 derniers mètres avant L’Ayguade), l’avenue Decugis aura un tout autre aspect, bordée de sa piste cyclable en stabilisé, sécurisée par des rondins de bois. À la rentrée (de septembre à décembre), la troisième et dernière tranche consistera à réhabilite­r le parking à l’entrée de L’Ayguade et finaliser le chantier.

 ?? (Photos Laurent Martinat) ?? L’usine mobile est utilisée cette semaine. Ci-contre, Olivier Leroy, directeur d’agence Eiffage Route à Hyères.
(Photos Laurent Martinat) L’usine mobile est utilisée cette semaine. Ci-contre, Olivier Leroy, directeur d’agence Eiffage Route à Hyères.

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