Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’association Crésus cherche à renforcer ses rangs
La structure qui vient en aide aux personnes en situation de surendettement a besoin de sang neuf, notamment sur le secteur de la Dracénie. Entretien avec sa présidente Catherine Sias
Issue du secteur de la finance, Catherine Sias s’est engagée bénévolement, à l’heure de la retraite, au côté de la Chambre régionale du surendettement social (Crésus). Devenue présidente de Crésus Var – « je n’ai pas su dire non, je me suis embarquée dans l’aventure » –, elle revient sur le rôle de la structure face à une tendance accrue de paupérisation. Et lance un appel aux bénévoles sur le secteur de Draguignan, entre autres.
Quel est le rôle de l’association ?
Sur le plan national, Crésus existe depuis . Elle est organisée sous forme de fédération depuis . L’association Crésus Var a été créée, elle, en . Nous nous occupons des particuliers qui sont en difficulté financière, en situation d’endettement et de surendettement. Ceux qui n’ont pas la capacité de rembourser leur prêt ou qui ne peuvent plus payer leurs charges courantes. Notre mission est de les faire rebondir ou de les aider à résoudre leurs problèmes auprès de leurs créanciers, par l’intermédiaire de la Banque de France.
Quels sont les profils que vous rencontrez ?
À la création de l’association, nous rencontrions surtout des allocataires de minima sociaux et des familles monoparentales. Aujourd’hui, nous recevons tous types de salariés, dont des cadres moyens qui se retrouvent en difficulté, souvent à cause d’un accident de la vie : divorce, maladie... C’est un phénomène relativement récent qui existe depuis deux ans. Les personnes qui ont initialement une bonne situation ont tendance à investir dans l’avenir. Il suffit d’un grain de sable pour que la machine s’enraye. Elles commencent alors à faire des crédits renouvelables pour pallier les échéances qu’elles ne peuvent pas payer. Et c’est la spirale infernale. Mais nous recevons surtout des travailleurs précaires, des personnes qui ont plusieurs emplois, qui sont en CDD, en intérim... Voire des personnes qui travaillent mais dorment dans leur voiture... Globalement, la situation d’appauvrissement tend à s’accroître. Tout ceci s’inscrit dans un contexte de dégradation du climat social.
Allez-vous à la rencontre des personnes en difficulté ?
Non, ce sont elles qui viennent spontanément vers nous. Certaines nous sont adressées par d’autres structures : CCAS, assistantes sociales, point d’accès aux droits, etc. On procède alors àun diagnostic de leur situation financière et personnelle. En fonction de leurs besoins, on décide ensuite de monter un dossier de surendettement auprès de la Banque de France pour qu’elles puissent étaler leurs dettes. Ou on s’oriente vers la création d’un dossier de microcrédits, soumis à conditions, pour pouvoir rebondir et financer un projet.
Cela peut servir à prendre en charge une formation professionnelle, un déménagement, de l’achat d’équipements ménagers, etc. Nous les accompagnons alors pendant toute la durée du prêt pour éviter l’endettement.
Y a-t-il des spécificités particulières sur le secteur de Draguignan ?
À Draguignan, nos permanences se font aucentre JosephCollomb ( ). Sur le département, la zone de Draguignan est notre plus gros pôle, avec celui de l’aire toulonnaise. Nous recevons énormément de personnes en situation de surendettement ou en demande de microcrédit.
Quels sont les projets en cours de l’association ?
Nous sommes en train de développer un jeu de gestion de budget nommé « Dilemme ». Il s’agit d’une approche ludique, sous forme de questions réponses, autour de la gestion d’un budget. On y apprend les priorités à mettre en place, des astuces, les comportements à adopter par rapport à certaines situations financières. À Draguignan, nous l’avons beaucoup développé en collaboration avec les Unités territoriales sociales (UTS) du Département. Nous travaillons aussi autour des autoentrepreneurs. Actuellement, ils ne sont pas éligibles à un dossier de surendettement auprès de la Banque de France. Crésus se bat pour qu’ils puissent être pris en charge. C’est actuellement en discussion.
Quel regard portez-vous sur l’avenir ?
Nous avons besoin de bénévoles. A Draguignan (lire ci-dessous), mais pas seulement. Nous avons répondu à l’appel à manifestation d’intérêt pour la labellisation « Point conseil budget » lancée par le ministère des Solidarités et de la Santé. L’objectif de ces structures est de prévenir le surendettement et de favoriser l’éducation budgétaire. En somme, tenter de prendre en charge une situation compliquée avant qu’elle ne s’envenime. Pour cela, nous avons besoin d’une équipe dédiée, composée de ou bénévoles supplémentaires...
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Il suffit d’un grain de sable pour que tout s’enraye”
1. En raison de la crise sanitaire, les permanences se font uniquement le lundi matin, de 9h à 12h. Les horaires normaux reprendront en septembre. Rens : 06.09.97.33.48. - 06.09.97.55.90.