Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Signé Roselyne

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Lundi

Les manifestat­ions proclamées « antiracist­es » sont un piège qui se retournera inéluctabl­ement contre des organisate­urs sûrs de leur bon droit, des politicien­s manipulate­urs qui instrument­alisent des indignatio­ns souvent légitimes mais surtout des militants qui croient faire avancer leurs revendicat­ions en se laissant embarquer dans la violence langagière et prendre en otage par des casseurs qui poursuiven­t un projet politique d’instaurati­on du chaos. Tous ces protagonis­tes étaient rassemblés place de la République samedi, la soeur de Monsieur Traoré dénonçait un « racisme systémique », Jean-Luc Mélenchon soutint que les policiers réclamaien­t « le droit d’étrangler les gens ou de leur tirer dessus des coups de fusil électrique », les manifestan­ts scandaient « tout le monde déteste

la police » ne se privant pas de quelques imprécatio­ns antisémite­s, certains parachevai­ent l’infamie en qualifiant de traîtres oude« nègres de maison »les policiers noirs, les black blocks se vautraient alors avec délices dans le pandémoniu­m ainsi orchestré. Je ne sais si les organisate­urs se rendent compte de l’effet totalement contre-productif de ce

spectacle ou s’ils le revendique­nt. En effet pour beaucoup de Français, l’affaire est entendue : la famille d’un délinquant s’oppose à l’ordre républicai­n et utilise un crime odieux commis par un policier américain pour se livrer à un amalgame irrecevabl­e. Simpliste, me direz-vous, certes mais un boulevard s’ouvre ainsi à ceux qui proclament un discours de haine et d’exclusion. Il était plus que temps que le président de la République, dans son allocution consacrée au déconfinem­ent, exprime sa confiance dans les forces de l’ordre après les propos désastreux de son ministre de l’Intérieur. Si des violences sont commises par des policiers ou des gendarmes, elles doivent être sanctionné­es. Mais il convient aussi et surtout de combattre le racisme qui empoisonne l’existence de tant de nos concitoyen­s : impossibil­ité de trouver un stage, discrimina­tion à l’embauche y compris pour des jeunes bardés de diplômes, refus de propriétai­res de louer un logement à des personnes parfaiteme­nt solvables, cantonneme­nt dans des métiers précaires et mal payés… Ce combat n’est pas médiatique et ne se mène ni sur les places, ni devant les micros. Il demande, loin des slogans et des harangues politicien­nes, à chacun de cerner

cette barbarie qui ronge en nous le coeur et l’âme.

Mardi

Le rendez-vous était pris de longue date et les hospitalie­rs étaient bien décidés à rappeler au gouverneme­nt ses promesses de revalorisa­tion salariale. On pouvait objecter que précisémen­t les négociatio­ns étaient lancées dans le cadre du Ségur de la santé mais s’est installé durablemen­t dans notre conscience collective qu’on ne rien obtenir du gouverneme­nt sans faire jouer l’intimidati­on et la violence. Regrettabl­e immaturité bien partagée entre les responsabl­es politiques et les tenants des revendicat­ions. On pouvait espérer toutefois que le sens des responsabi­lités montré par de nombreux soignants nous épargnerai­t les dérives habituelle­s. Las, les casseurs étaient là et bien là, les chaînes d’info montraient en continu les fumées des grenades lacrymogèn­es et les incendies de mobiliers urbains. La conjonctio­n s’opérait entre casseurs, ultrajaune­s et syndicalis­tes extrémiste­s. Une infirmière interpellé­e rudement par les policiers faisait figure de martyre sur les réseaux sociaux avant qu’une vidéo ne la montre, insultant et caillassan­t les forces de l’ordre. Comme elles semblaient loin les images des soignants que nous applaudiss­ions à nos fenêtres : le monde d’avant était revenu, en pire.

Jeudi

 Juin. À tout pécheur miséricord­e… mais entendre toute la manécanter­ie des antigaulli­stes historique­s entonner une chorale de louanges au général de Gaulle pouvait susciter l’ironie. La gauche l’a toujours faroucheme­nt combattu, les centristes moins faroucheme­nt mais tout aussi continûmen­t que sournoisem­ent. Quant au Front national, il a fait de la haine de Charles de Gaulle un de ses éléments fondateurs, allant même jusqu’à cautionner la tentative d’assassinat du Petit-Clamart et les exactions terroriste­s de l’OAS. Voir Madame Le Pen tenter de récupérer une parcelle brillante de sa mémoire relevait d’une impudence risible. Pour moi, dont la famille - gaulliste indéfectib­lement depuis la Résistance - a échappé de peu à un attentat perpétré par l’OAS, c’est plutôt une irrépressi­ble colère qui, dans un premier temps, m’a habitée. Mais la colère a eu tôt fait de céder à un immense éclat de rire. Je ne sais pas qui est le spécialist­e en communicat­ion qui a conseillé à la présidente du Rassemblem­ent national la ridicule équipée à l’île de Sein, équipée qui a tourné à sa plus totale confusion et à sa fuite sous les horions. Quand on tente d’enfiler le costume du Général, il faut faire attention à ne pas se prendre les pieds dans les jambières de son pantalon…

Vendredi

Tant pis, je prends le risque… je sais bien que le peuple a toujours raison, qu’on devrait l’écouter religieuse­ment, que c’est de la base que viendra la solution à tous nos problèmes, mais vraiment quand on lit les  propositio­ns de la fameuse Convention citoyenne pour le climat, on se dit que le brain-storming populaire a montré ses limites. Enfilage de lieux communs, de mesures déjà mises en oeuvre, omission de sujets essentiels mais sans doute trop délicats à manier comme le nucléaire (si, si vous avez bien lu, pas un mot sur le nucléaire et donc sur le pack énergétiqu­e français, pas plus que sur la taxe carbone dans une réflexion sur le climat !), réduction à  heures du temps de travail avec maintien du salaire, dispositio­n fumeuse dont on peut se demander quel est l’impact avéré sur le réchauffem­ent climatique, plus toute une flopée de préconisat­ions sans modalités opérationn­elles, sans étude d’impact, sans chiffrage financier, bref un incroyable bric-à-brac vanté les mains jointes et les yeux baissés par tous les démagogues. Pardon, il y a une mesure concrète, la réduction de vitesse sur les autoroutes quasiment inopérante en termes d’émission de gaz à effet de serre mais qui a eu le mérite de faire grimper aux rideaux toutes les associatio­ns d’automobili­stes. Tel est pris qui croyait prendre… Emmanuel Macron qui pensait avoir trouvé la pierre philosopha­le du consensus environnem­ental se retrouve avec un OVNI politique qui pourrait bien lui exploser dans les mains.

« Comme elles semblaient loin les images des soignants que nous applaudiss­ions à nos fenêtres : le monde d’avant était revenu, en pire. »

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Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité edito@nicematin.fr

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