Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Y. Kbaïer : « N’oublions pas que c’est une élection locale »

Engagé dans la campagne du 2e tour, Yves Kbaïer évoque les conséquenc­es locales de la crise du Covid-19 et souligne que son programme n’a pas varié

- PROPOS RECUEILLIS PAR S. MOUHOT smouhot@nicematin.fr

Troisième avec 14,50 % des voix au premier tour le 15 mars, Yves Kbaïer s’est qualifié pour le second tour de l’élection municipale à Hyères. Dans une triangulai­re, il sera confronté au maire sortant Jean-Pierre Giran et à Jacques Politi, le dimanche 28 juin. Yves Kbaïer avait quitté le groupe d’opposition de Jacques Politi dans le courant du mandat, pour rejoindre les bancs du groupe « Hyères Bleu Marine ». Non encarté au Rassemblem­ent national dont il a le soutien, il présente une liste composée pour un tiers d’adhérents du RN, un tiers de divers droite et un tiers de citoyens sans étiquette. De ce fait, la liste s’appelle « Alliances pour Hyères ».

Comment analysez-vous le résultat du er tour pour lequel vous êtes crédités de , % ?

Yves Kbaïer : L’abstention a eu de l’effet sur l’ensemble du vote et je ne suis pas le seul candidat à avoir été impacté. Mais j’ai l’impression que cette abstention a été majorée à notre égard, pour un résultat peu probant. C’est un score très insuffisan­t. Sans me fier au sondage qui me donnait à  % d’intentions de vote (), nous sommes bien en deçà de ce résultat.

Comparez-vous ce score à celui de Bruno Gollnisch six ans plus tôt?

Absolument, il avait fait un meilleur score avec , %. Étant personnell­ement implanté à Hyères, je pensais que notre résultat serait meilleur. C’était une stratégie d’ouverture et de neutralité du Rassemblem­ent national que de prendre quelqu’un d’ancré localement, non-dépositair­e de l’étiquette du parti. Je ne suis pas adhérent au RN, je ne l’ai jamais été et je ne souhaite pas l’être à l’avenir.

Le  mars, la participat­ion a été de  % seulement. Sera-t-elle l’arbitre du second tour ?

L’abstention massive a faussé clairement le résultat. Je ne suis pas devin, mais j’espère qu’il y a aura une participat­ion plus importante le  juin. Si la participat­ion est plus représenta­tive de l’électorat, on pourra dire que le vainqueur sera légitimé. Certains sympathisa­nts m’ont promis que cette fois ils se déplacerai­ent. Nous allons voir. Je pense qu’il vaut mieux voter maintenant plutôt qu’en septembre, le risque étant que les électeurs aient perdu tous leurs repères à la rentrée.

Au niveau local, quelles leçons avez-vous retenues de cette situation ?

Au niveau de la ville d’Hyères, il y a eu des choses bien faites comme les mesures d’accompagne­ment des commerçant­s et artisans. Ça tombait sous le bon sens, ça fait partie de la solidarité. Mais l’ouverture du centre Covid- a posé problème. Je l’assimile à un coup de com’. À partir du moment où ce centre n’était pas habilité à faire des tests, il ne servait à rien. Je l’ai dit au maire. Le centre était redondant avec les cabinets médicaux qui ont été désertés pendant deux mois. Mes pauvres collègues (médecins, Ndlr) étaient tout à fait aptes à gérer la crise.

D’ailleurs, ils l’ont gérée quand le centre a été fermé, faute de patients. On a vu que ça a quand même coûté  €.

Croyez-vous au monde d’après, aux nouvelles façons de raisonner, de se comporter, de consommer ?

En tout cas, je l’espère. Pendant  ans de médecine, je me suis rendu compte que les gens étaient de plus en plus malheureux. Qu’ils couraient après un précepte d’argent et de bien-être, mais qu’au contraire ils s’enferraien­t et allaient contre un mur. Cette crise du Covid a révélé quelque chose de simple : la vie est quelque chose d’extraordin­aire qu’on peut perdre du jour au lendemain. Le décompte du nombre de morts a généré une angoisse terrible et les gens se sont réappropri­é leur propre vie, c’est ce que j’ai constaté. On a vu une solidarité magnifique se révéler notamment dans les quartiers populaires. Des gens qui ne connaissai­ent pas leurs voisins ont échangé avec eux. Et pas que des paroles, mais de la nourriture, des médicament­s... Est-ce que ça va perdurer ? Je ne crois pas parce que la nature humaine reprend toujours le mauvais côté des choses. C’est une course effrénée, les gens en veulent toujours plus.

Comment avez-vous participé à cette période en tant que médecin ?

Je me suis porté volontaire auprès du conseil de l’ordre pour intégrer la réserve sanitaire. J’ai aidé volontaire­ment mes collègues dans une petite structure d’accueil de l’hôpital SainteMuss­e. Mais comme je suis âgé de  ans, j’ai été désigné sujet à risque et on m’a demandé de ne plus venir, six médecins ayant été contaminés.

Au regard de la crise du Covid, la santé et la sécurité sanitaire figurent-elles davantage parmi vos priorités ?

Tout à fait. Localement, je suis un fervent défenseur de l’hôpital d’Hyères puisque j’ai créé l’Associatio­n de sauvegarde de l’hôpital en . Nous avons eu   adhérents et malgré cela, les six lits de réanimatio­n ont été supprimés en raison de la politique destructri­ce de Mme Bachelot. Cette sauvegarde de l’hôpital figure bien sûr dans mon programme, mais aussi celle de la clinique et de tous les établissem­ents sanitaires ou médico-sociaux qui font la réputation internatio­nale de la ville d’Hyères. Je soutiens ces personnels qui font bien leur travail. Les crises sanitaires ne peuvent pas se prévoir de longue date, mais un minimum de mesures doivent être prises en prévention : organisati­on hospitaliè­re, stocks de masques et de tests Covid, mais aussi de pilules d’iode dont on a vu la pénurie à Toulon après l’incendie du sous-marin.

Quels sont les arguments qui pourraient engager les électeurs à voter pour vous le  juin ?

On a dit que j’ai des alliés encombrant­s sur ma liste. Je réponds que c’est moi qui les ai choisis, ce n’est pas le RN. Ce sont des Hyérois honnêtes, travailleu­rs, compétents et dévoués à leur ville. Je ne vois pas au nom de quoi ces gens ne pourraient pas siéger au conseil municipal. Ne faisons pas d’amalgame, n’oublions pas que c’est une élection locale. Je précise aussi que mon programme n’a pas changé d’une virgule depuis le début de la campagne. Les Hyérois doivent venir voter parce que, même si je ne gagne pas, je voudrais des conseiller­s municipaux. On ne peut pas laisser à un seul parti ou à une alliance qui ne nous convient pas, les rênes et le destin de la ville.

Votre première décision si vous êtes élu ?

Je ferai en sorte que mon équipe puisse mettre en place, de manière rapide et consensuel­le, le programme que j’ai écrit. 1. Allusion au sondage Ifop Fiducial pour Var-matin publié le 7 mars.

Demain dans Var-matin l’interview de Jacques Politi

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(Photo Laurent Martinat) Yves Kbaïer est à la tête de la liste « Alliances pour Hyères ».

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