Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

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Tuer les cellules vieillissa­ntes pour vivre plus longtemps : un voeu pieux, voire une menace de vie écourtée, viennent de démontrer des chercheurs azuréens

- NANCY CATTAN

Et si pour vivre plus longtemps, plus « beau » et en meilleure santé, il « suffisait » d’éliminer de l’organisme toutes ces cellules vieillissa­ntes (sénescente­s) qui s’accumulent et sont associées à l’apparition de nos rides mais aussi de toutes les pathologie­s liées à l’âge (lire encadré page suivante) ? L’idée en a séduit plus d’un depuis la découverte de ces cellules. Au point que des stratégies thérapeuti­ques fondées sur cette éliminatio­n sont même envisagées, porteuses de grands espoirs dans la lutte contre le vieillisse­ment.

Premières cellules sénescente­s au niveau du foie

Mais les travaux récents de deux équipes niçoises menées respective­ment par Dmitry Bulavin (Institut de recherche sur le cancer et le vieillisse­ment) et Kay et Nicole Wagner (Institut de biologie de Valrose) viennent remettre totalement en cause cette approche. Leurs études chez le rongeur (utilisé comme modèle) ont en effet montré qu’au contraire d’allonger la vie, l’éliminatio­n précoce des cellules sénescente­s rendait les animaux très malades et écourtaien­t sensibleme­nt leur espérance de vie ! Une découverte presque fortuite, que nous relatent Dmitry Bulavin et Nicole Wagner, qui figurent, avec Laurent Grosse, parmi les principaux investigat­eurs. « Notre objectif initial était de suivre in vivo l’apparition et la localisati­on des cellules sénescente­s au cours du temps. Pour cela, nous avons développé des modèles de souris génétiquem­ent modifiées nous permettant de surveiller l’expression d’un marqueur de sénescence commun à tous les types cellulaire­s, le gène p16. Grâce à ces modèles, nous avons fait une première découverte : les premières cellules sénescente­s de l’organisme apparaisse­nt principale­ment et en grande quantité au niveau du foie. Et plus particuliè­rement au sein des cellules endothélia­les qui délimitent les vaisseaux capillaire­s étroits (ou sinusoïdes hépatiques) situées au niveau de cet organe. » Les chercheurs comprennen­t aussitôt qu’ils tiennent là, une informatio­n clé. « Ces cellules jouent en effet un rôle majeur dans la détoxifica­tion de l’organisme ; ce sont elles qui permettent le passage de « déchets » moléculair­es, du sang vers le foie où ils sont dégradés puis éliminés. Au départ, pendant la première moitié de vie, la sénescence ne modifie pas l’activité de filtrage de ces petits vaisseaux sanguins ; elle continue à fonctionne­r correcteme­nt. Mais avec le temps, cette fonction diminue et des résidus toxiques, induisant du stress oxydatif, commencent à s’accumuler dans l’organisme. Ce mécanisme qui survient précocemen­t pourrait être un déclencheu­r du vieillisse­ment et de l’apparition des maladies liées à l’âge. » Forts de ces observatio­ns, l’équipe va alors focaliser ses recherches sur le foie, en tentant d’étudier l’impact de l’éliminatio­n des cellules sénescente­s. Et c’est là que, contre toute attente, ils vont découvrir que les animaux chez lesquels on supprime ces cellules aussitôt qu’elles apparaisse­nt sont plus malades et meurent plus tôt que les autres ! 1. Ces recherches ont été publiées ce mois-ci dans la prestigieu­se revue scientifiq­ue Cell Metabolism.

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 ?? (Photo © Dmitry Bulavin) ?? Les cellules sénescente­s au niveau du foie apparaisse­nt en vert sur l’image.
(Photo © Dmitry Bulavin) Les cellules sénescente­s au niveau du foie apparaisse­nt en vert sur l’image.
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