Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’ultimatum d’Hubert Falco
Le maire de Toulon a demandé fermement à Claude Joye et Mourad Boudjellal de trouver un accord sur la gouvernance du Sporting, d’ici à vendredi. Les négociations ont donc repris...
Vendredi. Tout est permis. Soit Claude Joye et Mourad Boudjellal trouvent un accord et le Sporting bascule dans une nouvelle ère. Soit les deux hommes se tournent le dos et le club retombe dans l’anonymat. Non sans conséquences... Hier, le maire de Toulon a donc encore souqué ferme afin de mettre un terme au long feuilleton. C’est lui qui a réuni, à l’Hôtel de ville, l’actionnaire majoritaire et l’entrepreneur. C’est lui, entouré de ses adjoints, qui a tenté de démêler le faux du vrai d’un dossier où chacun disait la sienne...
« La N, ce n’est plus possible »
Sauf que cette fois, face à Hubert Falco, les yeux dans les yeux, il n’y avait plus d’échappatoire. Et si, parfois, le ton est monté, l’arbitre a rapidement calmé le jeu. Rappelant notamment un contexte peu brillant pour le club, relégué en N2 après une triste saison... « Nous continuerons à faire des efforts - ce qui a un coût pour le contribuable -, si votre politique sportive est ambitieuse. » Claude Joye écoute. L’édile poursuit. « Un club de football doit être à la hauteur des ambitions de la ville. En N2, ce n’est plus possible. On a tout pour, au moins, évoluer en Ligue 2. » L’introduction est limpide. Le décor planté. La parade du patron du Sporting
- « Ne soyez pas inquiet sur notre projet sportif »-immédiatement écartée d’un tacle appuyé. « Si, si, je le suis ! Mais je pense que vous êtes deux personnes de qualité. Vous l’avez prouvé et notre volonté, c’est que vous parveniez à travailler ensemble. Je ne veux pas vous voir vous disputer, mais vous unir... » Sauf que subsiste un point de divergence, voire de désaccord majeur, entre les deux têtes de pont : la gouvernance. Boudjellal réclame les pleins pouvoirs. Joye lui refuse.
Le ton monte sur le RCT
« J’ai bien précisé qu’il fallait que j’aie la totale maîtrise des choses avance l’ancien président du RCT. Que ce soit clair, je ne viendrai au club que
dans ces conditions. Car je ne suis le sbire de personne. Et si je devais commettre des erreurs, notamment financières, j’en assumerais la totale responsabilité... » En clair, il prend la présidence, définit les politiques sportives et commerciales tandis que Claude Joye reste l’actionnaire principal, vu qu’il l’a répété : le Sporting n’est pas à vendre. Or ce dernier ne l’entend pas tout à fait de cette oreille.
« Je ne peux pas accepter. Il faut que j’aie quand même un contrôle sur telle ou telle décision. Je ne veux pas prendre de risques. Sans consultation préalable .» « Mais que craignez-vous donc ? » lui demandera alors Hubert Falco. « La destruction du club. Un trou de 18 millions d’euros, comme au RCT... » Jusque-là cordiaux, les échanges brusquement s’enveniment. Boudjellal menace de quitter la réunion. Le maire siffle la fin des hostilités.
Une deadline est actée
« Nous ne sommes pas là pour parler du RCT ! Mais Mourad Boudjellal a quand même porté le club tout en haut. C’est un fait. Alors pourquoi ne pas donner cette chance au foot ? Nous avons besoin de cette dynamique. Car, attention, nous ne mettrons certainement plus 500 000 euros pour jouer en N2. Alors, êtesvous enfin capables de travailler ensemble ? » Le climat s’apaise. « Je le pense » lâche Claude Joye. « Je veux le faire pour ma ville. Quitte à abandonner un énorme projet en Ligue 1 » embraye Mourad Boudjellal. « Il vous reste à trouver un accord sur la gouvernance tranche le maire. Dans la semaine. Vendredi, dernier délai. Si vous y parvenez, ce dont je ne doute pas, nous serons toujours derrière vous. Je m’y engage. » Dans le cas contraire, la municipalité risquerait fort de fermer le robinet à subventions. « Nous avons injecté des millions dans le club, ça suffit. Nous exigeons de l’ambition et des résultats. » La balle est désormais dans le camp des deux chefs d’entreprises. Avec les garanties apportées par la Ville - « tous ensemble, il ne peut rien nous arriver » -, en mettant un mouchoir sur les ego et en faisant primer l’intérêt général, peut-être que la Rascasse, trop longtemps entre deux eaux, retrouvera tout son éclat sur la scène varoise, puis nationale.