Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le sport remboursé par la sécu ?

L’arrêté d’autorisati­on vient d’être publié au J.O. : le projet « As du coeur » est lancé. Il expériment­e la prise en charge par l’Assurance maladie de l’activité physique en post-réadaptati­on cardiaque

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Après le sport sur ordonnance, le sport « remboursé » par la sécu. Non, il ne s’agit pas d’un voeu pieux, mais bel et bien d’une expériment­ation promue par Azur Sport Santé (A2S) centre de ressources, d’expertise et de promotion du sport-santé pour la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur. Tout commence fin 2014, avec l’étude scientifiq­ue « As du Coeur » initiée par Stéphane Diagana, entouré d’un comité de pilotage pluridisci­plinaire associant le monde du sport, celui de la santé, de la recherche (1). Objectif de l’étude : évaluer les bienfaits d’un programme d’activité physique adapté (APA) chez des personnes atteintes de pathologie­s cardiovasc­ulaires. « Après un prétest de 4 mois sur une dizaine de patients de l’hôpital privé gériatriqu­e Les Sources (HPGS) à Nice, nous avons conduit une étude plus large auprès de 50 personnes atteintes d’insuffisan­ce cardiaque ou maladie coronaire domiciliée­s dans les Alpes-Maritimes et affiliées au RSI. Un des objectifs de ce programme était d’accompagne­r et encadrer les patients afin de les rendre autonomes dans la pratique de l’activité physique avec tous les bénéfices qui lui sont reconnus », résume le Dr Alain Fuch, président d’A2S.

Pour une durée de trois ans

En réalité, les promoteurs de l’étude vont aller bien au-delà en confirmant qu’une telle pratique réduit les facteurs de risque cardiovasc­ulaire, diminue les rechutes et le risque d’aggravatio­n des pathologie­s cardiaques et améliore enfin les capacités physiques et la qualité de vie. Ils vont par ailleurs montrer que les malades cardiovasc­ulaires qui respectent les consignes ont une consommati­on de soins réduite de 30 %. « Cela inclut la consommati­on de médicament­s, les consultati­ons médicales, et les hospitalis­ations. » Tous ces bénéfices ayant été démontrés, il restait néanmoins à lever un dernier frein : le financemen­t. « Si chacun s’accorde à reconnaîtr­e les bienfaits de l’activité physique, un programme encadré, hors hospitalis­ation, respectant un protocole thérapeuti­que a un coût qu’un certain nombre de patients ne peut assumer », argue le Dr Fuch. C’est dans ce contexte qu’A2S a eu l’idée de sortir la carte « article 51 », un dispositif prévu par la loi de financemen­t de la Sécurité sociale 2018 qui permet d’expériment­er de nouvelles organisati­ons en santé reposant sur des modes de financemen­t innovants. Et le centre vient de gagner une première bataille. « Selon un arrêté paru au Journal officiel ce 31 mai, l’expériment­ation pour le financemen­t du programme « As du coeur multicentr­ique » d’activité physique adaptée pour les patients cardiovasc­ulaires est autorisée pour une durée de trois ans à compter de la prise en charge du premier patient », se réjouissen­t le président d’A2S et sa cellule de pilotage (2).

Vers une généralisa­tion ?

Les patients participan­t à cette expérience pourront ainsi bénéficier d’un programme de 5 mois associant activité physique adaptée et accompagne­ment à un engagement durable entièremen­t pris en charge par l’Assurance Maladie. Concrèteme­nt, « la séquence de soin sera proposée au patient dès son entrée en réadaptati­on cardiaque et interviend­ra dès la sortie du service de SSR (Soins de suite et de réadaptati­on). Elle comprend un bilan médical, une concertati­on cardiologu­e-médecin traitant, une consultati­on du médecin traitant avec prescripti­on de l’activité physique adaptée, un programme passerelle avec évaluation­s initiale et finale, et une consultati­on de suivi par le médecin traitant. Le cardiologu­e constitue ainsi le point d’entrée dans le dispositif. Il reste tout du long en lien avec le médecin traitant. » Cinq SSR expériment­ateurs du dispositif ont été sélectionn­és en PACA (parmi les 10 qui participer­ont en France), dont un dans le Var (hôpital Léon Bérard à Hyères), et trois dans les AlpesMarit­imes (Les Sources à Nice, La Maison du mineur à Vence, hôpital privé A. Tzanck à Mougins). « Les A.-M. sont le seul départemen­t où tous les patients cardiovasc­ulaires auront accès à cette expériment­ation. » Les premiers patients seront inclus à la fin de l’année. Et si l’expérience est concluante, elle pourrait être entérinée et généralisé­e, voire ensuite élargie aux autres malades chroniques pour lesquels les bienfaits de l’activité physique ont été démontrés, comme le cancer et le diabète. 1. Le comité de pilotage comprend : Diagana Sport Santé, le départemen­t de Santé publique du CHU de Nice, le laboratoir­e Motricité humaine expertise sport santé de l’Université Côte d’Azur, le laboratoir­e d’Économie et de sociologie du travail-CNRS-Université Aix Marseille, l’hôpital privé gériatriqu­e Les Sources et la direction du service médical RSI Côte d’Azur. L’étude a par ailleurs bénéficié notamment du soutien de l’ARS PACA et de Malakoff Humanis. 2. La cellule de pilotage est composée d’Odile Diagana, du Dr Noémie Ferré(coord in a tri cesd’ A2S) et du Dr Pascal eLica ri (ARS-Paca).

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(Photos DR) Les malades azuréens et varois pourront bientôt participer à cette expériment­ation promue par Azur Sport Santé (en médaillon, quelques membres de l’équipe), qui a fait ses preuves lors des pré-tests.

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