Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Deux cents arbres plantés par les écoliers depuis les incendies
Après l’incendie ayant ravagé 750 ha, la directrice de l’école Mme Alis a lancé un projet, en cours d’achèvement, de reboisement. Aujourd’hui, tout un village veille sur le « Chemin des arbres »
Trois ans et deux cents arbres après, le projet « Un enfant, un arbre » tel qu’il avait été initié par la directrice de l’école Muriel Alis prend fin. Tout d’abord, parce que l’enseignante prend sa retraite, après quarante-trois ans de carrière dont vingt-trois à Seillons. Ensuite, parce que son oeuvre est (quasiment) achevée. « Ne reste plus qu’à remplacer les pieds qui n’ont pas pris et à combler certains vides », se réjouit Mme Alis, devant un des tout premiers arbres plantés après les incendies de l’été 2017. Le robinier a bien grandi et il mesure 3,50 mètres.
Par petits groupes
Conséquences de la pandémie, les participants à l’opération viennent par petits groupes, depuis le déconfinement, effectuer leur travail de reboisement. Contrairement aux dernières années où la plantation s’effectuait lors de la Journée internationale des forêts, le 21 mars. Pas de quoi entamer la motivation de Mika, 4 ans, son frère, Lucas 7 ans et Rose, 4 ans, munis d’une pelle, d’un arrosoir et d’une pioche. Tout autour d’un creuset, ils s’apprêtent à remettre en terre un pied de frêne. Le travail s’effectue à six mains. L’un plante, le second arrose et la troisième rebouche le trou. L’arbre est d’ailleurs baptisé « Luromi », addition des premières syllabes de leurs prénoms. Un moment fort entre les jeunes jardiniers. « Ça fait du bien d’être dehors dans la nature et de s’occuper de la forêt », se réjouit Lucas, qui s’occupe également, dans son jardin et dans la serre familiale, de faire pousser des fruits et des légumes.
Une quarantaine de familles se relaient
Toutes les familles ne disposant pas d’un petit lopin de terre, « certaines prennent ici un grand plaisir à cultiver ce coin situé à la sortie du village. On peut même y venir à pied », précise la directrice. Au total, cette année, environ une quarantaine de familles ont répondu présent. La plupart sont des nouveaux arrivants sur la commune. Leur présence active est une manière de s’intégrer directement dans la vie quotidienne du village tout en contribuant au bien-être de l’environnement. Pour Julie, c’est même une forme de renaissance. « Lorsque nous avons quitté le Nord pour venir ici, nous avions essayé d’emmener avec nous les arbres plantés à la naissance de Lucas et Mika mais ça n’a pas été possible. Maintenant, ils en ont un. »
Arrosage hebdomadaire
Cyprès, érables de Montpellier, cistes, viornes obier, charme, cornouiller sanguin, troènes, mais aussi poiriers, prunelliers, noisetiers, les différentes essences portent une vignette mentionnant le prénom d’un enfant. Avec les fortes chaleurs, il faudra revenir régulièrement afin que les jeunes plants ne souffrent pas trop et passent l’été sereinement. « Des engagements ont été pris lors de l’inscription, commente Caroline, maman de Rose. On viendra arroser toutes les semaines jusqu’à l’automne ». Toute l’école et des partenaires (ONF, CCFF, municipalité, association Terragir, etc.) se sont mobilisés pour faire sortir de terre ce « Chemin des arbres », très emprunté car non loin du parcours sportif. Il est loin le temps où la directrice se sentait « démoralisée » par les incendies. La végétation reprend tout autour d’elle. Quelques troncs d’arbres, noircis par les flammes, témoignent du terrible événement. « Je reviendrai ici en tant que simple administrée. Parents, enfants, à bientôt sur le chemin des arbres », annonce la future retraitée à l’issue de la séance de jardinage en guise d’au-revoir.